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Littoral tunisien : richesses en danger; richesses à protéger
Environnement
Publié dans Le Temps le 29 - 03 - 2013

Vacanciers des plages encombrées de l'été ou amoureux des grèves désertes de l'arrière-saison, nous savons tous apprécier la vie au bord de la mer. Quel intérêt accordons-nous à ces algues qui nous semblent le plus souvent des mauvaises herbes alors qu'elles sont sources de vraie richesse ?
Et surtout, quand avons-nous regardé l'état dans lequel nous laissons la plage derrière nous, après une belle journée de repos ?
Le bord de mer visible : la plage et ses abords
Le littoral tunisien présente une grande diversité de paysages. Aux veines rocheuses découpées, couleur de rouille, des environs de Tabarka, succèdent les immenses plages de sable bordées de dunes boisées du Nefzaois. La baie de Cap Negro est aussi agréable et chargée d'histoire que les rivages de Mahdia. Les hauts-fonds de Kerkennah et de Djerba, couleur de jade, ne sont pas moins tentants que les fosses bleu marine qui bordent les caps bizertins ou ceux du Cap Bon. Cependant, alors que les estivants se prélassent sur le sable chaud, se baignent avec plaisir, s'enfoncent dans les profondeurs marines pour découvrir de nouveaux paysages ou y pêcher leur repas, bien peu d'entre eux ont conscience que ces milieux sont extrêmement fragiles et de plus en plus agressés.
Sur le rivage, une bande de sable semble déserte. Mais de petits oiseaux, les bécasseaux, et de nombreux autres limicoles y déterrent, à coups de bec, de multiples êtres vivants – vers et mollusques – dont ils se nourrissent. Au-delà de cette zone, se développe toute une communauté de plantes, dont nous citerons deux espèces annuelles : le coquiller maritime aux petites fleurs violettes, odorantes, et le sou de Kali, qui servait autrefois à faire du savon.
Sur les premières petites dunes, se dressent les roseaux des sables et s'épanouissent les lis de sable parfumés qui deviennent de plus en plus rares. Entre les dunes, des salicornes et de la lavande de mer arrivent à pousser le long de lagunes pourtant bien souvent presque desséchées.
Même sur les rochers, la vie s'accroche et se développe. Sur les berges très escarpées de l'île de Zembra, l'anthyllide Barbe-de-jupiter (Anthyllis barba jovis), un bel arbuste argenté aux fleurs jaune pâle, le séneçon bicolore aux fleurs jaune orange, l'atriplex, et bien d'autres plantes croissent.
Parfois aussi, après une promenade sur les dunes du littoral, vous découvrez que vos jambes ou votre pantalon est tavelé de boulettes noires de mazout. Les déchets d'hydrocarbures, flottant sur la mer, sont emportés par le vent, et vont se déposer avec les embruns sur les plantes jusqu'à des dizaines de mètres du rivage ...
Pendant ce temps, l'urbanisation des côtes se poursuit à un rythme accéléré. De quel plan de gestion des déchets, ces réalisations sont-elles accompagnées ? Où iront les eaux usées, les ordures ménagères et les résidus des toilettes ? Dans la mer toute proche, là où vous vous baignez ? Dans la nappe phréatique ?
Les plus jolies plages ne sont plus que béton : Hammamet Sud s'allongera-t-elle bientôt jusqu'à Hergla qui, un peu plus tard, rejoindra Chott Myriam et Sousse ? Tout le golfe sera bâti, la nature en aura disparu et les bâtiments empêcheront même de voir la mer. Le sable n'arrivera plus à la mer qui « monte » au sens propre. Les plages disparaîtront comme à Hammamet.
Pourtant, ce n'est pas une fatalité. À Majorque, par exemple, une réussite touristique depuis près de deux siècles, des hôtels, construits en bord de mer, ont été détruits, et reconstruits à l'intérieur. La mer et le rivage ont été ainsi préservés et restitués aux promeneurs. Pourquoi ne pas faire de même en Tunisie ?
Le littoral invisible : le plateau continental
Le littoral ne se limite pas à ce que nous en voyons habituellement. Il se prolonge sous la mer et s'il est endommagé hors de l'eau, il l'est aussi au-dessous. Toute pollution du littoral finit dans la mer et atteint les fonds marins. Etes-vous sûrs de la qualité de ce qu'on pêche encore ?
Qui s'interroge sur les répercussions du blocage de l'arrivée des alluvions en mer du fait de la construction des barrages ? Pourtant elles sont évidentes dans le delta du Nil depuis la construction du barrage d'Assouan.
La chaîne alimentaire commence en effet avec l'eau, la lumière solaire, le gaz carbonique présent dans l'eau et aussi avec les sels nutritifs (dont les minéraux phosphatés présents dans les roches sédimentaires) souvent apportés par les cours d'eau. Grâce à ces éléments, la flore marine se développe par photosynthèse. Les algues, les plantes marines, le plancton végétal et le plancton animal sont consommés par les animaux marins.
Les herbivores sont consommés par des poissons carnassiers de taille plus importante.
Pour la plupart d'entre nous, les algues sont un désagrément. Pourtant elles constituent, avec le plancton végétal, l'essentiel de la flore marine et un maillon fondamental de la chaîne alimentaire. Elles sont mangeables et leur valeur nutritive est bien réelle même pour les hommes.
Enfin, elles entrent dans la réalisation de nombreux produits alimentaires, cosmétiques, médicamenteux et autres.
Les vertus des algues sont connues depuis longtemps et la recherche s'y intéresse de plus en plus.
La posidonie (Posidonia oceanica), malgré son nom latin, n'est pas océanique. Elle est endémique de la Méditerranée. En fait ce n'est pas une algue, mais une plante à fleurs, descendant d'un lointain ancêtre qui devait ressembler aux joncs. Elle se multiplie surtout par le bouturage naturel de fragments de plante arrachés par les vagues. L'herbier de posidonies est le biotope le plus riche et le plus productif de la Méditerranée : il abrite 25 % des animaux marins. Il produit 50 % de l'oxygène des mers. De plus, il stabilise les fonds en fixant les minéraux en suspension dans l'eau et, en atténuant la violence des vagues, il joue un rôle important dans la protection du littoral marin. Mais sa croissance est très lente. Il est donc important de le protéger.
La biomasse méditerranéenne semble avoir diminué de 50 % en 50 ans. Faut-il laisser les industries et les villes côtières continuer à polluer, par exemple, le golfe de Gabès, une des plus grandes frayères – sources de vie – de la Méditerranée ?
Et chacun de nous ne doit-il pas se sentir responsable des millions de mégots « cachés » dans le sable de nos plages mais qui mettront deux cents ans à se dégrader ? Savez-vous combien de millions de sacs, bouteilles et emballages en plastique, qui mettront des siècles à disparaître, reposent déjà au fond de l'eau ou ont été avalés par des poissons qui en sont morts ? Que deviendrons-nous quand tous les oursins, les coquillages et les poissons auront un vrai goût de mazout ou seront interdits à la consommation pour cause de toxicité ? C'est déjà le cas en Mer Baltique ! Dans l'Océan pacifique il existe un « continent » uniquement formé de déchets !
La Méditerranée, foyer de tant de civilisations prestigieuses, dont la nôtre, est déjà largement polluée. Il est temps que chacun d'entre nous prenne conscience que l'équilibre et la survie de notre littoral dépendent non seulement du comportement des industriels mais aussi de nos comportements individuels. Pensez-y !


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