L'anti-vedette, l'un des rares ministres de Jebali à n'avoir jamais fait illusion est, aujourd'hui, une vedette malgré lui. Il est en train de faire un tabac sur facebook parce que les Tunisiens désapprouvent le départ de cet homme du gouvernement Jebali. Un ministre, de surcroît, considéré comme étant le plus neutre, et le plus neutraliste. Si l'on tient compte du souci de Ali Laârayedh de faire en sorte que les ministères de souveraineté soient neutres, eh bien, on ne comprend pas que le plus neutre de tous soit dégommé. Sans doute, faut-il tenir compte des tracas auxquels n'a cessé de faire face Abdelkerim Zbidi et surtout ces derniers mois. Les tracas ne sont pas causés par l'armée, qui administre la preuve de sa dimension républicaine – comme elle l'a toujours été d'ailleurs - et de sa grande capacité à préserver l'intégrité territoriale du pays et la sécurité de nos frontières malgré la situation chaotique chez le voisin libyen et l'attentisme intriguant de l'Algérie. Si l'armée, qui avait toujours été réduite à la portion congrue par le syndrome anti-militaire de Bourguiba et la psychose du complot que n'avait cessé de développer Ben Ali, à son égard, se démène avec loyauté et ferveur citoyenne et reste « religieusement » républicaine, c'est aussi le mérite de Abdelkerim Zbidi. La situation matérielle des militaires s'est, en effet, améliorée parce que, discrètement, il plaidait la cause des militaires et leur dignité. Il n'y a pas que Rachid Ammar, en effet, qui a eu, quand même, le bon sens de savoir travailler en harmonie avec un civil et qui n'a jamais cherché à tourner à son avantage des situations difficiles et, disons-le carrément, qui ne s'est pas laissé tarauder par l'ambition quand le pays était à prendre. Zbidi avait à maintes reprises, manifesté le désir de tirer sa révérence parce que quelque part, Moncef Marzouki, Président de la République et chef suprême des armées, l'aurait harrassé de contingences logistiques. En tous les cas, Zbidi sera regretté par ses pairs du nouveau gouvernement et par la société civile. Son intervention, avant-hier, sur « Shems-Fm » avait aussi quelque chose d'amer, mais de réaliste. Il a parlé en adulte de cette Révolution et en grand monsieur.