Sit-in, le 7 février à La Kasbah, grève d'avertissement le 19 et éventuellement le non dépôt des notes du 2ème trimestre Après la réussite de la grève des enseignants du secondaire organisée les 22 et 23 janvier courant, les rapports déjà tendus entre le ministère de l'Education et le Syndicat général de l'Enseignement secondaire ne semblent pas connaître leur épilogue. Une réunion extraordinaire de la Commission administrative sectorielle de l'enseignement secondaire s'est tenue, mercredi dernier, à huis clos, au siège de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), pour examiner les propositions des professeurs de l'enseignement secondaire pour la prochaine période. Une évaluation a été faite des incidences découlant de la dernière grève. A l'ouverture des travaux de la Commission Lassâad Yakoubi, secrétaire général du syndicat, a rappelé le succès de cette grève observée dans tout le territoire. « C'était une décision réfléchie prise par la Commission administrative », dit-il. Tout en saluant les enseignants pour leur combativité, il a rappelé que lorsqu'ils décident d'une grève, ils sont capables de la réussir. Il déplore la campagne de dénigrement orchestrée contre les enseignants avant même que la grève naît lieu. Pour le moment le dialogue se trouve bloqué entre le ministère et le syndicat. Lassâad Yakoubi, déplore que le ministère de la Jeunesse et des Sports ait engagé un concours de promotions professionnelles sans tenir compte des nouveaux critères pratiqués par le ministère de l'Education. Il rappelle que d'habitude le ministère de la Jeunesse et du Sport s'aligne normalement sur tout ce que fait le ministère de l'Education en matière de promotion et de déroulement de carrière professionnelle. Des accords sont signés avec ce ministère en matière de promotion. Ils n'ont pas été respectés. Par ailleurs, les directeurs d'établissements secondaires et des collèges moyens, subissent un véritablement harcèlement pour présenter des listes des enseignants grévistes aux directions régionales de l'Education. Le secrétaire général affirme que « le ministère de l'Education n'a pas le droit de poser ce problème. Lors de la grève des enseignants de l'école de base, suite au mouvement de protestation contre la ponction des jours de grève du salaire, il a été convenu que le Gouvernement et l'UGTT en discuteront ensemble et décideront de ce qu'il faudra faire ». Aucune décision n'a été prise. Il faut attendre ce qui sera convenu, pour amputer ou non les jours de grève sur le salaire. Par ailleurs, la commission administrative a été appelée à discuter le programme d'apprentissage mis en place par le ministère de l'Education en collaboration avec l'organisation britannique « ERIS » sous le thème « Education à la citoyenneté et la sensibilisation électorale chez les élèves de l'enseignement secondaire ». Lassâad Yakoubi, rappelle qu'il y a plusieurs tiraillements à propos de ce sujet qui manque de clarté. Les élèves ne doivent pas être mêlés aux tergiversations politiques. La Commission administrative sectorielle a décidé d'organiser un sit-in de protestation à la place du Gouvernement à la Kasbah, jeudi 7 février courant. Une grève d'avertissement sera observée le 19 février. Une semaine après la Commission administrative se réunira pour décider des modalités du non dépôt des notes des examens du deuxième trimestre auprès de l'administration. Lassâad Yakoubi a, par ailleurs, souligné la détermination à défendre les revendications tout en manifestant la disposition du syndicat à poursuivre les négociations au sujet des questions qui font objet de litige. Cette position prise par le Syndicat général de l'Enseignement secondaire, n'est pas acceptée par le ministère de l'Education. La veille de la dernière grève, le ministre de l'Education Abdellatif Abid avait déclaré que les divergences entre le Syndicat et le ministère concernent deux points fondamentaux. Le premier est relatif au doublement de l'incidence financière des promotions professionnelles. Pour satisfaire cette revendication on doit mobiliser un montant de 70 millions de dinars. « C'est une revendication fort onéreuse. Nous ne sommes favorables à l'amélioration de la situation matérielle des enseignants, mais elle aura des répercussions sur les autres corps de métier, comme les instituteurs, les surveillants, le personnel de la santé ... Rien n'empêche la poursuite du dialogue sur cette question », disait le ministre. Le deuxième point de divergence concerne une revendication nouvelle, celle d'une prime de pénibilité de 150 dinars par mois. Les fonctionnaires, dont les enseignants, ont déjà bénéficié des 70 dinars d'augmentation de salaire. Cette prime va coûter 171 millions de dinars au budget de l'Etat. Au nom de la pénibilité, le syndicat demande la baisse des heures de travail, la retraite à 55 ans et maintenant un prime de 150 dinars. Globalement, le ministère est favorable à plusieurs revendications dont le coût s'élève à 65 millions de dinars. Il demande le report des négociations sur d'autres points dont le coût s'élèverait à 241 millions de dinars soit, 1% du budget de l'Etat, l'équivalent du recrutement de 16.000 professeurs, ou 20.000 instituteurs. Comme le remaniement ministériel est à l'ordre du jour, comment va réagir le syndicat avec le nouveau ministre au cas où Abdellatif Abid serait remplacé ? Quelle que soit le ministre, le budget de l'Etat supportera-t-il un tel effort ?