Pour la première édition du Forum de Tunis, l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises, a choisi le partenariat privilégié entre l'UE et la Tunisie comme thema pour fructifier le débat autour des opportunités et des risques que pourrait comporter cet accord contesté entre la Tunisie et l'Union européenne, des partenaires historiques et naturels. Après un plan d'actions et un accord politique convenu entre les deux parties, on passe aux choses sérieuses pour mettre en oeuvre les dispositions concrètes et pour déterminer des domaines de partenariat plus approfondis. En cette phase préparatoire de la proclamation d'une décision formelle, l'IACE, l'organisateur du Forum de Tunis avec l'appui de la Commission Européenne et la sponsorisation de Tunisie Telecom, BNA, Modern Leasing et Carthage Cement, Total et Pâtisserie Masmoudi, ouvre le débat pour un échange d'idées fructueux et constructif en attendant une feuille de route conjointe et profitable aux deux contractants. Le statut de partenaire avancé à accorder à la Tunisie, qui est une continuité de l'accord de libre échange signé en 1995, est soumis à des préalables et un certain nombre d'exigences qu'on pourrait désigner d'éligibilité. Reste à savoir si la Tunisie sera disposée à s'astreindre aux exigences de l'UE ? La partie n'est pas gagnée d'avance. « Il s'agit d'un partenariat de longue haleine et l'avantage de cet éventuel accord n'est pas immédiat », affirme Mansour Moalla, ancien ministre des Finances et fondateur de l'IACE en assurant, que plus la Tunisie va dans le droit chemin de la démocratie et la modernité, plus le soutien de l'Europe sera affirmé. Plusieurs axes sont à développer dans le projet du partenariat dont l'emploi, la migration et la lutte contre l'extrémisme. « Il faudrait des dispositions plus précises en matière d'exportation et de soutien financier », ajoute l'expert économique qui voit dans la prospérité de la Tunisie, la prospérité de toute la région et appelle les décideurs à agir sans égoïsme dans la définition des termes élargis du partenariat avancé. SE Laura Baeza, Ambassadeur, Chef de Délégation de l'UE en Tunisie a présenté sa vision et ses ambitions pour ce partenariat qui est objet de questionnement et de transparence. « Un partenariat naturel qui est fait pour s'étendre », affirme son l'ambassadeur en annonçant que les importations européennes en provenance de la Tunisie sont estimées actuellement à 9,5 milliards d'euros, un niveau supérieur à celui échangé avec l'Egypte et le Maroc. « Il faut se réjouir de ces résultats tout en dopant la coopération bilatérale par une approche plus incitative baptisée « More for more » et qui jette le jalon d'une coopération plus approfondie, plus inclusive et plus structurée ». Pour accéder au statut de partenaire avancé, la Tunisie doit relever plusieurs défis et satisfaire à un tas de concessions selon les uns. La bonne gouvernance, le respect de l'Etat de droit et des institutions, la démocratie, la restructuration de l'administration et des institutions…, sont autant de chantiers à caractère politique à entreprendre. Par ailleurs, une harmonisation du cadre législatif, une libéralisation plus accrue dans les secteurs des services et de l'agriculture outre un assouplissement du cadre des investissements figurent en tête de liste du plan d'action esquissé dans l'accord politique conclu au mois de nombre dernier à Bruxelles entre le gouvernement tunisien et la Commission européenne. « Un texte juridique qui n'est pas contraignant », affirme Mme Laura Baeza. Chose qui ne fait pas l'unanimité en Tunisie et plusieurs voix s'élèvent pour dénoncer les vices-cachés de cet accord de partenariat privilégié d'autant plus que le pouvoir de négoce de la Tunisie se trouve aujourd'hui pour être amoindri par une situation politique, économique et sociale tantôt instable tantôt tumultueuse mixée à une vague d'extrémisme religieux et de terrorisme. Comme l'a affirmé Hédi Sellami, DG de One Tech Holding : « Cet accord est un mal nécessaire, mais il faut que la partie tunisienne soit mieux outillée pour négocier » Un partenariat de mobilité en gestation Le plan d'action prévoit pour les cinq premières années une coopération plus approfondie en matière d'indépendance de la justice, de la réforme du système de la sécurité, de l'édification de la démocratie et de l'Etat de droit. Et une plus grande intégration économique à travers un accord de libre échange complet et approfondi (ALECA) moyennant une coopération sectorielle avancée. L'UE est prête à mobiliser 400 millions d'euros de dons pour la mise en œuvre de ce plan d'action quinquennal. « Ca ne sera pas « une camisolede force », réconforte l'Ambassadeur, Chef de la Délégation de l'UE qui affirme que cet accord n'est pas une fin en soi mais un moyen. La question de migration et d'émigration clandestine figure également parmi les priorités de cet accord de partenariat. D'ailleurs, un partenariat de mobilité entre la Tunisie et la Commission européenne est en gestation, assure Anna Terron, conseillère spéciale pour le partenariat et la mobilité (CE). Un partenariat qui vise à édifier les bases d'une frontière intelligente et de faciliter le flux des biens, et des personnes entre les deux rives de la Mare -nostrum. Avant de passer à l'étape de la snégociation, la Tunisie a un long chemin, paraît-il, à parcourir en matière de restructuration et de mise à niveau tous azimuts. En attendant, la première priorité en Tunisie est aujourd'hui de retrouver un regain de sécurité et la lutte contre le terrorisme qui met en péril notre paix économique et sociale. Yosr GUERFEL AKKARI Pépites : Hammadi Jebali prépare les présidentielles ? Plusieurs membres de l'ANC et des figures politiques ont pris part hier aux travaux du Forum. Hammadi Jebali, ex-Chef du gouvernement était parmi les invités. Quelles sont les raisons de cette visite honorifique ? Rappelons que c'est Hammadi Jebali qui a signé l'accord politique conclu à Bruxelles. Bienveillance et correction l'ont amené peut être à participer aux travaux du forum qui anime la réflexion de la société civile, des économistes et des hommes politiques autour du statut privilégié. Une autre supputation plausible n'est pas à écarter : Hammadi Jebali, a-t-il déjà engagé son programme électoral pour la présidentielle. « Qui vivra verra »