Le conseil d'administration de la Banque Centrale de Tunisie tenu avant-hier a traité comme à l'accoutumée de l'évolution mensuelle de la rétrospective économique nationale. Principale conclusion : les indicateurs d'activité au terme des cinq premiers mois de l'année 2013 atteste d'une morosité économique et d'une régression de la croissance par rapport à la même période de l'année antérieure. Rien que le taux de croissance réel qui a chuté pour passer de 4,6% au cours du premier trimestre 2012 à 2,7% au terme de la même période de l'année en cours, l'atteste. Un ralentissement qui va à contre sens des déclarations du gouvernement provisoire toujours relayées laissant croire à l'amélioration des indicateurs économiques. Réaliser un taux de croissance de 4% en 2013 serait-il du domaine di possible ? Les fondamentaux de l'économie sont aujourd'hui biaisés. Chiffres à l'appui : les secteurs de l'agriculture et de la pêche affichent un repli de 1,6%. De même pour les industries non manufacturières, où la chute prépondérante de l'activité minière et de phosphate n'a pas manqué d'abaisser de 0,2% l'accroissement du secteur. La seule embellie tient à l'amélioration de l'indice de la production industrielle et à l'évolution positive des secteurs des industries manufacturières, des services et des télécommunications. Par ailleurs, l'évolution de la conjoncture nationale fait état d'un élargissement du déficit courant, d'un net ralentissement des avoirs nets en devises, d'une dépréciation brutale du dinar face à l'euro et au dollar, de la poursuite des tensions inflationnistes et de la baisse du concours bancaire à l'économie. Les réserves de change sont aujourd'hui à 95 jours d'importation contre 112 jours à fin 2012. Une chute expliquée par la forte demande en devises enregistrée au cours du mois de mai et par la spéculation des acteurs sur le marché. D'où le glissement brutal de la monnaie locale. A noter que le dinar s'est déprécié de 4,1% vis-à-vis de l'euro et de 6,1% par rapport au dollar américain. La BCT a intervenu sur le marché pour régulariser le taux de change en injectant près de 350 millions de dollars. Ceci dit, la BCT sera peut-être amenée à restreindre le volume des importations, notamment celles qui contribuent abusivement à élargir le déficit commercial et à pénaliser le dinar. Pour ce qui est de l'évolution des prix à la consommation et malgré les mesures prises par le gouvernement pour ajuster à la baisse certains prix des produits de consommation courante, les tensions inflationnistes persistent pour atteindre le seuil de 6,4%. Sur le marché bancaire, la BCT note l'amélioration de la liquidité bancaire et le maintien à la hausse du taux d'intérêt moyen pour atteindre 4,7% en avril. Un taux excessivement élevé qui explique la décélération continue des concours bancaires à l'économie, même si l'institution d'émission affirme que l'augmentation des crédits au cours de la même période de référence a concerné les investissements productifs et ce au détriment des crédits à la consommation. Compte tenu de l'évolution de la conjoncture nationale, lésée par un environnement politique et sécuritaire envenimé, l'économie nationale risque de poursuivre sa descente aux enfers. La baisse prépondérante du rythme de la croissance par rapport aux prévisions risque de pénaliser la création d'emplois pour l'année en cours et les décideurs économiques auront du mal à sortir d'un tunel lézardé risquant à tout instant de s'effondrer.