La séance plénière de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) d'hier a commencé dans le calme mais avec une absence outrancière des élus. Pour éviter le passage au référendum, accélérer le processus transitoire et passer aux élections, le texte de la Constitution devra d'abord obtenir l'approbation des deux-tiers de l'ensemble des 217 membres de l'ANC. Or, durant les séances précédentes, on a compté 70 élus portant les brassards rouges comme signe de protestation contre la non-publication des travaux des commissions constitutives et la violation de certains textes. Après l'échange d'invectives du premier jour des débats, l'ambiance s'est plus ou moins calmée, place aux discussions et aux critiques. Tandis qu'on discutait la dernière mouture de la Constitution, à l'extérieur, un sit-in de l'association Wafa a eu lieu pour protester contre l'absence de la loi qui criminalise la normalisation avec les sionistes. Après s'être férocement interposée aux débuts des débats sur le dernier projet de la Constitution, l'Opposition sort le grand jeu, depuis, et dit aux détenteurs du pouvoir «leurs quatre vérités». Accusés de pro-sionistes, de dictateurs, d'opportunistes, ces derniers souriaient mi-figue mi-raisin face à ces accusations. Prenant la parole et se joignant à la cause des sit-inneurs qui clamaient une loi de criminalisation de la normalisation avec les sionsites, certains élus de l'Opposition ont accusé les élus qui soutiennent le projet à débattre de ne pas être au service du peuple qui les a élus mais plutôt les serviteurs de la cause sioniste. D'autres ont rappelé que certaines problématiques posées au sein du texte sont infondées et erronées parce que, selon eux, «la question de l'identité ne s'est jamais posée pour les Tunisiens et ils n'ont jamais eu besoin d'un texte qui les oblige à tel ou tel dogme ou culte». Ils ont mis en revue et rappelé les vraies revendications populaires lors du soulèvement du 14 janvier qui ne sont autres que la vie en toute dignité, l'équité et du droit au travail. La question épineuse qui taraude depuis de longs mois les Tunisiens concerne l'engagement des élus dans l'écriture de la fameuse Constitution et le fait que tout un chacun ne travaille en fait que l'agenda politique de son parti, a été abordée. Un des élus de l'Opposition est même allé à dire ouvertement que «chacun d' (eux) travaille pour l'intérêt d'un agenda politique bien déterminé. Alors que les débats se poursuivaient dans l'hémicycle, à l'extérieur, un sit-in a eu lieu pour revendiquer l'inscription d'un texte qui criminalise la normalisation avec Israël. Ce mouvement de protestation a été organisé par une pléiade d'associations et était soutenu par plusieurs partis politiques à l'instar de la Ligue tunisienne de la tolérance, l'Instance nationale de soutien à la résistance, association Al Kods, l'Association tunisienne de Soutien de la cause palestinienne ou encre l'association des Femmes pour l'Egalité et la Parité. Les manifestants ont appelé à ce que l'article 27 qui figurait dans le brouillon de la Constitution et qui stipulait que «Toute forme de normalisation avec le sionisme et l'entité sioniste est un crime puni par la loi», soit inscrit dans la nouvelle Constitution. Les protestataires ont souligné que la normalisation avec Israël est une ligne rouge à ne pas franchir. Certains des représentants de ces associations se sont entretenus à l'intérieur de l'ANC, avec le rapporteur général de la Constitution, Habib Khedher qui leur a promis que leur demande sera débattue l'après-midi même lors de la séance plénière.