Le parti « Al Massar », la voie démocratique sociale, a annoncé, hier, qu'il refuse et rejette en bloc le projet de la nouvelle constitution tunisienne avalisé, le 1er juin par le président de l'Assemblée nationale constituante, en prévision de sa présentation pour discussion en séance plénière par l'Assemblée nationale constituante. Le Front populaire avait opposé, mardi dernier, son refus à ce projet de constitution. Lors d'un point de presse tenu, hier, au siège du parti Al Massar, à Tunis, son porte parole Samir Taïeb a affirmé que ce projet de constitution ne répond pas aux attentes du peuple tunisien bien que cette version, la troisième, comporte des améliorations par rapport à la précédente version, a-t-il dit. La marque du rapporteur général Samir Taïeb a estimé que le rapporteur général, Habib Khédhr, un élu du mouvement Ennahdha, principal parti de la coalition gouvernementale, a pris beaucoup de liberté dans la rédaction du projet de constitution proposé, se contentant de s'inspirer des rapports des commissions au lieu de les adopter sans les toucher, car les résolutions des commissions sont le fruit d'un consensus général entre les différentes forces politiques. Le projet de constitution soumis porte de bout en bout la marque du rapporteur , a affirmé Samir Bettaieb. Il a ajouté que les commissions ont constaté, en effet, que des dispositions qu'elles ont proposées ont été supprimées et ne figuraient pas dans le texte soumis alors que d'autres dispositions n'ayant pas été avancées ont été ajoutées par le rapporteur, de son propre chef. Le porte parole du parti Al Massar a fait remarquer que le président de l'Assemblée nationale constituante a entériné ces modifications apportées par le rapporteur général. A cet égard, le porte parole du parti Al Massar a signalé la déclaration publiée à ce sujet, jeudi 6 juin, par l'Union pour la Tunisie dont Al Massar fait parie, aux côtés du mouvement Nida Tounès, du parti socialiste, du parti du travail patriotique et démocratique et du parti républicain, Al joumhouri, et dans laquelle cette coalition politique dit refuser les lacunes qui entachent le projet de constitution soumis et plus particulièrement les dispositions intérimaires figurant dans le chapitre 10 qui vident la constitution de sa substance . Les partis qui la composent ont réclamé de retourner le projet de constitution, de nouveau, aux commissions et de créer une commission constitutionnelle ad hoc pour le chapitre des dispositions intérimaires en particulier. Articles contestés D'après Samir Taïeb et la déclaration de l'Union pour la Tunisie, les réserves émises concernent plusieurs articles dont l'article 141 relatif à l'amendement de la constitution, l'article 30 relatif aux libertés politiques qui conditionne leur exercice aux dispositions de la loi, l'article 76 relatif à l'âge maximum d'éligibilité à la présidence de la république, l'article 6 relatif à la neutralité des mosquées ( il a été proposé d'assurer la neutralité des mosquées par rapport à toute instrumentalisation politique mais le texte propose une neutralité par rapport à l'instrumentalisation partisane, ce qui laisse le champ libre aux associations d'instrumentaliser les mosquées). Sont aussi refusées les dispositions de l'article 176 portant sur les prérogatives du président de la république et qui font du chef de l'Etat « un véritable pantin » (tartour, en arabe),par rapport au chef du gouvernement, a estimé Samir Taïeb qui a signalé qu'il a été convenu à l'origine, au sein des commissions, d'adopter un régime politique équilibré qui garantisse l'équilibre entre le président de la république et le chef du gouvernement, au niveau du pouvoir exécutif, ainsi que l'équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Il a aussi critiqué les dispositions relatives à la Cour constitutionnelle stipulant qu'elle ne peut se prononcer sur la constitutionnalité des lois, que trois ans après sa mise en place, mais les tribunaux ordinaires n'ont pas été habilités à juger, entre temps, de la constitutionnalité des lois, ce qui laisse le champ libre à la majorité parlementaire pour faire passer toutes les lois à sa convenance. Le porte parole d'Al Masser a réclamé la poursuite du dialogue entre les diverses forces politiques et nationales du pays pour pallier toutes ces lacunes. D'autant qu'en l'état actuel de la réglementation en vigueur, la limitation de la période de transition est floue. S'unir contre le terrorisme Les derniers développements dangereux enregistrés dans les risques terroristes menaçant la Tunisie, après les nouvelles explosions de mines au mont Châambi, aux environs de zones habitées, à Kasserine, ont été aussi abordés par Samir Taïeb. Le porte parole d'Al Massar a souligné la nécessité de s'unir pour combattre le terrorisme avant qu'il ne puisse s'installer et prendre pied en Tunisie, évoquant les mises en garde adressées aux autorités, depuis longtemps, pour qu'elles prennent au sérieux les menaces terroristes et fassent preuve de la fermeté nécessaire à l'encontre des mouvances qui adhèrent à son idéologie. Il a affirmé qu'il n'est pas question d'engager le dialogue avec ceux qui portent les armes contre les citoyens tunisiens, notant que ce qui rend ces menaces plus dangereuses et appelle à y faire face en front uni et avec tous les moyens possibles, est la présence d'éléments étrangers et non tunisiens parmi les groupes terroristes découverts en Tunisie, notamment parmi les terroristes de Châambi. Il a affirmé l'engagement de son parti à assumer son rôle dans cette lutte nationale contre le terrorisme jusqu'à son éradication totale.