L'un des agresseurs d'Elyes Chaouachi arrêté au Luxembourg    Mechket Slama Khaldi : la notation souveraine confirme la résilience économique de la Tunisie    Déviation partielle de la circulation près de l'Hôpital des grands brûlés à Ben Arous : prudence !    Mois du cinéma documentaire en Tunisie : une vitrine sur le cinéma indépendant et alternatif    Amen Invest, une nouvelle identité pour de nouvelles ambitions    L'IA désormais capable de détecter les signes précoces de la dépression    Kasserine : lancement d'un projet pilote pour gérer l'eau de ruissellement    Les réservoirs et hydrocarbures «non Conventionnels»: Un nouvel espoir pour l'Afrique du Nord et la Tunisie    Fin des privilèges à vie pour les anciens premiers ministres français    Elyes Ghariani - La solution à deux Etats: clé de la justice pour les Palestiniens et de la stabilité régionale    Ligue 1 – championnat national (6e journée) – USM : Frapper un grand coup    Ligue 1 – championnat national (6e journée) – ESZ : Garder la boussole    Championnats du monde d'athlétisme au Japon : Marwa Bouzayani en finale du 3000 m steeple dames !    Tunisie : une révolution médicale avec la nouvelle spécialité d'oxygénothérapie hyperbare    Bizerte : Plusieurs blessés dans le renversement d'un bus à Mateur    Enseignement supérieur : les bacheliers appelés à se connecter à l'application « Massari »pour confirmer leur inscription universitaire    Kalaâ El Kbira : un jeune homme hospitalisé suite à une piqûre de moustique    DECES : Radhouane Ben Salah veuf de Nadra Sakka    Diplomatie tunisienne : revenir aux fondamentaux et savoir avoir la politique de ses moyens    Global Sumud Flotilla : plus de 50 navires ont pris la mer pour livrer une aide humanitaire à Gaza    Investissements déclarés : la Tia confirme une dynamique positive sur les sept premiers mois de 2025    Abdelkader Ben Zineb : il y a une absence totale de coordination entre les fonctions législative et exécutive    Les enseignants en grève partielle pour dénoncer le blocage du dialogue social    Conect : un départ marquant au sein du bureau exécutif, Chekib Ben Mustapha se retire    Piraterie interdite : la FTF menace toute diffusion illégale des matchs de Ligue 1    811 écoles primaires privées en Tunisie    Crise des pharmaciens : Molka El Moudir dénonce l'inaction de la Cnam    Fadhel Jaziri - Abdelwahab Meddeb: Disparition de deux amis qui nous ont tant appris    Moins de chaleur, plus de vent : météo contrastée ce 17 septembre    Tunisie : La famille Mzali fait don d'une bibliothèque personnelle à la Bibliothèque nationale    Le dollar chute à son plus bas niveau depuis quatre ans contre l'euro    La Flottille de la Liberté mondiale en route vers Gaza : plus de 50 navires en mission humanitaire    Décès de Robert Redford légende du cinéma américain    Maher Kanzari face à la commission    Nafti renforce la coopération Arabo-Africaine à Doha    Chine : lancement réussi d'un satellite d'essai    Opportunité pour les filles tunisiennes de devenir ambassadrice d'une journée    Fadhel Jaziri (1948-2025): La pensée et le spectacle    Olivier Faure (PS) appelle à faire flotter le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre    Entre position et positionnement : la géographie ne suffit pas à comprendre la politique internationale    1,5 million de dollars pour faire de la culture un moteur de développement en Tunisie    Rentrée scolaire: le Président de la République Kaïs Saïed réaffirme son engagement pour l'égalité des chances pour tous    Enthalpie et âme: une poétique de l'énergie vitale    Ons Jabeur en passe d'ouvrir une nouvelle académie pour jeunes talents à Dubaï    Dar El Kamila à La Marsa ouverte au public pour les Journées européennes du patrimoine 2025    Hannibal Mejbri offre un immeuble estimé à un million de dinars à SOS villages d'enfants    Le gouvernement prépare l'inscription de Sidi Bou Saïd au patrimoine mondial de l'Unesco    La FIFA donne raison à la Fédération tunisienne : les joueurs avertis !    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le chauvinisme régionaliste : réalité ou fiction ?
En marge des violences de Bizerte
Publié dans Le Temps le 19 - 04 - 2013

Les dernières violences provoquées à Bizerte par une décision (politico sportive, d'après certains) de la Ligue Nationale de Football Professionnel, et les déclarations incendiaires qui les accompagnèrent favorisent d'une certaine manière la lecture « régionaliste » de cette actualité, jusqu'à hier encore tendue.
Les dirigeants sportifs du Club Athlétique Bizertin ont, en effet, joué un peu trop sur la corde chauvine, géographiquement parlant. Le Président du club, en particulier, parla de son équipe et de sa ville comme d'un Etat fédéral ou d'un 7ème Continent. Nous apprécions chez lui et chez certains de ses collaborateurs, cette défense obstinée de Bizerte et des Bizertins. Plaidoirie (à desseins électoraux, selon les langues malveillantes) qu'on a poussée à l'extrême par moments, jusqu'à par exemple nier la « bizertinité » des casseurs et des pilleurs qui ont mis en feu et à sac quelques administrations et entreprises de la mégapole nordiste. S'agirait-il donc de gangs d'immigrants « nouzouh » qui auraient infiltré les groupes de manifestants locaux ? Des « harragas » italiens, peut-être, qui auraient traversé clandestinement la Méditerranée en direction de notre Lampedusa nationale ! Ou alors des malfrats marseillais en manque de casse nord-africain ! Sinon des indépendantistes corses tentés par l'annexion du littoral tunisien le plus proche de leur île !!
Une nouvelle géographie des influences ?
En fait, et pour garder le sérieux requis en évoquant ces événements regrettables, nous pensons que dans plusieurs régions de l'intérieur tunisien, l'approche régionaliste est rarement écartée en commentant l'actualité politique nationale. Depuis l'ère bourguibienne, l'impression laissée par les dirigeants du pays auprès des habitants des gouvernorats « pauvres », c'est que le pouvoir chouchoute les villes situées sur la côte-est, en particulier celles du Sahel (Sousse, Monastir, Mahdia), celles du Cap-bon (Nabeul et Hammamet surtout), la Capitale et sa banlieue-nord, et enfin la ville de Sfax. De 1956 jusqu'à 2011, les grands décideurs politiques tunisiens ont toujours été « recrutés » parmi les personnalités sahéliennes, dans les familles tunisoises de souche (les «beldi) et au sein des technocrates sfaxiens ! Les politiques natifs des autres régions du pays ont rarement atteint les hauts postes de l'Etat, et ceux qui ont eu l'insigne privilège de les occuper n'y ont fait le plus souvent qu'une brève apparition. Aujourd'hui, deux ans après la Révolution, certains observateurs reviennent allègrement à la lecture régionaliste de l'échiquier politique : ils pensent que la Troïka a ce mérite d'avoir introduit le Sud (est et ouest) dans les grandes formations dirigeantes. Moncef Marzouki, Rached Ghannouchi et ses collaborteurs gabésiens, Ali Laârayedh et ses ministres médeniniens auraient, chacun de son côté, revu et corrigé la géographie des influences politiques dans la Tunisie post révolutionnaire.
L'Opposition et ses « régions »
En ce qui concerne l'Opposition, de nombreux commentateurs estiment que les principaux partis composant l'Union pour la Tunisie, entendez Nida Tounès et Al Joumhouri, ont à cœur de replacer politiquement les « Beldi » tunisois et à un moindre degré les Sahéliens, dont l'influence se serait considérablement affaiblie après l'avènement d'Ennahdha. D'ailleurs, certains observateurs convaincus de leurs thèses régionalistes, interprètent le net discrédit dont pâtit Abdelfattah Mourou (le Beldi) au sein de son parti islamiste et la courtoise mise à l'écart de Hamadi Jebali (le Soussien), comme un recentrage politique au profit des vainqueurs sudistes des élections d'octobre 2011. Al Moubadara, le parti de Kamel Morjane et sa nouvelle alliance destourienne oeuvrerait pour sa part dans le sens d'une réhabilitation des seules notoriétés sahéliennes (soussiennes et monastiriennes avant les autres). Le Front Populaire est présenté, quant à lui, comme le défenseur des régions les plus démunies de l'intérieur et plus particulièrement du Nord-ouest dont sont originaires beaucoup de ses leaders, du Centre et du Sud-ouest. Une telle lecture se défend parfaitement si l'on retient seulement les lieux de naissance de chaque haut dirigeant de la Troïka.
Tous dans le même pétrin
Or, en analysant la situation économique du pays dans sa totalité, on ne peut pas dire que la Révolution ait favorisé des régions aux dépens d'autres. Tous les Tunisiens se plaignent aujourd'hui de la marginalisation. Les infrastructures se dégradent partout ; le chômage s'aggrave et menace les populations des villes côtières tout autant que celles des villes de l'intérieur ; l'absence de nouveaux investissements est déplorée au Nord comme au Sud ; le pouvoir d'achat est au plus bas, de Bizerte à Ben Guerdane ; les promesses de projets « colossaux » ne sont tenues ni dans les petites ni dans les grandes agglomérations urbaines. En somme, la réalité économique et sociale continue de décevoir les Tunisiens dans toutes les villes et les régions, qu'ils aient ou non des « avocats » au sommet du pouvoir ! Alors ? Les tiraillements politiques régionalistes, est-ce une réalité ou un simple leurre ? Certains arguments de surface plaident en faveur de leur accréditation. On ne peut pas facilement enrayer le chauvinisme quasi viscéral de certains dirigeants ou formations imbus de leur « légitime » et « historique » ascendant sur les représentants des régions de moindre poids politique et / ou économique. C'est toute une mentalité injuste et discriminatoire qu'il s'agit de combattre en profondeur. Il n'en reste pas moins que la solution n'est pas de remplacer une discrimination par une autre. Une des principales revendications du soulèvement du 14 janvier était le développement équilibré des régions. Les deux Gouvernements de Mohamed Ghannouchi ont créé un nouveau ministère à cet effet. Quant à la Troïka, il y a lieu de se demander si elle a vraiment les moyens de ses ambitions. Les Tunisiens attendent par ailleurs de voir si le développement équitable des régions figure parmi ses plus urgentes priorités !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.