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Pitié pour Kerkennah
Promenade dominicale
Publié dans Le Temps le 10 - 03 - 2013

Pourquoi faut-il que, régulièrement, sans réfléchir, quelqu'un préconise la réalisation du projet touristique de Sidi Funkhal à Kerkennah ? Près de 3000 lits, dans 25 hectares d'espaces verts comprenant des « îlots » d'animation étalés sur 7 hectares ! Quel merveilleux projet écologique vanté récemment !
LES FONDEMENTS
Normalement, un projet, quel qu'il soit, est caractérisé d'abord par sa finalité. Admettons qu'ici, ce soit le développement économique de l'archipel. Puis, les promoteurs définissent les objectifs. Quels sont-ils à Kerkennah dans ce projet ? Personne n'en parle ! Fournir des emplois durables aux Kerkenniens ? Une fois que les bâtiments auront été construits, il ne leur restera plus que des postes de « domestiques » ! Pour fournir des postes de travail durables, il faut créer des activités lucratives et pas seulement construire des résidences.
Ces 3000 visiteurs attendus, espérés, soit 20 % à peu près de la population des îles, qui ne seront sur place que 3 à 4 mois, arriveront-ils à dynamiser l'agriculture et la pêche locale durant toute l'année ? Qu'est-ce que ces 3000 visiteurs exigeront comme « services » permanents ? Quelques mécaniciens pour leurs autos qui ruineront la quiétude des îles. En admettant qu'une famille compte 4 personnes, les 3000 visiteurs viendraient avec plus de 700 véhicules !
Au-delà des objectifs mal définis, quels seraient les moyens de cette réalisation ? On nous dit qu'il y aurait environ 3000 lits, 40 par hectare dans des constructions. Sans compter les installations « d'animation » : bars, discothèques, piscines, etc. ... et les voies et les parkings bitumés, etc., etc. ... Les promoteurs n'ont-ils pas entendu dire que le « bétonnage » des littoraux est un des principaux dangers des mers et de la biomasse marine ? Tant pis pour les « pêcheries » : « Chrafi » traditionnelles, des îles et les pêcheurs Kerkenniens !
LES PROBLÈMES
Que boiront ces 3000 visiteurs sur un archipel qui est déjà obligé de dessaler à grands frais l'eau potable consommée ? Or, il leur faudra de 700 à 100 litres par jour et par touriste. Construira-t-on une conduite venant du continent ? Ou une deuxième station de dessalage ? qui fonctionnera avec quelle énergie ?
On peut penser que cette eau précieuse sera épurée – une station d'épuration à construire ! – et qu'elle arrosera les espaces verts. Pourquoi les visiteurs, temporaires, auraient-ils des espaces verts autour de leurs habitations alors que cette eau pourrait servir à irriguer les champs comme celle, nous présumons, venue des « toilettes » et bactériologiquement polluée puis parfaitement épurée ?
Il faudra bien pourtant arroser les champs pour qu'ils produisent davantage et répondent à l'augmentation de la demande, à moins de faire venir les denrées du continent, ce qui n'enrichira pas les îliens, exceptés les commerçants.
Que fera-t-on des déchets et ordures diverses ? Une décharge à construire et sans doute un établissement d'incinération qui exhalera ses rejets dans le ciel pur, jusqu'à présent, des Kerkennah.
Et enfin, pour faire court, qui peut nous dire ce que sera l'écotourisme à Kerkennah ? Le projet se garde bien d'en parler ! Ce concept est à la mode mais qui sait exactement ce qu'il recouvre ? Alors nous demandons très sérieusement : que feront les visiteurs à Kerkennah durant leur séjour sur un île qui n'a pratiquement pas de plages, pas de
forêts, pas de relief particulier. A notre avis, c'est à cela qu'il faudrait penser, comme le fait tout maître de maison normal : « Que va-t-on proposer, offrir à ces invités et qui doit être réalisé avant leur arrivé ? Pourquoi créer une « zone touristique » alors que ça n'existe pas dans les régions touristiques : voyez Nice, Cannes, Marbella ou Corfou ?
DES SUGGESTIONS
Pour nous qui connaissons et aimons Kerkennah, depuis plus d'un demi-siècle, ces îles, ce sont d'abord les plaisirs de la mer, la quiétude et la ruralité.
Pitié pour elles ! Il ne devrait y avoir, dans ces îles toutes plates, de 20 kilomètres de long, qu'un minimum d'automobiles : des transports sanitaires et en commun. Les vélos et V.T.T. silencieux devraient y être rois. Sur les plages, seules les embarcations à voile, comme celles des Kerkenniens et des kayaks de mer devraient exister. C'est ça l'écotourisme qui respecte l'écologie du lieu.
Nous nous sommes félicités d'apprendre qu'on avait mouillé des récifs artificiels pour empêcher les chalutages de détruire les fonds. Mais, au lieu de noyer des blocs de bétons, toxiques à la longue, il aurait mieux valu immerger, des déchets naturels de carrière, peu onéreux, qui auraient fourni des abris à la faune marine. Les rejets de dragage du chenal d'accès au port de Sfax étaient un paradis des poissons dans les années 60. En plus de protéger la faune, ces zones de récifs artificiels pourront devenir des lieux de pêche, de chasse sous-marine raisonnable et de photographies pour les visiteurs amenés par des marins Kerkenniens sur des barques, produites et entretenues par les îliens. Les cargos coulés au large, durant la dernière guerre mondiale devraient être aussi de très bons sites pour les écoles de plongées. Les promenades en mer devraient se multiplier : relever les nasses des « Chrafi », aller pêcher les éponges naturelles à la « Mraya » et au trident et aller pêcher à la ligne. Au Maroc, ça se paie 5 Dinars par heure et par personne !
Pourquoi ne pas construire un « musée de la mer » ou un aquarium ? Pourquoi ne pas organiser des régates, même internationales, de « pointus » européens, qui sont les « flouka » kerkenniennes, une fois tous les 2 à 3 ans ? Ça existe en France et en Espagne. Les promoteurs ont-ils prévu des concours de pêches et des régates locales et des épreuves sportives : le marathon des Kerkennah ?
Au lieu d'investir des milliards dans des Résidences, pourquoi ne pas aider l'agriculture et la pêche ? Ce qui serait non seulement durable mais améliorerait immédiatement le niveau de vie des îliens. Pourquoi ne pas réhabiliter l'artisanat local, en particulier la broderie au point de croix qui était très recherchée. Elle proposait des pièces pour toutes les bourses, depuis les services de table somptueux et les parures de lit, aux petites serviettes à thé et aux mouchoirs. Nous avons connu d'élégants chemisiers et de belles jupes garnies de broderies des Kerkennah.
Pourquoi construire, « bétonner » davantage : les hôtels existant, une fois rénovés seront-ils insuffisants ? Nous mettons au défi les responsables de nous dire pendant combien de jour par an, combien de visiteurs – et non pas des sportifs ou des employés tunisiens envoyés par leur club ou leur entreprise ! – viennent aux Kerkennah. Nous aimerions connaître le « taux de retour » des voyageurs satisfaits.
Pourquoi ne pas promouvoir plutôt le logement chez l'habitant, les chambres d'hôte ? Cela éviterait de construire des « résidences » qui sont vides neuf mois sur douze.
L'écotourisme commence par la connaissance puis le respect du biotope local. Qui va se préoccuper de restaurer les murets de pierres, entourant les champs et protégeant les cultures des vents et du sable qu'ils transportent ? Qui va étudier l'orge kerkennienne qui, parait-il, accepte de croître sur des terres assez salées ? Qui va étudier les huîtres locales et le grand bivalve appelé « Pinna nobilis », en voie de disparition, alors qu'ils sont délicieux et pourraient être une curiosité gastronomique ? Qui va promouvoir la gastronomie : un plat de rascasses au four quand elles ont un gros foie, des « sbars » grillés de début d'été, un « legmi » frais, un poulpe sec grillé, etc. ... ? Qui va organiser à côté du festival du poulpe, d'autres occasions – elles sont toutes bonnes ! – de faire la Fête : le festival du mérou, celui du legmi, etc. ... ? Pourquoi ne pas organiser des parties de chasse raisonnables et payantes ? Le gibier est très abondant !
Tout cela ne nécessite pas d'investissements énormes. Ces « produits » étant disponibles et connues, les visiteurs viendront sûrement aux Kerkennah en sachant ce qu'ils vont y trouver et y faire.


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