Tabac, alcool et drogue envahissent de plus en plus les milieux scolaires, notamment chez les jeunes lycéens qui s'y adonnent volontiers en l'absence de véritables décisions draconiennes pour éradiquer ces mauvaises pratiques immorales et dépravantes, voire nuisibles à la santé physique et spirituelle de nos enfants. C'est devenu assez courant dans nos écoles, suite à un certain relâchement au niveau de la discipline et un laisser-aller flagrant marqué surtout ces deux dernières années dans les administrations scolaires. Ajoutons à cela la précarité de la situation sociale et sécuritaire qui a sévi en cette période post-révolution, si bien que bon nombre de nos jeunes lycéens ont balancé dans la délinquance et la consommation des stimulants. Si le tabac est devenu une addiction parmi nos élèves, les autres produits (alcool et drogue, connue sous le nom de « zatla ») en sont encore au stade artisanal, étant seulement l'apanage d'un nombre réduit de nos élèves capables de se procurer leurs petites doses auprès des « dealers » qui rôdent quotidiennement autour des établissements scolaires et qui écoulent leurs marchandises aisément et dans la discrétion totale. Aussi craint-on que ces jeunes « amateurs » deviennent des « accros », tant qu'une action efficace contre ces fléaux n'a pas encore été entreprise pour endiguer ces pratiques de plus en plus répandues dans l'enceinte de nos écoles et tout autour. Prise de conscience Le Ministère de l'Education, conscient de ce phénomène qui prend de l'ampleur, commence à prendre la chose au sérieux, appelant à une vigilance particulière de la part des responsables scolaires et à la nécessité d'une sensibilisation des parents et des élèves à ce problème pour mettre fin à ces pratiques addictives. Par ailleurs, le ministre de l'Education, Abdellatif Abid, a reconnu l'existence de certains cas de consommation de drogue et d'alcool dans les établissements scolaires en plus du tabagisme parmi les élèves. Cependant, lors d'une interview accordée, novembre dernier à une Radio privée, M. Abid a indiqué que le ministère n'était pas le premier responsable de ces phénomènes, pointant du doigt les parents qui ne doivent pas donner à leurs enfants un argent de poche dépassant leurs besoins. Le ministre a reconnu, par ailleurs, que selon une étude statistique menée par les ministères de l'Education et de la Santé, 12 élèves parmi 30 inscrits dans les établissements scolaires affirment avoir eu accès à la drogue dans les institutions éducatives. Rappelons également que des études menées par le département de Médecine Préventive de la Faculté de Médecine de Tunis sur 353 élèves de Tunis dont l'âge se situe entre 13 et 14 ans, révèlent que « trois à quatre parmi ces élèves ont entendu parler de drogue et 13% ont déclaré en avoir consommé sous forme de zatla » Et sensibilisation... Dans le cadre de la sensibilisation aux méfaits du tabac, de l'alcool et de la drogue et en vue d'une prévention contre ces fléaux qui touchent de plus en plus nos institutions scolaires, le Ministère de l'Education organise du 04 au 12 janvier 2013 deux concours de recherche pédagogique sur les moyens scientifiques et les expériences tunisiennes et étrangères à adopter pour mettre au point une stratégie nationale capable de se prémunir contre le tabagisme, l'alcoolisme et les drogues dans le milieu scolaire. Le premier concours est consacré aux enseignants, le second aux chercheurs, spécialistes en la matière. Le ministère octroie des prix aux lauréats de ces concours. Dans le premier concours, les enseignants du primaire auront comme sujet les moyens de sensibilisations des enfants aux dangers de la consommation de ces produits nocifs et comment les persuader de s'en abstenir. Quant au sujet à traiter par les enseignants du secondaire, il portera sur les expériences avant-gardistes dans le domaine de la lutte contre le tabac, l'alcool et la drogue dans le milieu scolaire. Dans le deuxième concours destiné aux chercheurs spécialistes, il sera question de proposer une action ou une stratégie nationale de lutte contre ces fléaux au sein des établissements scolaires. Les travaux seront évalués par une commission scientifique dont les membres seront désignés par le ministre de l'éducation. La proclamation des résultats est prévue pour fin mai 2013 et les lauréats seront récompensés lors d'une fête organisée en fin de l'année scolaire 2012/2013. Le Ministère se chargera de la publication des travaux et assurera les droits de leurs auteurs. Cependant, l'organisation de ce genre de concours de nature académique restera insuffisant et la meilleure façon de lutter contre ces pratiques dangereuses dans nos écoles est de mener des campagnes de sensibilisations sur le terrain, au sein même des établissements, et à travers les différents médias, sans oublier de faire rétablir l'ordre et la discipline dans nos écoles, devenues depuis quelque temps un terrain propice pour de nombreux abus dangereux qui nuisent à l'image de notre système éducatif et à l'avenir de nos élèves. Bref, en matière de lutte contre le tabac, l'alcool et la drogue dans nos écoles, beaucoup reste à faire...