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"Les compétences personnelles et la stratégie marketing sont les ingrédients de réussite pour les hommes politiques"
L'invité du Dimanche: Taoufik Yaâcoub ( Directeur de l'IPSI)
Publié dans Le Temps le 28 - 04 - 2013


Interview réalisée par Faouzi KSIBI
La communication politique est une nécessité des plus urgentes dans ce contexte très délicat que vit le pays. Son importance est d'autant plus accrue que les débats entre protagonistes deviennent de plus en plus polémiques au point d'en venir aux mains, et la violence supplée au dialogue. A qui imputer la responsabilité de ces dérapages dangereux ? Aux politiques qui communiquent mal ou bien à certains journalistes qui participent à l'excitation des esprits sciemment ou non par leur manière d'animer les débats? Sur quel compte doit-on mettre cette zizanie qui s'installe dans notre paysage politique ?
Sur celui de l'initiation aux pratiques démocratiques ou bien, sur celui des médias qui ne maîtrisent pas encore bien leur matière? Notre invité, dont l'institut qu'il dirige et qui vient d'organiser un colloque international sur cette question ardue qu'est la communication politique, va répondre à toutes ces questions qui nous interpellent et à tant d'autres inhérentes, notamment, au profil de journaliste qu'on confectionne au sein de cet établissement universitaire.
-Le Temps : le choix de la date de l'organisation de ce colloque a-t-il une relation avec la conjoncture que vit le pays ?
-Mr Yaâcoub : l'organisation de ce colloque international s'inscrit dans la tradition de l'IPSI qui veut qu'à la fin de chaque mois d'avril nous en organisons un auquel participent des chercheurs tunisiens aux côtés de chercheurs maghrébins, arabes, africains, européens et, parfois, américains.
-Pourquoi avoir choisi le thème de la communication politique pour cette édition?
-Ce choix n'est pas fortuit, il a été bien étudié pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce que la Tunisie, qui était privée de telles traditions à cause des longues années de la dictature noire dans laquelle elle a sombré, éprouve un grand besoin pour ce genre d'activité et ce genre d'expertise qui traitent les différentes difficultés sous leurs angles variés. Leur apprentissage par les divers partis politiques est de nature à leur permettre d'acquérir ce savoir-faire, qu'est la communication, pour pouvoir réussir cet examen capital qu'est la transition qu'on espère être, vraiment, démocratique. La seconde raison de ce choix c'est le master professionnel en communication politique que nous avons lancé cette année.
-Parlez-nous des thèmes qui ont été développés dans le cadre de ce colloque.
-Il y a eu des interventions à caractère scientifique où certains ont essayé d'élucider des concepts tels que la communication politique en rapport avec l'opinion publique, les médias classiques et les nouveaux médias et leurs effets sur celle-ci, et bien sûr les sondages, le canal par lequel se manifeste cette opinion et qui constitue, donc, un instrument essentiel dans cette opération. Comme vous le voyez, les thèmes étaient très diversifiés et les débats, également, très intéressants, et comme chaque année, les travaux de ce colloque vont être publiés dans un ouvrage. Et là, je ne laisse pas l'occasion passer sans saluer la Fondation Konrad Adenauer qui a toujours soutenu nos activités scientifiques. J'espère que nous avons réussi à atteindre nos objectifs.
-Le thème de ce colloque est « la communication politique dans le monde arabe et en Afrique », alors qu'on n'y a vu aucun Africain. Comment expliquez-vous cette absence ?
-On a programmé deux intervenants de ce continent qui sont Congolais. Ils ont envoyé les abstracts, c'est-à-dire les résumés de leurs travaux qu'ils allaient présenter, mais malheureusement, ils n'ont pas pu venir pour des raisons logistiques. D'ailleurs, ils ne sont pas les seuls à avoir manqué ce rendez-vous, il y en a bien d'autres à l'image d'une participante iraquienne et de trois ou quatre chercheurs qui travaillent dans les pays du Golfe et qui étaient empêchés de prendre part à ce colloque pour des considérations personnelles bien qu'ils aient envoyé leurs travaux qui vont être publiés dans le livre que j'ai cité précédemment.
-Peut-on dire que l'IPSI est l'établissement universitaire qui a le plus profité de l'après 14 Janvier ?
- Effectivement, c'est une réalité que je ne peux pas nier. Notre institut est l'unique établissement public qui a la charge de former des journalistes et des communicateurs, c'est-à-dire qu'il fait partie intégrante du paysage médiatique tunisien. Ceci dit, tous les médias ont bénéficié de cet élan de solidarité internationale assuré par les diverses fondations et organismes qu'ils soient officiels ou officieux. Ces aides précieuses présentées sous forme de sessions de formation d'étudiants et de formateurs ou d'équipements vont, certainement, profiter à ces médias qui représentent le socle de l'évolution de la situation politique en Tunisie. Ce soutien réel est susceptible de leur fournir l'opportunité d'assumer leur devoir comme il se doit en jouant leur rôle de « watch dog » (chien de garde). Nos pourvoyeurs de services et de fonds sont la BBC, dans le cadre de partenariat, Dolce Villa, Fondation Konrad Adenauer, les médias et les organisations français tels que France 24, on les salue tous pour le plus qu'ils ont apporté à l'IPSI et qui va, assurément, se répercuter, positivement, sur la formation des étudiants. C'est ce qui doit se produire quand on vous modernise les équipements d'un studio radio ou d'un studio télévision. L'année dernière, par exemple, nous avons bénéficié d'un lot d'équipement qui nous a permis d'en numériser un, et cette année, l'ambassade américaine nous a fait don de matériel, et, prochainement, nous allons en recevoir d'autre, gracieusement, qui sera, également, numérisé, et ce de la part de Dolce Villa dans le cadre du partenariat qui nous lie. Il faut ajouter à tous ces avantages matériels un autre volet de cette coopération, à savoir les stages dont ont profité les étudiants en licence ou en master pendant ces deux dernières années. L'année précédente, les Etats Unis en ont accueilli 9 parmi eux, et actuellement, nous avons un programme consistant à en envoyer deux chaque mois pour un stage d'un mois à la Dolce Villa, la télévision en langue arabe. Et je tiens à préciser qu'ils ne font pas le voyage pour le tourisme, mais pour travailler réellement. Lors d'un séjour qu'ils ont passé en Allemagne, les enseignants ont vu à l'œuvre ces étudiants qui étaient, en l'occurrence, deux filles en master qui travaillaient comme de véritables professionnelles et ont même reçu des offres de travail de la part de cette télévision.
-Excepté ces bailleurs de fonds étrangers, est-ce que vous bénéficiez de subventions de la part de l'Etat ?
-On perçoit, bien sûr, le budget normal qui est alloué par le ministère de tutelle. L'université répond, toujours par l'affirmatif quand il s'agit de besoins pressants, mais on ne peut pas en demander trop, vu la situation actuelle que traverse le pays. Les gros investissements concernant, par exemple, les équipements que ce soit au niveau de la radio ou de la télévision nécessitent un peu de temps, on ne peut pas, certainement, les exiger aujourd'hui pour les avoir demain, il s'agit là, comme je l'ai dit, d'investissements lourds qu'il faut planifier à l'avance et on doit patienter pour les avoir.
-Mais est-ce que cette assistance matérielle que vous accorde l'étranger permet-t-elle de former de bons journalistes en l'absence du niveau scientifique escompté surtout sur le plan linguistique à cause des défaillances de notre système éducatif qui n'est plus un secret pour personne?
-C'est vrai, là, vous mettez le doigt sur une question très importante, à savoir le profil du bachelier qui va intégrer l'IPSI. Auparavant, les portes étaient grandes ouvertes à tous ceux qui désiraient s'y inscrire, et parfois, non pas par une motivation réelle, mais, plutôt par fascination vis-à-vis de l'image stéréotypée du présentateur de télévision, c'est-à-dire que le vrai mobile pour certains c'était d'être des vedettes. Cette année, et après une longue bataille, on a pris la décision d'instituer un concours et le ministère a accepté le principe suite à de longues années de tergiversations, cela va nous permettre de sélectionner les meilleurs parmi les candidats désireux d'accéder à notre institut selon un certain nombre de critères qui sont au nombre de trois : la maîtrise de la langue, une culture générale assez étoffée et une réelle motivation. Ce sont les conditions sine qua non pour avoir le profil adéquat et pouvoir postuler au métier de journaliste. Toutefois, comme vous l'avez mentionné, la question est beaucoup plus structurelle, étant donné que depuis, pratiquement, vingt ans, c'est-à-dire depuis les années 90, le système éducatif en Tunisie comme, dans tous les autres secteurs, d'ailleurs, a été malmené, c'est le moins que l'on puisse dire à ce propos. Ce système était géré par des considérations purement politiques qui visaient à farder la réalité décevante par le passage systématique qu'on a instauré à tous les niveaux de l'enseignement depuis le primaire jusqu'au supérieur et dont on a fait la règle. Le régime ne pensait qu'aux effectifs et aux statistiques pour donner l'impression qu'il y avait des taux élevés de gens diplômés et cultivés. Et après deux décennies de cette politique catastrophique, le résultat est là, nous avons des bacheliers qui n'ont pas le minimum requis, en particulier, au niveau de la maîtrise des langues y compris la langue mère. Ils ont des difficultés à rédiger d'une manière correcte, ce qui complique notre tâche parce que, de toute évidence, on n'est pas là pour leur apprendre cette compétence qu'ils sont censés avoir acquise bien avant, tout au long du processus scolaire, d'autant plus que notre objectif c'est de leur prodiguer les manières de rédiger des articles de presse, c'est-à-dire qu'à ce niveau avancé notre rôle consiste à les initier à cette profession en leur permettant de s'en approprier les techniques et non pas à faire marche arrière en leur assurant une formation linguistique sans laquelle tout cet effort serait voué à l'échec. Nous affrontons, réellement, un gros problème avec ces bacheliers qui débarquent chez nous en traînant des difficultés gênantes.
-Le concours a-t-il résolu vos problèmes ?
-Oui, mais partiellement, car comme je l'ai dit plus haut, le problème est d'ordre structurel, ce qui veut dire qu'il faut qu'il y ait une refonte totale du système éducatif pour que l'on puisse dépasser ces défaillances et ressusciter ce profil de bachelier d'antan qui avait une maîtrise des langues assez performante. Il ne faut pas oublier qu'à une certaine époque le bac tunisien avait une valeur bien meilleure que le bac français, et les détenteurs de ce diplôme pouvaient accéder à n'importe quelle université et à n'importe quelle école supérieure sans même passer par un test d'évaluation, ce qui n'est, malheureusement, plus le cas actuellement. Il est urgent qu'on fasse vite à ce niveau pour restituer à la Tunisie cette qualité d'enseignement qui faisait d'elle un pays du savoir, qui était un produit du terroir et qui lui attirait la jalousie dans le tiers monde.
-En tant que communicant et journaliste, comment jugez-vous la maîtrise de la communication politique par nos hommes politiques ?
-En fait, vous évoquez plusieurs volets dans cette question. Nous avons, tout d'abord, les compétences personnelles chez l'homme politique que ce soit au niveau de la communication verbale ou gestuelle, c'est-à-dire sa manière de se présenter, et d'affronter les médias. Il y a, ensuite, la question de stratégie marketing, et là, c'est une autre dimension de la communication politique, et là, on est devant une autre question qui a un rapport avec les spécialistes en la matière. Il faut dire que, d'après ce qu'on voit sur les plateaux de télévision, il existe des hommes politiques qui ont une certaine présence aussi bien en face des médias qu'en face du public. Et j'ai même entendu que des partis ont organisé des formations pour leurs futurs candidats aux prochaines élections afin qu'ils puissent communiquer, aisément, avec ces acteurs de la scène publique, on essaye de leur apprendre comment prendre la parole sur un plateau de télévision, comment agir d'une manière adéquate lors d'une conférence de presse, etc. Pratiquement, tous les partis politiques ont pris conscience de l'importance de ces compétences communicationnelles pour attirer le maximum d'attention au niveau des médias et aussi dans les contacts directs pendant les rencontres organisées avec le grand public. Cependant, la question ne s'arrête pas à ce niveau, elle va bien au-delà. En effet, quand on parle de communication, il ne s'agit pas, seulement, de compétences personnelles, la stratégie globale concernant les partis intervient, également, dans cette sphère, d'autant plus que la prochaine échéance électorale est, espérons-le, pour bientôt. Donc, avoir une stratégie claire et bien ficelée s'impose à tous ceux qui en sont concernés. Il est vrai qu'une telle entreprise ne s'apprend pas du jour au lendemain et que c'est une pratique qui nécessite une certaine tradition, mais cela n'empêche que les partis politiques sont invités à s'y mettre dès maintenant. Et j'ai l'impression que, du moins, les mieux lotis d'entre eux ont commencé à penser, sérieusement, à cette question capitale et dont les répercussions seront déterminantes dans le décompte final.


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