Face à la menace croissante du terrorisme dans le pays, il est grand temps que les artistes et les hommes de culture se manifestent davantage en s'alliant aux autres forces politiques et sociales qui luttent contre le terrorisme. Où sont les associations et les organisations culturelles (union des écrivains, union des plasticiens, union des éditeurs, les syndicats des artistes…) Qu'attendent-elles encore pour investir les rues et les places publiques pour soutenir les masses populaires ? Et dire que jusqu'à présent aucune condamnation des derniers événements sanglants n'est parvenue de ces associations culturelles ! Il n'y a pas de révolution politique sans culture, celle-ci a toujours accompagné les grandes révolutions survenues dans le monde. Il parait que, chez nous, la culture sous tous ses aspects ne semble pas jouer son rôle depuis la Révolution ! Organiser des festivals un peu partout pour divertir les gens n'est pas suffisant : la culture aurait pu s'emparer dès les premiers jours de la Révolution pour instruire le peuple en mettant l'art au service des idéaux de la Révolution et lui inculquant les nouvelles valeurs, celles relatives à la liberté d'expression, à la dignité humaine, à la justice sociale et à la non-violence et à la paix. Aujourd'hui, devant l'intransigeance d'une troïka qui s'accroche au pseudo « légitimité », face aux assassinats politiques qui ont l'air de se propager davantage et suite à l'émergence du terrorisme à Djebel Chaânbi qui ne cesse de frapper durement et brutalement, alors qu'à chaque fois, la classe politique dirigeante semble faire la sourde oreille. De là vient le rôle que peut jouer la culture pour prévenir le développement de cette mentalité terroriste, qui n'a jamais été d'ailleurs dans nos traditions. Il ne faut donc jamais sous-estimer l'importance de la culture à cet égard, car ce sont les artistes, les hommes de théâtre, les cinéastes, les écrivains, les caricaturistes qui peuvent dissuader d'éventuels terroristes et les couper de tout soutien plus vaste, moyennant des créations culturelles et artistiques nouvelles qui tiennent compte des besoins de la conjoncture actuelle. Il est vrai qu'après les hommes politiques et les militaires, ce sont les artistes et les hommes de culture qui sont la cible des terroristes, car c'est surtout cette catégorie illuminée de la société qui fait trop peur à ces terroristes. Aujourd'hui que la troïka au pouvoir, dominée par un mouvement islamiste, a échoué dans sa politique dans tous les domaines, menant à une situation économique et sociale dramatique dans le pays, suivie par la propagation des attentats contre les hommes politiques et l'armée tunisienne, il est vrai que les artistes et les hommes de culture s'inquiètent, tous comme les citoyens qui ont vu leurs rêves s'évaporer à cause de l'intransigeance et de l'entêtement du régime islamiste au pouvoir. Il parait que ces gouvernants font preuve d'ignorance de toute forme d'art ou de culture et d'un grand mépris pour les créateurs en matière culturelle et artistique, ce qui fait craindre, un jour ou l'autre, la soumission ou du moins la neutralisation de ce secteur ou encore son détournement à leurs profits. La mission des arts et de la culture est aujourd'hui primordiale pour asseoir les bases d'une véritable démocratie, celle prônée par la Révolution du 14 janvier qui nous a coûté le sang des martyrs et que le peuple tunisien fait payer encore aujourd'hui avec le sang des assassinés politiques et militaires par les terroristes. Il est temps pour les artistes et les hommes de culture de prendre les initiatives nécessaires pour dire « non à la violence ! » et « non au terrorisme !», non sous forme de slogans scandés lors des manifestations, mais grâce à leurs travaux qui consacrent les idéaux de la Révolution et qui combattent les idées réactionnaires et obscurantistes. C'est ainsi que le chanteur doit chanter à tue-tête dans les rues et les quartiers les plus retirés ; le peintre doit sortir des salons et des galeries pour exposer ses œuvres et mettre son art au service de la Révolution, les pièces de théâtre doivent être représentées sur les places publiques, non seulement pour divertir, mais aussi pour éduquer les gens et les sensibiliser aux dangers qui guettent leur avenir ; les films doivent être projetés en plein-air, sur les murs des villages lointains pour cultiver les gens et révolutionner leurs mentalités. C'est un défi à relever par la culture qui doit lutter contre l'hégémonie d'un despotisme religieux qui veut gouverner par la politique du bâton et du bâillon, sous prétexte d'une légitimité déjà périmée, et qui doit faire face aujourd'hui à un autre danger plus grave qu'est le terrorisme, un fléau qui menace notre sécurité et qui est la conséquence d'une mauvaise gestion des affaires nationales par ces mêmes dirigeants qui semblent nous entrainer dans un gouffre. Cependant, il y a toujours une chance d'éviter le pire, moyennant la mobilisation de tous et la diffusion massive de l'art et de la culture, pour reconquérir notre unité et dire non à une nouvelle dictature et non à l'extrémisme et au terrorisme. La Tunisie a toujours été un pays pacifique et pacifiste et elle le restera !