Les occasions que manquent Naziha Réjiba (Om Zyed) pour s'attaquer à Béji Caïed Essebsi et à Nida Tounès sont rares. Dans sa toute dernière chronique hebdomadaire, elle s'est une fois de plus bien gaussée du « kouô » et du « bouô », après avoir longuement encensé Le Front Populaire et Basma Khalfaoui. Ignorait-elle, la « vigilante », qu'à la commémoration du décès de Chokri Belaïd, les militants du Nida et ceux de « L'Union pour la Tunisie » marchaient et discouraient côte à côte avec les Patriotes Démocrates et les partisans de Hamma Hammami? Nous ne le pensons pas ! Mais nous comprenons que, comme il lui fallait terminer son article par une énième médisance, elle n'ait pas mieux trouvé que de le clore par un détour peu flatteur sur ses sempiternels souffre-douleur, à savoir Bajbouj et le Nida. La Sebsiphobie est, paraît-il, un lait bien nourricier que tètent avec énormément de délectation les enfants de familles politiques bien particulières : par exemple, au C.P.R., à Ennahdha et à Wafa, dont les « mamelles » s'assèchent peu ou prou depuis quelque temps, on compense le manque avec ce Guigoz ou ce Nestlé en poudre, appelés Bajbouj ou Nida. Om Zyed nous semble être dans cette même configuration qui l'empêche de se rendre compte qu'elle puise dans le même réservoir (dans la même gourde ?) que les Ligues pour la Protection de la Révolution. D'ailleurs, au sujet de son association « Vigilance », nous nourrissons de fortes craintes que son action ne se limite en fin de compte à la prétendue guerre contre les Rcdistes « recyclés ». A force de s'en pendre à Si Béji, notre si maternelle Om Ziyed donne l'impression de vouloir s'appeler aussi Om Rekoba et Om Dghij. C'est pour cela que nous lui recommandons très amicalement de distiller à ses fidèles lecteurs un lait moins tourné que celui de son outre de plus en plus suspecte. Lactose d'ici et d'ailleurs D'après les sources officielles, la quantité de lait slovène et turc encore invendue avoisine « seulement » le million de litres. Cela laisse entendre que l'écoulement, sur le marché, des paquets restants ne pose pas problème. Faisons semblant d'y croire. Mais l'autre soir, dans le talk show Ness Nessma, aucun des invités interrogés n'a avancé de nom sur l'importateur du lait étranger. Nous savons seulement que ce n'est pas le Ministère du Commerce. M. Abdelwahab Maater n'a pas, pour autant, échappé à la suspicion : il serait, d'après ses détracteurs, derrière une décision louche favorisant la liquidation du lait étranger resté invendu aux dépens du lait produit localement. Sur Face book, on cite ouvertement le nom Soumaya Ghannouchi, la fille du Cheikh Rached et l'épouse de Rafiq Abdessalem, comme importatrice de ce lait contre lequel on mène une farouche campagne sur les réseaux sociaux et même sur une chaîne de radio connue. Il paraît, d'après certaines langues malveillantes, que la date limite de consommation du lait non écoulé approche et qu'il urge à son importateur de se débarrasser du stock invendu. Il faut dire que la baisse délibérément consentie dans le prix initial du paquet de lait étranger (de 1d, 300 millimes à 1d, 030 millimes) autorise toutes les interrogations et tous les doutes sur ce marché aux relents « trabelsiens ». Nouvelle pègre ? La mafia des Trabelsi, reparlons-en justement ! On nous avait dit, il y a plus d'un an, que les marchandises qui se commercialisaient encore dans le cadre du circuit informel (Boumendil, les différents souks de Libye, les étals sur les trottoirs) étaient des « restes » d'importation dues aux opérations frauduleuses de la belle-famille du président déchu. Manifestement, ce reliquat est inépuisable puisque des mois se sont écoulés depuis la chute de l'ancien régime sans que « ses » marchandises ne soient entièrement écoulées. Au contraire, quiconque arpente les rues et les trottoirs de la capitale et de toutes les villes tunisiennes, constate aisément le regain de vie et de prospérité que connaissent les commerces parallèles. De deux choses l'une, pour comprendre cette « renaissance » : soit les Trabelsi gèrent encore le trafic à travers leurs associés et leurs hommes de main restés en liberté, soit une nouvelle pègre leur a raflé le juteux trafic. Et là aussi, on voudrait faire connaissance avec les nouveaux transitaires. On voudrait également savoir quels circuits ils empruntent, qui leur balise le trajet à l'aller comme au retour, s'ils sont couverts et par qui, si leur import-export se conforme aux règlements douaniers en vigueur. En bref, et bien qu'il soit difficile d'y répondre, notre principale question (suscitée par des bruits qui courent) reste la suivante : y aurait-il eu, après la Révolution, un simple relais de « mafia » ? Silence, on troque ! Toujours à propos d'import-export, le trafic avec l'étranger concerne aussi les êtres humains. La mafia jihadiste recrute des combattants très jeunes et les envoie là-bas sur une route qu'on « voit descendre vers une vallée sinistre, s'enfoncer dans les ténèbres fétides d'une lugubre forêt »*, là-bas, en Libye, en Turquie, en Algérie, en Syrie, au Mali. Un pubère tunisien de dix ans figure parmi les suicidés de l'intégrisme. Là-bas, un jour peut-être, on enverra des bébés à qui les dents de lait n'ont pas encore poussé. Pourquoi les nourrissons ? Envoyons leurs futures mères, elles-mêmes encore enfants ! Promises au Paradis, elles combleront les frustrations des « barbus » à qui elles donneront à téter leurs mamelons bourgeonnés. Mais quel lait pourrait ramener ces anges démoniaques à leur intelligente lucidité et tempérer leurs ardeurs religieuses dévoyées ? Non, ce n'est pas une question de lait, mais une affaire de « blé ». Les exportateurs comme les importateurs perçoivent des sommes faramineuses pour satisfaire la demande de ce marché implacable où les transitaires sont payés à la « tête ». Les autorités laissent faire, dit-on, on les accuse même de tremper dans de ténébreuses transactions jihadistes ; et dans tous les cas, leur silence est assourdissant pour beaucoup de Tunisiens, notamment pour de nombreuses familles qu'on démembre chaque jour un peu plus au nom d'un faux combat islamophile. Ce mutisme est-il rémunéré ou pas ? Il n'y a pas plus nourricier que le « blé ». Mais on dit que le lait est aussi un aliment entier ! La différence est autre : avec du « blé » tu peux tout acheter. Un prêche d'imam, une plume de journaliste, un vote de député, l'allégeance d'un parti, la « neutralité » d'un syndicat, la légèreté ou la lenteur d'une enquête etc. Il y en a une autre de différence : le « blé » n'a pas de Date Limite de Consommation. De plus, on peut en consommer sans modération ! Par contre, boire trop de lait provoque beaucoup de gargouillis et bien des malaises flatulents. Le trafic de « blé », lui, s'accommode très mal des affections bruyantes ! Silence, on troque !