Les chamailles et tiraillements politiques n'ont fait qu'ensevelir le secteur économique dans sa totalité dans un gouffre dont il devient difficile de ressortir tellement les antagonistes deviennent inconciliables. Les ténors politiciens ne raisonnent pas et ne réfléchissent pas intérêt national. Au terme de la fin de la deuxième phase transitoire, le désir ardent d'accéder au pouvoir accentue leur myopie et l'emporte sur tout autre considération sagace à délaisser ne serait-ce qu'un bon bout de temps la course effrénée vers le pouvoir pour se consacrer au redressement de la situation sociale et économique du pays. Les évènements de grande gravité survenus jeudi dernier à Tataouine sont des indices alarmants qu'au cas où ça persiste ne pourront qu'entraîner le pays à une tragédie dégénérant en une guerre civile.
De prime à bord, rappelons que dans les dernières campagnes électorales, en prélude aux élections du 23 octobre 2011, nous avons mis l'accent sur nos colonnes que pratiquement aucun parti politique n'avait proposé un programme économique et social consistant (Ni Ennahdha, ni le PDP), digne de la Révolution et en harmonie avec les attentes des Tunisiens. Du fait, les partis politiques de l'extrême droite à l'extrême gauche ont mal engagé la partie. D'ailleurs et en dehors des accusations réciproques et des surenchères politiques, aucun parti ou mouvement d'opposition n'a présenté son plan d'actions immédiat à même de faire sortir l'économie nationale du sarcasme. Que des slogans stéréotypés et stériles. Entre temps, la situation économique se détériore insidieusement. Les économistes, professionnels et experts sonnent l'alarme alors que le gouvernement provisoire et comme « aux vieux mauvais temps » bouchent ses oreilles devant toute voix opposante.
Ainsi, un dialogue de sourds départage gouvernants et gouvernés. Le gouvernement Jebali s'accommode bien de gérer à sa façon les affaires pour se contenter et se leurrer d'une autosatisfaction menant irrévocablement à une stagnation latente en croyant bien faire de mettre en avant les pâles progrès économiques tout en reprochant aux médias de ne pas mettre en exergue ces avancées, notamment la réalisation d'un taux de croissance de 2,1% et le repli du taux de chômage à 17,6%. D'où la nouvelle connotation « I3lem el 3ar ». Les médias deviennent la cible la mieux indiquée, privilégiée même pour escamoter, camoufler les errements, les tâtonnements du gouvernement allant jusqu'à appeler au boycott des organes de presse et médias dites, des forces contre-révolutionnaires. L'accusation des journalistes devient une échappatoire chez certains membres de la Troïka.
En effet il ne revient pas aux médias d'arrêter des stratégies permettant : d'alléger les pressions inflationnistes, d'alléger le déficit commercial, de contenir le déficit budgétaire, de réduire les inégalités régionales (le duo investissement/emploi), d'assurer une politique d'emploi efficace, efficiente et équitable, de stimuler la production et la productivité, de booster l'appareil de l'exportation, d'éviter le crash du système bancaire tunisien, d'endiguer les pressions inflationnistes, de stabiliser le dinar tunisien... ? Les médias ont-ils la capacité et les outils nécessaires pour supplanter et lancer un plan de sauvetage économique adéquat ?
La résolution des problèmes économiques ne peut avoir lieu qu'en instaurant un climat propice aux affaires en mettant en avant la sécurité et la paix sociale. Toutes les parties sont concernées : La troïka, l'opposition, les instances syndicales, la société civile, les médias. Tout le monde est embarqué sur le même navire. Pour arriver à bon port et avec le minimum de dégâts possibles, il n'y a que le dialogue. Sur le plan pratique et pour sauver l'économie nationale de la débâcle, il suffit de mettre l'accent sur les failles, de conjuguer les efforts de manière à stimuler l'exportation dont le ralentissement ne cesse de creuser le déficit commercial. Ainsi et au lieu de lancer des mesures d'austérité destinées à rabaisser le rythme des importations, ne faut-il pas jouer sur les facteurs de compétitivité déterminants de l'exportation, sur les outils nécessaires à réapprécier le dinar de manière à améliorer le pouvoir d'achat ? Un contrôle plus rigoureux du marché parallèle ne serait-il pas plus opportun pour promouvoir le « made in Tunisia » ? Le soutien effectif à l'initiative privée pourrait atténuer un tant soit peu le problème du chômage au lieu de combler le déficit d'emploi par des nominations inconséquentes et mal avisées dans le secteur public déjà saturé... Les voies de sortie n'en manquent pas. Reste à savoir raison garder-privilégier le dialogue-seule la concertation peut mener à un consensus pour arriver à concilier l'inconciliable, quitter ce piédestal de narcissisme et éviter au pays une libanisation déchirante entre les citoyens d'un même pays que tout unit et que rien ne sépare.