Hamdi Meddeb doit s'armer de patience et de stoïcisme même, pour sortir l'Espérance du gouffre. Et, déjà, en cinq jours, il découvre un abîme abyssal entre les traditionnelles prétentions d'un club de cette envergure et la réalité, la valeur dérisoire d'un effectif obsolète, avec des joueurs prêtés par-ci et par là, d'autres recrutés on ne sait trop pourquoi ni à quelle affectation (l'équipe A ou l'équipe B) et bien sûr, ceux dont on croyait qu'ils allaient apporter le plus et qui, finalement, l'apportent, mais au profit de l'adversaire. L'Espérance croule sous le poids des charges, sous le poids des dettes, des arriérés et de cette ardoise au rouge, (500 mille dinars) chez une banque de la place. Par où commencer, donc ? Par les finances, bien sûr, mais, en même temps, par une meilleure allocation des ressources du club et, inévitablement, par une grande lessive. A l'évidence, on avait pris l'Espérance pour la poule aux œufs d'or.. Et voilà où elle en est aujourd'hui. Peut-être, la victoire sur Al Ahly du Caire, a-t-elle leurré les Espérantistes. Un piège, oui, un piège insidieux que posait un destin ricanant à une équipe qui n'a gagné que sur un sursaut d'orgueil. Mais, cela ne suffit pas en football : c'est même dérisoire. Car, tout de suite après, l'équipe « réassumait » ses avatars criards de ces derniers mois et qui se sont, donc, vérifiés à Béja. Bien sûr, on ne s'attendait pas et Hamdi Meddeb, surtout, ne s'attendait pas à une telle déconfiture. Surtout qu'à la veille, le rival étoilé, montrait l'aisance insolente d'une équipe déjà loin, sur orbite. Mais le chemin est encore très long et le travail qui attend le nouveau président et ses adjoints est pour le moins titanesque. En cette période de hautes turbulences, le club n'a pas besoin d'intox. Avant l'assemblée, on a parlé d'un désistement d'un million 800 mille dinars pour la trésorerie du club : où sont-ils ? Pourquoi ne sont-ils pas comptabilisés ? Pourquoi prive-t-on le généreux donateur d'une auréole pour la postérité ? L'imagerie populaire voyage allègrement à travers ces fantaisies qui font, parfois, le charme surréaliste des grands clubs. Mais, elle a aussi, besoin d'un exutoire, d'une purgation des passions. A Béja, c'est le pauvre Letifi qui a été descendu en flammes, car cette frange du public espérantiste a, délibérément, oublié qu'on avait tout fait pour lui montrer la sortie... Et maintenant qu'il revient, voilà qu'il est conspué comme un « traître ».