«Eux, ils exhibent la mort et le linceul. Quant à nous, nous brandissons le rêve et la vie» «L'UGET n'est pas en train de jouer pleinement son rôle»
Jusqu'à la dernière minute, avant l'ouverture des travaux, les jeunes venant de différents coins du pays s'activaient pour décorer la salle du Mondial. D'autres dans la rue animaient les alentours et scandaient des slogans révolutionnaires avant de faire leur entrée dans la salle en scandant, entre autres, «Terre, Liberté, Dignité nationale», «Fadhel Sassi, le martyr, sur ta voie, nous ne dévions pas », «A bas les réactionnaires destouriens et Khouenjia »... Les travaux du congrès ont été ouverts en présence de représentants de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), l'Union des Diplômés Chômeurs (UDC), l'Association des Jeunes Journalistes, l'Union des Jeunes communistes du Parti des Travailleurs, les Jeunes du parti de l'avant-garde « Attaliâa », les Jeunes de la Ligue de la Gauche ouvrière, les Jeunes du Parti Bâath et le Jeunes du Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS).
Nabil Hicheri, président du congrès, devait préciser que «ce congrès est une étape dans la mise en place de la coordination des jeunes du Front populaire. C'est un moment attendu depuis longtemps, avant même la tenue du 1er congrès du parti. Ce qui distingue le parti des Patriotes Démocrates Unifié est qu'il n'exclue pas les jeunes en les qualifiant de force d'avenir. Il les projette dans le présent du parti. Les jeunes ont une place capitale dans la vie du parti. Leur organisation aura une grande marge de manœuvre pour réfléchir, proposer des solutions, avancer et faire avancer le parti. Les jeunes seront représentés dans toutes les instances du parti».
Le président du congrès rappelle que le Front populaire est un outil principal pour parachever la réalisation des objectifs de la Révolution. Il précise qu'après le 23 octobre, les choix économiques de Ben Ali ont été repris par la Troïka. « Ben Ali avait joué son rôle pour autoriser le pillage, en désengageant l'Etat de son rôle économique, lançant la concurrence et libéralisant le commerce extérieur conformément aux instructions du Plan d'Ajustement Structurel (PAS). L'Etat à l'époque de Ben Ali s'est contenté de son rôle coercitif, pour pratiquer le despotisme. L'histoire est un éternel recommencement. Le programme de la Troïka de ce qui reste à privatiser parmi les entreprises publiques, se fait au profit de pays étrangers. Prochainement certains espaces seront exclusivement réservés aux étrangers », dit-il.
Walid Ben Naceur au nom de la coordination de la jeunesse Watad, après une minute de silence à la mémoire des martyrs, rappellera que les jeunes du parti avec leur slogan anti-impérialiste, se rangent aux côtés du peuple. Choisir entre les dates du 14 janvier et celle du 23 octobre, ils préfèrent le 14 janvier, car ils considèrent qu'après le 23 octobre, il y a eu un retour de manivelle contre la Révolution. Walid Ben Naceur, déplore la non inscription dans la Constitution de l'interdiction de normalisation avec l'entité sioniste. Eux, exhibent la mort et le linceul. Quant à nous, nous brandissons le rêve et la vie », dit-il.
Mohsen Ben Hamed, responsable des jeunes au sein du parti, n'a pas évoqué l'aspect politique du congrès. Il précise que ce congrès de la jeunesse concrétise un deuxième rêve, après celui du congrès du parti. Il rappellera avec beaucoup d'émotion ses souvenirs avec le martyr Fadhel Sassi qui a été tué dans la rue lors de la Révolte du pain, sans oublier d'autres martyrs comme Hamadi Zellouz et Mahmoud Toumi. « Ils ont balisé la voie. Nous voulons des jeunes militants, créatifs qui savent passer de la théorie au terrain, en pleine jonction avec les citoyens et la rue. De grandes missions attendent l'organisation de jeunesse en attendant la création du grand parti de Gauche ».
Chokri Belaïd secrétaire général du parti, chaleureusement ovationné, a précisé que « l'organisation de jeunesse a une double nature. Elle est l'organisation du parti, sans être une organisation classique. Elle a une autonomie qui lui permet de brasser et large d'avoir dans ses rangs des militants qui ne sont pas organisés dans le parti. Elle rassemble tous ceux qui s'opposent à l'impérialisme et au sionisme et se rangent du côté des causes du peuple, des classes laborieuses et des laissés pour compte ». L'union des Jeunes Watad est l'outil organisationnel des jeunes qui ont joué un rôle important dans le processus révolutionnaire. Chokri Belaïd s'adresse avec franchise aux jeunes militants : « Vous avez de grandes missions, importantes et graves. L'organisation de la jeunesse est une terre fertile, pour la formation des cadres et des leaders d'aujourd'hui et demain. Les jeunes ont un grand rôle de mobilisation des forces pour la poursuite du processus révolutionnaire, son enracinement et la réalisation des objectifs. L'axe principal de l'action de la coordination des jeunes du Front populaire est la réalisation des objectifs de la Révolution, pour une Tunisie civile, démocratique. Ben Ali est parti, mais l'ancien système a été reproduit avec d'autres visages. Il faut remodeler la conscience des citoyens. Sans culture progressiste et éclairée le changement révolutionnaire ne peut avoir lieu ».
Le secrétaire général déplore que l'organisation estudiantine, l'Union Générale des Etudiants de Tunisie (UGET), n'est pas en train de jouer pleinement son rôle dans l'encadrement des étudiants. L'organisation des chômeurs mérite le soutien des progressistes. La jeunesse ouvrière a elle aussi un grand rôle à jouer. Chokri Belaïd n'oubliera pas la jeunesse lycéenne où il était actif en février 1981. C'était un mouvement que Rached Ghannouchi avait stigmatisé sur les colonnes du journal Erraï.
La direction qui sortira de ce congrès doit s'atteler à la tâche dès demain, lundi. « Les jeunes doivent avoir une prise directe sur la scène politique. Il faut oser rêver de liberté », conclut-il.