L'opéra lyrique se produit encore une fois sur la scène tunisienne, ce soir au Théâtre municipal, avec une nouvelle représentation de « La Bohème » de Puccini grâce à une collaboration croisée entre l'Institut Supérieur de Musique de Tunis, le Théâtre national, la Municipalité de Tunis et le théâtre de l'Opéra de Rome. Un spectacle qui aura lieu sous le signe du printemps, avec la direction artistique de Hristina Hadjieva et la participation du ténor italien, Giorgio Casciarri et celle de Toyoko Azaiez au piano. A cette occasion, nous avons invité M. Luigi Merolla, directeur de l'Institut Culturel italien à Tunis et initiateur du projet, pour qu'il nous parle de ces soirées de chant lyrique qui font le plein à la bonbonnière ! Le Temps : depuis le début de votre mission à Tunis à la tête de l'Institut culturel italien, vous vous êtes associé avec l'Institut Supérieur de Musique de Tunis pour monter un projet qui n'est pas des moindres, à savoir le retour de l'opéra italien auprès des jeunes générations tunisiennes… Comment ce projet a-t-il vu le jour ? Luigi Merolla : nous avons constaté que de jeunes tunisiens au talent raffiné s'intéressent de plus en plus au chant lyrique malgré le manque de moyens, ce qui nous a incité à les encadrer en leur proposant une formation musicale et linguistique qui leur permettra de se produire dans le cadre du festival de musique symphonique d'El Jem, au Théâtre municipal de Tunis et à l'Acropolium de Carthage et de collaborer avec une Institution internationale comme le célèbre théâtre de l'opéra de Rome. *Pourriez-vous nous présenter le spectacle de ce soir ? -Nous invitons les mélomanes tunisiens à vivre de beaux moments de chant lyrique, en compagnie de « La Bohème » de Giacomo Puccini. Il s'agit de la première représentation multimédia d'un opéra complet à Tunis et qui fait suite à une ultérieure étape du projet de lancement de l'opéra lyrique en Tunisie, entamé avec la représentation de « La Traviata » de Verdi en juin 2012. Un projet qui a donné également naissance à la soirée de gala « Opéra et Tunisie » en guise de clôture de la programmation culturelle de notre Institut en décembre 2012, puis l'hommage à Giuseppe Verdi en février 2013 et plus récemment, la mise en scène de « La Serva Padrona » de Pergolèse en avril 2013. Nous dirons que notre fructueuse collaboration avec l'Institut Supérieur de Musique et le Conservatoire de Tunis a permis d'encourager et de mettre en valeur de jeunes artistes tunisiens talentueux qui ont été ovationnés à chaque occasion. *Mais votre collaboration avec les Tunisiens ne cesse de se consolider au fil des jours pour impliquer d'autres partenaires ; lesquels ? -En effet, vu le grand succès enregistré au cours des précédents spectacles, nous avons élargi le réseau de collaboration en impliquant d'autres partenaires culturels de notoriété dans le pays, notamment le théâtre National tunisien qui grâce au louable geste de son directeur Anouar Chaafi, a fourni les scénographies et accessoires scéniques. Nous signalons également la collaboration de Salem Labbène, acteur, écrivain et compositeur tunisien qui a contribué à la réalisation de la mise en scène. Salem Labbène connu sous le nom d'Al Hakawaty, sous lequel il signe ses livres, est un romancier (Prix Comar 2012), journaliste, poète , homme de théâtre, musicien et éditeur, (fondateur directeur du groupe LEPTYPONT de recherches musicales et scéniques) ,et fondateur de « Passerelles », Association Tunisienne des Arts, des Lettres et de l'inter-culturalité Maghreb-Méditerranée. Salem tiendra dans l'opéra de Puccini, le rôle « d'Alcindor », un vieux et riche séducteur qui s'amourache d'une jeune fille qui pourrait avoir l'âge de sa fille…Il la comble de cadeaux et suit ses traces partout où elle va pour découvrir qu'elle ne l'accompagne que pour défier son amant… *Quel a été l'apport de la prestigieuse Institution italienne qu'est le Théâtre de l'Opéra de Rome, dans cette opération, surtout que les costumes ont été amenés d'Italie spécialement pour l'occasion? - Le Théâtre de l'Opéra de Rome a été impliqué dans la réalisation d'une mise en scène moderne et spectaculaire. Nous avons pu disposer de la précieuse collection de costumes de Santuzza Cali, utilisés lors de la représentation de « La Bohème » qui a eu lieu en 1981 au Théâtre de l'Opéra de Rome. De même, de sublimes esquisses de Pierluigi Samaritani, réalisées en 1973 pour le Théâtre de l'Opéra de Rome, seront projetées sur grand écran (de 7m sur 4m). Le chœur, présent principalement lors du deuxième acte, sera assuré par une vidéo de l'édition 2011 de La Bohème, dirigée par James Conlon. *Si vous nous présentiez « La Bohème » et ceux qui seront sur scène du côté aussi bien tunisien qu'italien ! -C'est un opéra en quatre tableaux de Giacomo Puccini, sur un livret de Giacosa et Illica, d'après le roman d'Henri Murger « Scènes de la vie de bohème », et son adaptation théâtrale « La vie de bohème ». Composé entre 1892 et 1895, l'opéra fut présenté le 1er février 1896 au Teatro regio de Turin sous la direction d'Arturo Toscanini. L'action se déroule à Paris entre 1830 et 1831 ; une bande d'étudiants sans le sou, compte sur les joies de la vie pour égayer un peu son quotidien misérable et en filigrane, une histoire d'amour sans lendemain entre Mimi et le poète Rodolfo. Les personnages sont : Rodolfo (Giorgio Casciarri, ténor originaire de Florence, de renommée mondiale), Mimi (Henda Ben Chaabane), Marcello (Haythem Hadhiri, baryton), Musetta (Amèni Ben Tara), Schaunard (Haythem Gdiri), Colline (Makram Ksouma) et Alcindor (Salem Labbène), sans oublier la participation des étudiants de l'ISMT et des enfants du Conservatoire de Musique Founoun. La direction technique et costumes est signée, Francesco Reggiani (directeur de l'archive historique de l'Opéra de Rome) et Alessandra Malusardi (directrice adjointe). Un très beau spectacle en perspective ! Propos recueillis par : Sayda BEN ZINEB