Les gens à fleur de peau qui s'impatientent de voir, enfin, annoncer ce « miracle » de la transition révolutionnaire peuvent dormir tranquilles. Les astro-physiciens nous assurent que cette grosse pierre semblable à celle qui a mis fin à l'ère des dinosaures il y a quelques millions d'années en percutant la terre, continuera sa promenade « pacifique » dans le cosmos et ne risquera pas de nous menacer à nouveau avant une centaine d'années au moins ! Nous disons cela pour aider nos concitoyens à relativiser. Le nouveau gouvernement Jebali annoncé pour hier, est reporté (la nième) de quelques jours, mais avec l'unité de « l'année lumière » nous finirons par l'avoir avant l'extinction de notre étoile galactique le soleil dont la mort est prévue dans 5 milliards d'années quand les flammes de cet astre auront consumé sa dernière litre de gaz. Alors, prenons notre mal en patience, le tout c'est d'arriver à rassembler les Tunisiens faute de rassembler la classe politique et d'éteindre les voix de la discorde... et il y en a...! Gouvernement de technocrates ou de politiciens, ou ni l'un ni l'autre avec ce « plat tunisien » où l'on trouvera de tout sans prédire à l'avance s'il ne risque pas d'aggraver l'ulcère qui brûle l'estomac de la nation ou si encore par miracle il s'avère être la thérapie efficace à tous les maux de cette transition interminable. Côté « légitimité » (Achariaâ), le pays semble n'avoir inventé que celle de l'Assemblée Constituante avec pour objectif principal « ne jamais terminer la Constitution » et pour vocation prendre en otage le pays l'Etat, le Premier ministre et tous ceux qui osent dire à notre auguste Assemblée qu'il y a là un détournement de pouvoirs et de vocation. On a tendance à oublier, en effet, que cette assemblée tire sa légitimité des électeurs d'octobre 2011, lesquels ont été convoqués pour élire la Constituante pour un an, c'est bien cela ou je me trompe, avec mandat unique de rédiger une Constitution et de nous rappeler à nouveau pour élire un Parlement et un président de la République pour cinq ans. Mais, que voulez-vous, les accidents de parcours sont fréquents surtout en politique et comme la nature a horreur du vide, il serait bien sage de supporter encore pour quelque temps les turbulences de l'hémicycle du Bardo plutôt que de subir un « crash » constitutionnel et politique. C'est comme cela qu'on arrive, la mort dans l'âme à pratiquer l'adage populaire : « Chid Mchoumek la yejik ma achouam », (tenez bien à votre mal présent avant de subir le pire). Et dire, que si l'on n'avait pas opéré une véritable translation de « valeurs » sur les objectifs de la Révolution on aurait pu s'en sortir aux moindres frais. Si l'on avait réellement accepté l'institution d'une démocratie civile aux normes universelles et avec comme base éthique le changement politique pacifique et l'alternance au pouvoir par des élections transparentes comme celles qui ont porté au pouvoir les islamistes de la Nahdha, on serait déjà en plein mandat de la 2ème République et qui sait avec un nouveau plébiscite pour ce même parti. Mais, tout a été entrepris par certains cadres et leaders de la Nahdha pour diffuser la méfiance du corps social des élites et surtout des masses attachées à la culture et au modèle social tunisien depuis Carthage. Le bateau a commencé à prendre l'eau depuis que des mosquées ont été occupées manu-militari par des islamistes radicaux qui refusent le principe même de la « neutralité » politique des maisons de Dieu. De fait, depuis ce jour là, et en laissant faire « l'Etat parallèle » est né dans ce pays. La légitimité républicaine a été transgressée au profit de la légitimité religieuse. C'est le prélude à la naissance d'une nouvelle culture plus proche de l'Arabie Saoudite et de l'Iran que de la Tunisie zeitounienne. Maintenant, on a l'impression que M.Jebali veut redresser la barre mais, prudemment parce que le mal a été gonflé par l'effet multiplicateur des « organisations » parallèles tels que les ligues de protection de la Révolution qui sont en plus « légitimées » par des acteurs politiques institutionnalisés comme le CPR ou la Nahdha. Par conséquent, il n'a pas les mains totalement libres ; Encore, faut-il croire à sa volonté réelle de « changer » la Nahdha elle-même pour en faire ou refaire un parti civil et non un parti seulement religieux. M. Hamadi Jebali est bien le secrétaire général de la Nahdha et c'est une arme à double tranchant. Autant il peut essayer de « sauver » la Nahdha en rassurant le peuple tunisien et les démocrates classiques sur son avenir d'intégration dans le modèle et le moule démocratique, autant il limite son ambition personnelle de contrer la Nahdha radicale et se présenter comme l'homme de la réconciliation nationale et du consensus dynamique global. Equation difficile n'est-ce pas mais il vaut mieux parfois casser des œufs que de laisser le pays à la dérive ! Entre temps, on n'a ni l'un ni l'autre ! Attendons et prions !