Parmi les œuvres publiées au lendemain de la Révolution du 14 janvier 2011, on peut citer le livre «Notre Révolution entre la raison et la conscience» de Souad Kamoun Chouk, paru à la Maison Souhnoun d'Edition et Diffusion. Le livre comporte 210 pages et se divise en trois parties dont chacune est subdivisée en plusieurs chapitres. Il est doté d'une préface écrite par Dr Tahar Laâmouri, spécialiste en psychologie. Les toutes dernières pages présentent une liste en trois langues (arabe, français, anglais) des ouvrages de référence auxquels l'auteure s'est rapportée.
Dans « Notre Révolution entre la raison et la conscience », l'auteure adopte une approche à la fois sociologique, psychologique, historique et politique dans son analyse de cet événement historique en s'appuyant sur une citation de Ibn Khaldoun dans laquelle il fait la comparaison entre la population urbaine et la population rurale, en affirmant que les gens de la campagne qui passent pour être très fermes, très courageux et très solidaires, sont toujours prêts à défendre leurs biens et leur existence contre tout danger éventuel venant de l'extérieur, alors que les habitants de la ville sont plutôt portés à une vie mondaine, laxiste, aisée, individualiste et sont connus pour leurs mœurs dissolues et relâchées. Ce n'est pas par hasard, explique l'auteure, que l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi un certain 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid enclencha l'étincelle de la révolte qui embrasa tout le pays, alors que quelques mois auparavant, le 03 mars 2010 un jeune de la ville de Monastir, Abdessalem Trimich, s'est immolé également par le feu et pourtant l'incident est passé inaperçu, n'ayant suscité aucun signe de soutien parmi la population urbaine de cette ville. C'est tout simplement parce que Bouazizi est de Sidi Bouzid, région défavorisée sur tous les plans et que Trimich est de Monastir, ville côtière et touristique où les habitants vivent à l'abri du besoin. Cela rejoint la thèse de Ibn Khaldoun qui dit que les ruraux ont toujours été plus courageux et plus inclinés à se solidariser pour le meilleur et pour le pire, quitte à recourir aux armes contre l'ennemi.
Ce livre est né le 14 janvier 2011, peut-on lire à la quatrième de couverture, et a pris forme avec les événements successifs de la Révolution qui, étant incitée par la conscience, a besoin de la raison afin de construire un nouveau système qui réponde aux attentes du peuple. De par les analyses historiques, ce livre vise à retenir les moralités de l'histoire, à cultiver politiquement le lecteur et le prémunir contre les risques de déviations dans sa pratique de la démocratie, à inciter le citoyen à prendre part efficacement dans l'édification de la démocratie en Tunisie. De ce fait, le livre prend une dimension pédagogique dans la mesure où il instruit les nouvelles générations à valoriser et défendre les principes et les idéaux de cette révolution et, partant, de la protéger contre tous les dangers qui nous guettent de toutes parts. L'auteure appelle les citoyens à être au diapason de tous les
courants politiques afin de comprendre les enjeux électoraux et à participer effectivement au processus démocratique dans le cadre du respect mutuel, de la liberté d'expression et du choix politique. Dans la dernière partie du livre, Souad Kamoun Chouk s'attelle à montrer les défis du futur et les devoirs à accomplir, en se basant sur l'apport de tout un chacun, sans exclusion et en privilégiant le dialogue, pour créer le changement et mener à bien cette révolution, ce qui suppose une « révolution » dans les mentalités et les comportements.