Les dernières précipitations qui se sont abattues sur la région, ont encouragé bon nombre d'agriculteurs à engager les premiers labours dans leurs champs en vue de les emblaver . Hélas pour beaucoup de fellahs comme Mouldi L , céréalier à Chebika, c'est le fonds qui manque le moins « Après trois années de vaches maigres, le fellah n'a plus les moyens financiers de subvenir aux frais des labours qui grimpent d'une année à une autre pour atteindre cette année les 25 dinars l'heure sans oublier l'achat des semences sélectionnées, et des engrais » A-t-il dit. Quant à Salah B, agriculteur à Oueslatia ; il demande « l'intervention de l'Etat pour permettre à ses semblables de réussir la campagne agricole en incitant les banques à faciliter à ces derniers l'accès aux crédits saisonniers» A-il indiqué. Notons que la portion du territoire Kairouannais réservée à la céréaliculture (blé dur, blé tendre et orge) dépasse les 150.000 hectares dont plus de 25.000 dans le secteur irrigué. Dans le pays de l'agneau, le mouton c'est cher Avec ses 440.000 têtes de femelles, le Gouvernorat de Kairouan occupe la première place dans la production ovine. Ces dernières années le prix du mouton a grimpé pour devenir inabordable contraignant beaucoup de chefs de familles à l'achat de chevreaux pour fêter l'Aïd. Cette année et à quelques semaines de cette fête les prix du mouton ont triplé. Certains parlent de quatre cents voire cinq cents dinars le mouton coûtant 200 dinars une année auparavant. Les familles aux revenus moyens songent à bouder les souks de bétail cette année comme Salem ; ce fonctionnaire dont le salaire mensuel ne dépasse pas les 500 dinars « vu la cherté de ces bêtes ; je me contenterai cette année d'acheter cinq ou six kilos de viande, des tripes et une tête d'agneau. Cela me coûterait 150 dinars. D'ailleurs ma femme et mes deux enfants sont pour cette solution» a –t- il indiqué… Contrairement à Nazilha, institutrice qui rétorque; «Je ne suis pas prête à priver mes enfants du mouton de l'Aïd et quel que soit le prix proposé ». Quant à Belgacem ; un légumier il ajoute « les intermédiaires (djellabas) qui viennent des autres régions du pays s'emparent de plus de 60% de la production régionale pour la vendre dans les différentes régions du pays à des prix exorbitants. Comme le makroudh et le tapis, l'agneau du Kairouannais est très prisé par les consommateurs » a-t-il affirmé. Gacem, un habitant d'un quartier gardant ses trois brebis et ses trois agneaux a dit quant à lui :« Grâce à ces trois brebis et à ces trois moutons je n'ai pas de problème. J'égorgerai un mouton et je vendrai les deux autres» a-t-il signalé. Le centre d'art dramatique verra-t-il le jour ? A notre connaissance, le ministère de la culture a débloqué depuis deux années une enveloppe de 500.000 dinars pour la création d'un centre d'art dramatique à Kairouan. Depuis rien n'a été fait et les artistes commencent à s'inquiéter. C'est d'ailleurs ce qui explique leur rassemblement mardi dernier devant le complexe culturel ‘Assad Ben Fourat' pour protester contre ce retard. Si rien n'est fait pour faire revivre la culture dans sa Capitale historique, celle-ci s'amenuisera comme une peau de chagrin, disent ; les connaisseurs !