Il était déjà cadet puis juniors et ce qui le distinguait par rapport aux autres, c'était un charisme bien affiné, une aptitude au commandement et un certain sens de l'exclusivité. Une fois séniors – surtout quand Hmid Dhib lui confiait les clés de la régie dans ce fameux match face au Stade Tunisien (2 buts sur deux tirs presque dans la lucarne) – il fantasmait. Il se proposait d'être le leader dans une équipe galactique avec notamment des hommes du calibre de Tarek Dhiab et de Khaled Ben Yahia. Comment ravir la vedette à deux monstres sacrés, comment, surtout, par la magie du destin l'Espérance traçait-elle l'itinéraire de celui qui ne pouvait être autre chose qu'une coqueluche ? C'est une histoire d'amour parfois tumultueuse, marquée par une ferveur qui donnait le change à l'osmose. L'Espérance voyait son enfant prodige lui filer parfois d'entre les doigts et, lui, comme déterminé par le jeu de l'Envers et l'Endroit de Camus, il ne s'en éloignait que pour revenir aussitôt. L'Espérance c'est un peu aussi sa maîtresse suprême ! Il aura fait du chemin, parsemé d'embûches, comme professionnel, qui a même été jouer puis entraîner le frère ennemi. Il a fait son itinéraire en Allemagne, au Golfe, et a même été terminer sa carrière par-delà le canal de Bizerte, là où l'idôlatrie donne facilement le change à la haine. L'homme au 18 titres entre huit championnats, plusieurs coupes nationales et autres ; celui qui aiguillonnait Roger Lemerre dans la fantastique Coupe d'Afrique et qui remportait le grand chelem avec l'Espérance (championnat, Coupe de Tunisie et champion's league africaine) est, aujourd'hui, au centre de débats passionnés. On l'aime ou on le déteste. Il ne laisse pas indifférent, en effet. Est-il, néanmoins, remis en question après la finale perdue face à Al Ahly et le derby qui a fait mal aux Espérantistes ? Sans doute, y aura toujours dans les sphères espérantistes, dans la galerie et à travers les médias une espèce d'exaspération face à la capacité d'un homme à muer, à renaître de ses cendres et à déverser autour de lui ce charisme, justement, qui finit par se mouvoir en nombrilisme. Il n'est, peut-être, pas l'entraîneur qui a su le plus gagner mais il est, certainement, celui qui l'a fait le mieux. De surcroît, il impose un nouveau style, à la Mourinho comme il aime à le rappeler, avec le tempérament de l'entraîneur bouillonnant, mais d'une sagacité tactique parfois un peu trop mécanique ce qui fait que la machine peut se gripper parfois au moindre grain de sable. Manageriat : c'est, sans doute, cet aspect en lui – et qui est, finalement, un métier, un vrai – qui le distingue des autres. Aurait-il pu travailler aux côtés de quelqu'un d'autre que Hamdi Meddeb ? Sans doute pas ! Car, le président « sang et or » est à la fois un gagneur et un homme qui réfléchit avec son cœur. Pour lui, Nabil Maâloul est l'enfant du club et, son club n'est autre que l'Espérance. D'où vient donc, qu'il soit pris à partie par ceux qui ne saisissent pas le sens des mots et des choses et qui croient qu'un entraîneur ne doit être que systémique, prisonnier de ses schémas, de ses modèles, un abruti de la tactique, à défaut d'être un faiseur de talents. Il est évident que l'imaginaire collectif (ou plutôt l'imaginaire sportif) a du mal à concevoir qu'un entraîneur aille souscrire à un parti plutôt qu'un autre. Son entrevue avec Béji Caïd Essebsi, a été de fait extrapolée, commentée de manière réductrice. Mais, au fait, n'y a-t-il pas des sportifs, d'anciennes gloires du même gabarit qui sont à Ennahdha ? N'est-ce pas, au fond, le contrepoids à toutes réminiscences salafistes qui sont en train d'envahir, aujourd'hui, les gradins des grands clubs – comme ceux des petits – dans le but d'instrumentaliser le sport, d'y insinuer les poisons que distillent les fameuses ligues ? Ce qui est sûr c'est que Nabil Maâloul, reste d'abord grippé à ses couleurs « sang et or ». Chez lui, tout a procédé d'un rêve. Joueur, puis vedette, puis entraîneur de l'équipe de sa vie. Et c'est l'histoire de toute une vie, au sens de Guy de Maupassant...