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Un poème fait le printemps
«Printemps des poètes» au Club Tahar Hadad
Publié dans Le Temps le 30 - 05 - 2013

« La poésie doit être faite par tous. Non par un. Toutes les tours d'ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et l'homme s'étant, enfin, accordé à la réalité qui est sienne, n'aura plus qu'à fermer les yeux pour que s'ouvrent les portes du merveilleux. »
Paul Eluard
Et les portes de ce lieu mythique se sont ouvertes pour accueillir, en toute simplicité, tous les poètes désireux de fêter les vers. Malgré l'âpreté d'un printemps plutôt houleux et inquiétant dans la cité, celui de la poésie étala sa splendeur.
Reçus parHoudaBouriel, la maitresse des lieux, aimable et affable, accueillis par Maouia Gharbi et Mahdi Mastouri, souriants et disponibles, les participants à la manifestation ont été confiés au maitre de cérémonie Hatem Bouriel à la verve inégalée, ayant un mot de bienvenue pour chacun, un compliment spontané, offrande généreuse.
Beau moment d'échanges des mots sublimés des réflexions et des rires. Les mots ont éclos, se sont envolés, ont rempli l'espace de leurs cris, bruissements, chuchotements, murmures.
L'invité d'honneur, le tuniso-algérien Kamel Dardour nous a enchantés avec ses « Câlins éloquents », « Vesprée », jeux de mots espiègles qui se répondent, s'enlacent, se délacent, invoquent des sonorités particulières, se livrent et se dérobent au rythme de la déclamation. Humour et déraison et la raison qui chavire. Mais aussi des mots qui saignent :
« Oh ! Ma vie !
Ma calamité !
L'échec dans toute sa splendeur
Je ne pus
Jamais accoster
La sacrée rive
Du bonheur »
Amel Chérif, à la voix suave, nous a offert des vers aériens de son recueil « Le chemin de corail »
« Liberté. Liberté
Il y a l'appel de ton ombre
Tu es le gouffre de l'étoile
Tu es le regard mutilé de cette mère
Tu es l'absente au cœur qui bat
Tu es cette pierre sur le carré inachevé de mes jours
Tu es cette terre qui couve mon agonie »
Un volcan couve sous les mots à l'insoutenable légèreté. Les mots disent la désespérance de l'exil et l'illusion des mirages.
Saloua Mestiri est en quête d'un langage perdu, celui des origines, sibyllin et envoutant. Riche d'une expérience mystique, elle tente d'exprimer l'indicible, de mettre en mots l'infime de la vie qui exprime la vie, sa profusion et sa richesse.
« Mes mots Egarés dans les ressacs De leur mise à sac Sont en quête de beau Leurs rots Qui mettent mes couplets en lambeaux Ne cessent de faire des sauts Dans le lieu- dit écho Empruntant à leur cachot
Des chants en porte-à-faux »
ImenLaabidi a crié la douleur de l'amour malheureux, le désarroi de la rupture, l'amertume de l'absence et du manque de l'aimé : « J'ai brulé mon dernier rêve avant qu'il ne s'achève Et j'ai prié une dernière fois que tu restes dans mes bras » Elle dit cette douleur lancinante du départ et l'enfer de l'abandonné, demeuré seul avec le poids des souvenirs et du désenchantement.
Fatma Mekni a offert son poème à la Tunisie éplorée après l'assassinat du martyr ChokriBelaid. Elle dit le désespoir, le deuil d'une population ébranlée par cette tragédie, les larmes et les sanglots, les gémissements et l'écartèlement : « Ma Tunisie O toi ! Glorieuse Tunisie
Tu es triste aujourd'hui J'entends tes cris Et celui de tes enfants On t'humilie On te détruit On te meurtrit Tes enfants ne se supportent plus. Mais, tout est enseignement Sans haine, nous effacerons nos peines Et te reconstruisons Merveilleuse Tunisie »
Sabrine N'goy a déclamé, chanté un magnifique poème à la gloire de la beauté noire. Ce fut du théâtre, de la musique et de la danse à la fois. Une belle chorégraphie en hommage à la beauté de la femme noire pour combattre ces préjugés fallacieux qui font de la couleur blanche, le critère unique de la beauté. Aérienne, elle nous a conquis.
BoutheinaBoughnimLaarif nous a livré des poèmes qui évoquent le corps féminin :
« Le corps d'une femme Est le berceau de l'univers
Où gravitent les astres de lumière
Et où deux étoiles : l'une en cendre
L'autre en braise Scintillent au reflet de comètes qui s'embrasent » Les mots coulent limpides et lumineux, sans « rien qui pèse ou qui pose. » Elle décrit la colère d'une femme et les vers se font houle :
« La colère d'une femme
Est un ouragan, une tornade
Où elle se brise la nuque
Et les rêves torrides
La colère d'une femme
Est une flamme
Dans un nid de charbon. »
Mokhtar Al Amraoui « rompt avec l'accoutumance » selon la formule de Saint-John Perse. La voix module les mots, les livre à la respiration qui les transforme en cris lancinants pour décrire le drame de l'émigration et appeler cette mère qui manque : « OmmiYéma Ya Mima
Le bateau m'emporte
Loin de tes yeux enflammés
La mer me balance
Loin de tes bras qui tremblent. »
Le drame de l'exil, la douleur du partir et la déchirure de la séparation. Cri qui écartèle : « Ils m'ont fouillé
Jusque dans mes plus petits souvenirs
OmmiTes yeux humides tes yeux qu'ils fouillent
Dans ma valise qui grelotte. » Ensuite, il livra à un exercice étonnant de jeux de mots, jeu sur les sonorités et calembours pour dénoncer l'occupation et l'impérialisme. « Ils viennent les vautours
Pour nous donner La becquée civilisatrice
A nous Becs-bicots
Becs secs bourricots
Ils viennent nous donner La becquée-art
La becquée-dollar
La becquée-science
La becquée-liberté
La becquée-hasch
La becquée bombe H
La becquée-inflation. » Des mots qui tonnent, qui grondent pour exprimer la colère et l'indignation contre l'arbitraire.
D'autres amoureux de poésie nous ont fait don des vers essaimés et partagés dans une joie partagée. Hatem Bouriel nous a gratifiés d'un poème pour clore ce moment fort convivial : « De cette soirée, il ne reste maintenant plus rienSinon une mystérieuse présence sans attendre
Sinon une immobile origine sans fin
Cela qui se répand sur toute chose
Cela qui est toute chose. » La poésie se nourrit de poésie, de mots en écho aux mots, de retrouvailles des mots, d'alchimie secrète et mystérieuse. C'est ce don qui est espoir et vie. Le combat pour les mots libres, sans entraves est essentiel. La poésie doit avoir droit de cité pour la vie et pour l'avenir, pour les traces que chaque poète laissera, chemin et lumière.


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