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Fayçal DERBEL, Expert Comptable et membre du comité directeur de l'IACE fait le point sur la situation économique et propose une feuille de route de trois axes Focus :
En finir avec le dossier des hommes d'affaires ; des textes de lois exceptionnelles à caractère socio-économique sous forme de décret-loi; une trêve des grèves ; des mesures fiscales exceptionnelles, des réformes bancaires et touristiques Décideurs, économistes, hommes d'affaires et experts s'accordent à dire que la situation économique du pays n'est guère reluisante. Chiffres à l'appui, les indicateurs micro et micro-économiques sont au plus bas nécessitant un plan d'urgence pour sauver la manne. Fayçal Derbel, Expert Comptable, Universitaire et membre du comité directeur de l'IACE a proposé un diagnostic sur la situation économique et a présenté une feuille de route pouvant mener à une sortie de crise. Les professionnels retroussent les manches pour s'impliquer davantage dans le processus de relance pour sauver « leur gagne-pain ». Il reste à nos gouvernants de leur prêter oreille attentive et de cesser une fois pour toutes à miroiter le faux prétexte du complot. En se basant sur l'analyse économique élaborée par Fayçal Derbel, nous constatons que les indicateurs macro-économiques clignotent au rouge et qu'il y a un grand écart entre les réalisations observées au cours des quatre premiers mois de l'année 2013 et celles observées au terme du premier trimestre 2012. Notamment : l'élargissement du déficit budgétaire, la baisse des ressources propres, le déclin des IDE, la baisse des recettes touristes, la chute des avoirs en devises sans omettre l'augmentation des dépenses courantes et la persistance des tensions inflationnistes. Elargissement du déficit budgétaire au premier trimestre 2013 Le solde budgétaire a accusé au cours des quatre premiers mois de l'année un déficit de 657 MDT contre un excédent budgétaire de 800,7 MDT enregistré au cours de la même période de l'année dernière. Un élargissement exacerbé du déficit budgétaire dû selon notre expert à la baisse de 4% des ressources propres de l'Etat. Les recettes non fiscales ont accusé une baisse de 18,96% par rapport au niveau théorique budgétisé au titre de l'exercice 2013. Quant aux recettes fiscales et malgré leur augmentation de 9%, elles ont enregistré un ralentissement de 1,15% toujours selon le portefeuille libellé dans le budget. L'analyse de Fayçal Derbel met le point sur cette régression provenant de la TVA et des droits de consommation. « Ceci pourrait constituer un signe révélateur de fléchissement de l'activité économique dont la persistance induirait une croissance très maigre voire nulle », note l'analyste. Ceci dit, les impôts directs continuent d'alimenter le budget de l'Etat en passant de 2.016 MDT au mois d'avril 2012 à 2.324 MDT en terme du même mois de l'exercice 2013, soit un accroissement de 15,2%. Ainsi l'inégalité fiscale se creuse davantage et l'équité fiscale brandie en slogan dans les programmes électoraux des partis au pouvoir et même de l'opposition pour rester lettre-morte. A noter par ailleurs qu'au niveau dépenses, les dépenses de gestion ont augmenté de 38 ,7% au terme du 30 avril 2013. Le déséquilibre entre ressources et dépenses budgétaires s'amplifie au vu des résultats provisoires de l'exécution du budget de l'Etat à fin avril 2013. Un taux de réalisation qui ne dépasse pas les 33,33%. Le FMI approuve le prêt de 1,7 milliards de dollars La problématique se pose alors en ces termes: que faire pour rattraper le retard et réajuster la donne budgétaire compte tenu des contraintes mais aussi des aléas endogènes et exogènes ? Le gouvernement emprunte le chemin le plus court celui de l'emprunt. D'ailleurs, le conseil d'administration du Fonds Monétaire International (FMI) a approuvé vendredi dernier le prêt contesté de 1,7 milliard de dollars à accorder au gouvernement tunisien et destiné à sauver l'économie tunisienne du gouffre voire d'éviter à la Tunisie les tracas du scénario grec, celui d'une cessation de remboursement de ses engagements extérieurs. Il va sans dire qu'après l'adoption de cette ligne de crédit, un premier versement de 150,2 millions de dollars (243,8 millions de dinars) sera effectué promptement. Il s'agit d'un programme d'assistance financière ou d'ajustement et d'un emprunt remboursable sur cinq ans. 5 ans de remboursement : une esquisse à la dérobée « kamikaze » ou réellement une bouée de sauvetage pour l'économie nationale ? Un plan d'urgence de 18 mois impliquant ANC, les forces syndicales et le pouvoir exécutif Concernant l'analyse de Fayçal Derbel, qui a présenté une feuille de route en trois axes pour une sortie de crise et pour infléchir la tendance baissière. « Sans verser dans un pessimisme excessif, ni manifester un optimiste euphorique, il convient d'apprécier la véritable situation économique. Certes, la situation est très difficile et pourrait devenir alarmante. Si elle se poursuit pour le restant de l'année en cours, elle deviendra périlleuse et la croissance espérée et les paramètres et équilibres qui en découlent seront vains et relèveront du domaine de l'impossible », affirme M.Derbel en introduisant sa feuille de route ou son plan d'urgence à mettre en ouvre à partir du 1er juillet et qui se poursuivra jusqu'à la fin de l'année 2014. La feuille de route proposée par Fayçal Derbel implique toutes les parties prenantes à savoir : l'ANC, les forces syndicales et le pouvoir exécutif. On retiendra les grandes lignes de cette proposition à savoir : accorder au gouvernement par le bais de l'ANC (pouvoir législatif), la possibilité de promulguer des textes à caractère économique et sociale sous forme de décrets-lois de manière à accélérer les réformes économiques à mêmes de relancer les investissements et la dynamique économique. En effet, pour l'instant le dossier économique et les textes de lois y afférents, sommeillent encore au fond des casiers de nos députés qui s'éternisent dans les querelles sempiternelles. Deuxième axe, un atout non négligeable pour la relance économique est celui « d'une trêve dans les grèves », préconisé par l'auteur de l'analyse. « C'est par cette décision courageuse, responsable voire même altruiste, que les parties concernées se montreront déterminées à construire un avenir radieux et profitable à tous, dont bien entendu les salariés », avance M.Derbel. Le troisième axe est du regard du pouvoir exécutif ou encore du gouvernement qui devra accélérer la promulgation de décrets-lois autour de quatre champs d'actions. Il s'agirait de prime à bord de liquider définitivement le dossier des hommes d'affaires. « Un décret-loi d'indemnisation, de transaction pénale et de conciliation, permettant à l'Etat de récupérer tout ce qui lui a été dérobé, (jusqu'au dernier millime), et aux hommes d'affaires de retrouver sérénité et quiétude, est une véritable urgence et un préalable fondamental pour la mise en œuvre de toutes les mesures de redressement », suggère le spécialiste. Au deuxième chapitre des chantiers à entamer figure l'incitation des investissements tous azimuts à travers des mesures exceptionnelles au titre de la période (Juillet 2012- Fin 2014). A enchaîner avec les mesures à prendre en faveur du secteur touristique et du secteur bancaire dont la consolidation des fonds propres des banques insuffisamment capitalisées, la révision de la fiscalité indirecte du secteur touristique au niveau des taxes sur le CA (Chiffre d'affaires) et l'allégement de l'endettement du secteur. Un dernier axe touchant aux mesures ponctuelles visant à consolider les recettes fiscales dont : « l'institution d'une taxe sur les investissements non productifs tels que les logements secondaires, les terrains non bâtis détenus à des fins de spéculation, les bateaux de plaisance…., et le déplafonnement de la redevance de compensation instituée par la loi de finances pour l'année 2013 (1% avec un plafond de 2.000 Dinars) », suggère Fayçal Derbel. Cette étude prospective menée par notre expert est une contribution délibérée émanant d'un professionnel, un économiste qui cherche en tant que citoyen responsable et désintéressé imbu de patriotisme pour contribuer à l'esquisse d'un schéma de relance économique qui sauvera le pays d'un naufrage annoncé.