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Paradoxes et zones clairsemées
Controverses: Entre l'arrestation expresse d'Adel Dridi et la lente enquête sur le meurtre de Chokri Belaïd
Publié dans Le Temps le 25 - 06 - 2013

On ne peut pas reprocher aux gens de colporter des rumeurs et de fausses informations quand on ne fait rien pour infirmer ni pour confirmer celles-ci. D'autre part, il y a de quoi pousser à la suspicion lorsqu'on laisse délibérément traîner une affaire grave et de grand intérêt public.
A propos de l'enquête sur l'attentat contre Chokri Belaïd, n'importe quel observateur compréhensif donnerait facilement raison à sa famille quand elle émet des doutes sur le déroulement de l'instruction. Déjà, aujourd'hui mardi, le père du défunt appelle à un rassemblement de protestation devant le Palais de Justice de Tunis pour exiger la démission et le remplacement du juge chargé de l'enquête sur l'assassinat de son fils. Abdelmajid Belaïd a plus d'une fois accusé ouvertement la justice de complicité avec Ennahdha et de couvrir les tueurs de son frère. Plusieurs personnalités de l'Opposition partagent totalement ou partiellement les doutes de la famille biologique et ceux de la famille politique de Chokri Belaïd. Les avocats de ce dernier sont quasiment certains que quelque chose ne tourne pas rond dans l'enquête ; ils affirment même que celle-ci n'avance quasiment pas parce qu'on ne veut justement pas qu'elle progresse. Alors, comme le juge d'instruction et le Ministre de la Justice sont extrêmement avares quant aux éléments susceptibles d'aider à l'arrestation des tueurs, il est tout à fait légitime que les doutes se renforcent à propos d'une quelconque volonté politique visant à entraver les recherches, voire même à les suspendre.
Ennahdha peine à se disculper
En tout cas, peu de gens parmi ceux que nous avons cités mettent en doute la capacité de nos policiers à arrêter les auteurs de l'attentat. La compétence de ces derniers s'est plutôt vérifiée tout dernièrement, par exemple à l'occasion de l'assassinat d'un commissaire à Jebel Jelloud et à l'arrestation expresse de Adel Dridi, le héros fuyard de la fameuse escroquerie Yosr. La vitesse exceptionnelle mise par nos services policiers pour épingler les tueurs et l'escroc fuyard montre que quand les conditions sont réunies pour la réussite d'une enquête, le résultat ne se fait pas trop attendre. On peut certes penser que dans ces deux dernières affaires, la solidarité professionnelle explique la célérité avec laquelle les enquêteurs ont travaillé : la première victime est un gradé de la police et dans la seconde affaire des milliers de fonctionnaires du Ministère de l'Intérieur figurent parmi les personnes escroquées par la société Yosr (on parle de plus de 8000 agents). Il est plausible aussi de souligner le caractère non politique de ces deux affaires, en dépit de certains liens non encore avérés avec les activités de certaines formations islamistes. Donc la comparaison avec l'assassinat de Chokri Belaïd est difficilement concevable. Cependant, il y a de quoi nourrir quelque scepticisme en constatant que dans l'affaire Belaïd, la lenteur de l'enquête est trop manifeste pour que tout le monde, et pas seulement les proches du martyr, flaire le blocage intentionnel. De plus, les autorités judiciaires concernées ne réagissent presque pas pour dissiper les soupçons qui pèsent sur certains de leurs services. Ce qui, vous en convenez, autorise davantage le passage du simple doute à la certitude inébranlable. Aujourd'hui, beaucoup de personnes parmi ceux qui suivent l'évolution de l'affaire ont franchi ce pas et, sans détours, dirigent leurs accusations contre le gouvernement et plus précisément contre le parti de Rached Ghannouchi. L'autre jour, les représentants d'Ennahdha au Congrès contre la violence ont boycotté la séance d'ouverture, principalement parce que dans le public présent, on lançait des slogans explicites selon lesquels Ghannouchi serait derrière l'assassinat de Belaïd. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que ces slogans sont criés. Tous les mercredis, on les serine devant le siège du Ministère de l'intérieur à l'occasion de la protestation hebdomadaire programmée par le Front Populaire. Certains responsables (et ministres) d'Ennahdha réitèrent les démentis sans vraiment les étayer par des arguments réellement et définitivement convaincants. C'est fort peu comme défense et comme alibis pour disculper leur mouvement une fois pour toutes. Voilà donc pourquoi le doute persiste, voilà pourquoi les accusations portées par la famille et les compagnons de Chokri Belaïd restent tout à fait compréhensibles et légitimes. Après tout, c'est un être humain, un Tunisien et un leader politique très charismatique qui a été lâchement abattu. Tant que la vérité, toute la vérité n'a pas été révélée sur l'affaire, les soupçons pèseront sur tous ceux qui justement empêchent cette vérité d'éclater au grand jour.
Scepticisme généralisé
A ce propos, on doit tous reconnaître (et lui-même en premier) que Nadhir Ben Ammou, le Ministre de la Justice n'a marqué aucun point positif dans ce dossier. Bien au contraire, nous avons le sentiment que c'est « l'examen » qu'il a le plus lamentablement raté, lui et les services concernés par l'instruction. Le journal progouvernemental « Adhamir » lui a attribué un honteux 5 sur 20, la semaine dernière. Remarquez que le Ministère de l'Intérieur n'a pas fait mieux dans la même épreuve, aussi bien sous Ali Laârayedh que sous Lotfi Ben Jeddou. Tout le monde cale ou fait semblant de caler sur l'affaire Belaïd. Pendant ce temps, les assassins du leader gauchiste cavalent toujours, peut-être ici en Tunisie ou bien en Libye ou en en Europe ! C'est très pénible pour la famille de Chokri et pour ses authentiques amis (pour n'importe quel vrai Tunisien, en fait) de savoir qu'on banalise à dessein le premier attentat politique de l'ère de l'indépendance et que l'on va jusqu'à considérer comme insoluble l'énigme de ce crime odieux. On entend de plus en plus de politiques proches d'Ennahdha ou de la Troïka se permettre allègrement le parallèle avec les assassinats de Kennedy et de Hariri. Comme quoi, on ne saura jamais qui a tué Chokri Belaïd, ni les auteurs de tout autre attentat politique. L'exemple de Lotfi Naqdh nous vient immédiatement à l'esprit. L'avocat des prévenus dans l'assassinat de ce dernier soutenait encore il y a moins d'une semaine que le défunt n'avait subi aucune violence notoire et qu'il avait tout simplement succombé à une attaque cardiaque ! Il paraît que ce procès non plus ne connaîtra pas de sitôt son dénouement. D'ailleurs, même au sujet des événements du Mont Châambi, c'est le flou qui prévaut et qui perdure. On en apprend peu de choses et l'on continue de nous cacher l'essentiel. Au Ministère de la Défense, les démentis sont bien plus nombreux que les confirmations. Pas plus tard qu'hier, on infirma la nouvelle sur la découverte d'un long tunnel souterrain qui aurait été creusé par les jihadistes traqués. Qui croire ? Le Ministère de la Défense se fait de plus en plus discret, tandis que les sources non officielles sont plus prolixes que jamais. La suspicion gagne la plupart des esprits à cause de cette contradiction fondamentale. Et là non plus, les sceptiques n'ont pas toujours les plus blâmables !


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