Le retard pris dans la composition du futur gouvernement ne surprend pas. Il est même perçu comme une prolongation logique du feuilleton du remaniement ministériel préconisé par la Troïka au pouvoir depuis plus de six mois et dont le résultat a été la démission du gouvernement Jebali sur un constat d'échec. On sait que le chef du gouvernement démissionnaire avait tenté, avec toute la sincérité qu'on lui connaît et l'amour qu'il porte à la patrie, de sauver la situation en proposant la formation d'un gouvernement de technocrates apolitiques. Hélas, son initiative approuvée par la majorité de l'opposition a avorté face au refus de son propre parti. L'essentiel est qu'Ennahdha qui ne voulait rien céder au départ, s'est pliée à une revendication générale, la neutralisation des ministères de souveraineté. Une concession de grande importance qui devrait normalement faciliter le travail du chef du gouvernement désigné et permettre la décrispation de l'atmosphère et l'élargissement de la coalition à d'autres partis. La longueur des tractations et la difficulté de parvenir à un accord prouvent que la mission de M. Ali Laârayedh n'a pas été de tout repos et confirment que les tiraillements politiques, les calculs partisans et la course aux fauteuils s'installent comme constante des mœurs politiques post-révolution en Tunisie. A chacun ses revendications et ses propres priorités. Pourtant, les priorités des Tunisiens sont connues. La sécurité, avant toute autre chose, des conditions de vie meilleures et un climat de liberté, de convivialité et de démocratie. Les mêmes revendications de la Révolution, en somme.