A l'occasion de la Journée internationale des droits de la femme, vendredi 8 mars, un public nombreux a assisté, à L'Espace Mad'Art, Carthage à la projection en avant première du documentaire « Dorra Bouzid, une Tunisienne, un combat », un film réalisé par Walid Tayaa et produit par Nomadis Images. Un vibrant hommage a été rendu à la militante Dorra Bouzid lors de cette manifestation à laquelle assistait l'ambassadeur de France François Gouyette ainsi que Frédéric Mitterrand, ex-ministre de la Culture et de la Communication en France et ami de la Tunisie. Ce film consacré à cette femme d'exception, dont la réputation a dépassé les frontières et qui a milité sur tous les fronts pour la liberté et les droits de la femme tunisienne, ce qui lui a valu l'estime de tous, si bien que Frédéric Mitterrand l'a décorée le 24 octobre 2010, à la Résidence de l'Ambassade de France où il a prononcé un discours, s'adressant à Dorra Bouzid en ces termes : « Vivante, brillante, rayonnante, vous êtes l'une des grandes figures de la Tunisie, l'une de ces personnes qui ont contribué, par leur travail et leur force, à faire avancer leur pays... Votre parcours journalistique est tout à fait remarquable... Inlassable, vous ne cessez de vous engager, d'écrire, de publier. Humaniste et ouverte, votre grand combat sera celui de la liberté et de l'autonomie des femmes en Tunisie... Dorra Bouzid, au nom de la République française, nous vous remettons les insignes d'Officier dans l'Ordre des Arts et des Lettres. » D'ailleurs, le film montre un extrait de cet éloge et de cette décoration. La cérémonie a été ouverte par une présentation sommaire du film par le comédien Raouf Ben Amor en exprimant son souhait de voir ce film projeté dans les lycées et collège dans toute la Tunisie parce que « cela donne l'exemple de l'idéal féminin tunisien et encourage pas mal de jeunes à oser et relever les défis ». Par la suite, Valéry Freland, directeur de l'Institut Français de Tunisie a souligné l'importance du documentaire qui illustre bien un exemple de la femme tunisienne : « Dorra, a-t-il dit, est l'une de ces femmes tunisiennes qui ont beaucoup de talent. En regardant ce film, ce témoignage de toute une vie, j'étais très ému. J'espère que vous aurez aussi la même émotion ! ». Prenant à son tour la parole, Dorra Bouzid a d'abord remercié tous ceux qui étaient à l'origine de cette œuvre et qui ont eu l'idée de traiter du sujet de la femme à travers la projection du documentaire intitulé « Une Tunisienne, un combat ». Elle a souligné ensuite l'importance de ce film dans la mesure où « il donne un témoignage non seulement d'une génération charnière, la mienne, entre la colonisation et l'indépendance, mais encore en tant que femme, pharmacien et journaliste de combat, la première journaliste dès l'indépendance à travers le célèbre pseudonyme Leila dans l'Action, devenu plus tard, Jeune Afrique... j'ai voulu raconter dans ce film le triple combat du pays : la libération du pays, la libération de la femme et la libération de l'esprit ». Le parcours journalistique de la militante Dorra Bouzid est riche et varié, quoique souvent semé d'embûches et d'obstacles. Etant la première femme de la presse écrite en Tunisie, elle fut fondatrice de la première presse féminine et féministe arabo-africaine, du supplément féminin de « Réalités » (Femmes et réalités), de « Tunis Glamour » (Tunis Hebdo), de la « Soirée des Ecoles de danse » (Festival International de Carthage). Elle est l'auteure du livre sur la peinture « Ecole de Tunis » et a collaboré au 4ème tome (en français) de la Collection des Œuvres Complètes de Mahmoud Messaadi en 2001 ; elle a collaboré dans plusieurs journaux et revues en Tunisie et à l'étranger. Son premier article fut au journal Essabah en 1951. Elle a donné également des dizaines de conférences en Tunisie et à l'étranger, dans des organisations et des associations internationales et a présenté des émissions radiophoniques à l'ERTT... Rappelons que Dorra Bouzid est née à Sfax. Son père, Hamed Bouzid fut un célèbre acteur amateur de Sfax. Décédé, sa femme, Chérifa, mère de Dorra, se remarie avec Mahmoud Messaadi, célèbre écrivain du monde arabe, leader nationaliste, homme d'Etat sous le régime de Bourguiba qui devint le père spirituel de Dorra. Elle fit des études de Beaux-Arts, musique et chant à Tunis et des études en pharmacie et sérologie en France. Mais elle a toujours eu une prédilection pour le journalisme, domaine où elle a mené tous ses combats.