Ettakatol prépare une nouvelle consultation 2ème séance de travail, demain, entre la présidence du gouvernement et les représentants du secteur
Une évidence absolue et une certitude inébranlable à travers toutes les époques : la liberté de la presse est à la base de toutes les libertés et un pilier indestructible contre lequel viennent se briser les pires dictatures. La situation des médias n'intéresse pas uniquement ceux qui y exercent, qu'ils soient journalistes, techniciens ou administration. Elle interpelle également l'opinion publique, les partis politiques et la société civile. Dans ce sens Ettakatol organise prochainement une conférence qui traitera les problèmes du secteur de l'information.
Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol a déclaré au Temps que la position de son parti est favorable à l'activation de l'Instance Nationale de Réforme de l'Information et de la Communication (INRIC). Il pense que la décision de suspendre l'activité d'une chaîne de télévision ne peut être prise que par la justice. Il n'appartient à aucun parti politique ni au Gouvernement d'interdire la diffusion d'une chaîne de télévision ou d'une radio. « Une nécessité impérative les instances chargées de l'information doivent être absolument indépendantes. Elles doivent gérer le secteur. Une instance indépendante formée d'experts doit dresser des rapports objectifs, responsables et impartiaux sur les espaces consacrés aux partis politiques pour assurer l'équilibre », dit-il. Il ajoute qu'il ne revient pas aux partis politiques, ni au pouvoir exécutif de nommer les responsables des médias. « C'est la raison pour laquelle nous sommes solidaires des hommes et femmes de médias dans leur combat et leur mouvement de contestation. On ne peut mettre tous les intervenants dans les médias dans le même sac. Ils sont les plus avisés à connaître ceux qui collaboraient avec l'ancien régime et ceux qui en souffraient. Il faut confier le secteur de l'information aux mains de ses hommes et femmes ». La philosophie d'Ettakatol est que « la liberté de l'information précède le pluralisme politique. Le pluralisme politique ne peut réussir sans une information libre et crédible », dit-il. « L'information ne peut être libre si les hommes politiques la domestique. C'est aux journalistes de nous critiquer, sans que cela nous froisse », précise le porte-parole d'Ettakatol. Il ajoute « dire qu'on est bien et que les médias sont contre nous, est une erreur. En démocratie, il faut jouer le jeu, assumer et admettre en toute largesse d'esprit, l'avis contraire. On n'accepte pas qu'une tierce partie étrangère essaye de dominer l'information », dit-il.
Jalel Bouzid d'Ettakatol, rappelait dans le studio « La Constituante », que son parti a soutenu tous les mouvements de contestation à cause des réserves sur certaines nominations et la lenteur du gouvernement dans la présentation d'une vision pour réformer le secteur de l'information en général et celui de l'audio-visuel en particulier. « Vingt mois après la Révolution du 14 janvier, la liberté d'expression n'est pas encor structurée », dit-il. « Le secteur doit s'autoréguler », affirme-t-on à Ettakatol. Une première conférence a été organisée par ce parti, il y a un mois et demi. La deuxième consultation aura lieu prochainement. Des propositions sont concoctées pour mettre en application les décrets 115 et 116. « Des aménagements peuvent être faits pour améliorer le texte », dit-il en ajoutant « nous pensons que les prérogatives de l'instance de régulation doivent se limiter aux fonctions traditionnelles comme l'octroi des autorisations. Nous sommes favorables à une formule participative qui génère une aire libre, indépendante et des espaces d'expression plurielle ».
On ne peut jeter les fondements d'une vraie démocratie sans avoir une information libre.
Par ailleurs, aux dernières nouvelles, une deuxième séance de travail se tiendra lundi prochain, au siège du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle entre la présidence du gouvernement et les structures représentant le secteur de l'information. Selon un communiqué rendu public hier, par la présidence du gouvernement cette réunion s'inscrit dans le cadre de la poursuite des séances de concertation convenues le 23 août à La Kasbah entre la présidence du gouvernement et ces structures. On s'attend à la participation de Néjiba Hamrouni, présidente du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), Nébil Jemour président du Syndicat de l'information et de la Culture relevant de l'UGTT, Taïeb Zahar, président par intérim de l'Association des Directeurs des Journaux et Amel Mzabi, présidente du Syndicat des établissements médiatiques.
Ces rounds de débats et discussions que ce soit avec le gouvernement ou à l'intérieur des partis se mueront-ils en des concertations fructueuses pour dégager enfin un consensus permettant une sortie honorable pour toutes les parties prenantes et garantir aux médias ce qu'ils ont de plus chère leur liberté ?