Jeudi dernier, l'Union Régionale du Travail de Ben Arous organise un séminaire pour les cadres de la région en vue de discuter, principalement, de l'évolution de la situation à l'usine « Léoni ». Les quelques six cents ouvriers observent toujours leur sit-in face aux menaces de fermeture et de transfert de l'établissement, les syndicalistes les représentant viennent les conforter et appuyer leur action revendicative militante d'une manière tout à fait inconditionnelle contre ce qu'ils appellent l'arbitraire et l'insouciance de l'employeur. Le secrétaire général de l'Union Régionale, Mohammed Ali Boughdir, rappelle que Ben Arous est une grande zone ouvrière où l'agitation est constante et que malgré cela, la partie syndicale n'exécute en moyenne que 10% des décisions de grève, ce qui montre à l'évidence sa disposition au dialogue et sa préférence des solutions à l'amiable. Il réitère, par ailleurs, la détermination des syndicalistes de l'UGTT à lutter contre la sous-traitance et à œuvrer à sa suppression dans les plus brefs délais.
L'escalade
Concernant l'usine « Léoni », le secrétaire général précise que si, aujourd'hui, le jour de la réunion avec l'inspection de travail, toutes leurs revendications ne sont pas satisfaites, ils adopteront des formes militantes plus évoluées dont évidemment la grève du 29 du mois en cours. Et pour souder et unir les ouvriers et donner de la force à leur mouvement, il n'a pas manqué de leur rappeler qu'il n'existe pas de travailleurs islamistes et d'autres qui sont de gauche, qu'ils ont une seule appartenance sociale et qu'ils forment tous une même entité défendant les mêmes intérêts contre un patron spoliateur.
Une participation massive
De son côté,le secrétaire général du Secteur des Métaux et de l'Electronique de Ben Arous, Mohsen Khalfaoui, nous apporte quelques précisions révélatrices. « 90 entreprises regroupant 30 mille ouvriers s'inscrivent dans ce mouvement revendicatif, affirme-t-il. Le nombre des cadres syndicalistes est estimé à 500 répartis sur 90 syndicats de base représentés chacun par deux de ses membres pour leur donner plus de présence et les impliquer plus sensiblement dans cette action commune. La participation de tous ces cadres est répartie sur trois jours, jeudi, vendredi et lundi prochain, à raison du tiers chaque fois, ajoute-t-il ».
Avant de clore l'acte 1 du séminaire des cadres, le secrétaire général de l'Union Régionale, évoque la question de la Coopérative Ouvrière du marché du gros où « des saboteurs tentent d'infiltrer le conseil d'administration pour le récupérer, prétend-t-il », et rappelle le jugement rendu la veille par le tribunal de première instance désignant un administrateur judiciaire, ce qu'il considère comme une instrumentalisation de la justice. Après ces informations et éclaircissements, il quitte les lieux et prend la direction du marché du gros.
Un argument pas convaincant
Nous suivons ses pas pour recueillir plus de détails, et là, nous rencontrons le président du Conseil d'Administration, Ahmed Bou Oun qui, avant d'aborder la situation actuelle, nous rappelle un peu l'historique de cette institution et ses tâches, c'est-à-dire son domaine d'intervention. Elle est créée au temps des coopératives, en 1961, et s'occupe des services assurés par la main d'œuvre au sein du marché du gros. Le problème, précise-t-il, surgit au début de l'année et précisément au mois de février lorsque, pour la tenue de son assemblée générale en vue du renouvellement de ses membres, le Conseil voit toutes ses demandes réitérées pour avoir une salle refusées et motivées toujours par le même argument : il n'y a pas d'espace suffisant pour accueillir le nombre très important des corporatistes, un argument pas convaincant du tout, selon Ahmed Bou Oun. Donc, l'assemblée générale est ajournée et ce malgré l'accomplissement de toutes les dispositions relatives à sa tenue comme les listes des candidats et la solution proposée par le Conseil de lui accorder la grande salle de l'Association des Colonies de Vacances comme à l'accoutumeé.
Une pétition sur blanc
Le jugement décidant de la dissolution du Conseil d'Administration est rendu sur la demande de quelques membres « manipulés par une partie politique qui n'aime pas voir notre institution être gérée démocratiquement et réaliser des réussites à tous les niveaux, fait remarquer Abdessattar Lahzami, membre du Conseil. Ces agents d'exécution, continue-t-il, saisissent le tribunal sur la base d'une « pétition sur blanc », étant donné qu'elle ne contient pas de texte, mais uniquement une liste de noms répétés et d'autres d'emprunt dont les auteurs n'appartiennent pas au secteur, ce qui ramène leur nombre réel à 270 contre 1000 défendant avec ténacité leur Conseil d'Administration et les premières manifestations de cette détermination sont les deux sit-in observés pendant les nuits de mercredi et jeudi derniers et ils menacent de fermer carrément le marché de gros s'ils n'obtiennent pas gain de cause, affirme le membre du Conseil ».
Aucune des deux parties au procès n'est satisfaite, ni la coopérative ouvrière bien sûr, ni même les « pétitionnistes » qui réclament la préparation d'une assemblée générale par l'administrateur judiciaire désigné qui n'est chargé, en fait, que de la direction administrative et financière de l'établissement. Les membres du Conseil, de leur côté, s'opposent catégoriquement à ce verdict et comptent interjeter appel dans les jours qui viennent.