Taïeb Laâguili l'annonce : le Mouvement Ennahdha est impliqué directement dans les actes de terrorisme et de violence qui secouent la Tunisie depuis des mois et qui ont coûté la vie aux hommes politiques, Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, Lotfi Nagdh ainsi que des soldats et des agents de sécurité. En fait, des leaders dans le Mouvement Ennahdha à savoir : Rached Gannouchi, Hamadi Jebali, Samir Dilou, Houcine Al Jaziri ainsi que des élus à l'ANC et des responsables locaux du parti dans la localité de Ben Guerdane sont en contact direct avec des éléments terroristes libyens, plus particulièrement Abdelhakim Bel Haj. Ces informations ont été fournies hier par Taïeb Laâguili, membre de l'Initiative pour la Recherche de la Vérité sur l'Assassinat de Chokri Belaïd (IRVA) lors de la conférence de presse donnée à Tunis. « Il existe une liaison tripartite et interactive entre le Mouvement Ennahdha, Ansar Achariaa et le groupe islamiste armé libyen et ses leaders », déclare Taïeb Laâguili tout en pointant du doigt le ministère de l'Intérieur à cause de sa nonchalance voire sa connivence dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd. Terroriste international Classé comme étant un élément terroriste, impliqué dans les attentats de Madrid en 2004, et qui a participé dans les guerres en Iraq et en Afghanistan, Abdel Hakim Bel Haj, allias « Abou Abdallah Assadek » n'est autre qu'est l'Emir du Groupe Islamiste Armé Libyen. Ex-détenu à Guantanamo, impliqué dans l'assassinat de l'ex-membre du Conseil Transitoire Libyen Abdelfattah Younes et très proche d'un pays du Golfe qui lui assure le soutien financier et logistique en termes d'armes, Abdelhakim Bel Haj est un ami préféré aussi bien des leaders d'Ennahdha que d'Ansar Achariaa. Ce constat a été prouvé par IRVA, laquelle déclare que Bel Haj a été invité maintes fois par le parti. « Il a été notamment, son invité d'honneur lors de son 9ème congrès tenu en juillet 2012 », déclare Laâguili pour préciser que « Bel Haj bénéficie d'un traitement de faveur pour qu'il soit accueilli dans le salon d'honneur à l'aéroport Tunis-Carthage ». « Deux hauts responsables au pouvoir, Hamadi Jebali et Ali Laarayedh lui ont rendu visite quand il a été hospitalisé dans l'une des cliniques privées aux Berges du Lac », enchaîne le membre d'IRVA alors que Bel Haj s'est rendu en cachette dans notre pays pour préparer avec des éléments tunisiens des actes de terrorisme. Preuve à l'appui. Le 4 janvier 2013, la Direction Générale de la Sureté Publique donne des instructions à toutes ses unités pour identifier l'emplacement de Bel Haj « car il est impliqué dans la préparation des actes terroristes en Tunisie », d'après le document confidentiel du ministère de l'Intérieur. Mais comme de coutume, c'est le silence radio et la passivité voire la connivence qui règnent dans cette institution. Ce qui pousse carrément le membre d'IRVA d'accuser le ministère et ses hiérarchies d'être impliqués directement dans l'affaire des assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Par ailleurs, Laâguili a fait une lecture dans le document confidentiel adressé par la Direction Générale de la Sureté Publique à ses unités pour considérer que ledit document contient quatre points très importants. Et de préciser : « Le ministère de l'Intérieur avoue que Abdelhakim Bel Haj est en étroite liaison avec les groupes terroristes et qu'il a accédé au territoire tunisien avec des contrebandiers tunisiens et libyens clandestinement sous prétexte de se soigner dans l'une des cliniques privées ». Autre fait avoué par le ministère de l'Intérieur et qui donne froid dans le dos est que « ce groupe envisage de se cacher dans une clinique et coordonner avec des Tunisiens pour préparer des actes terroristes dans notre pays et que Bel Haj bénéficie d'un soutien de la part de Mosbah B'chiri originaire de Ben Guerdane » et en étroite liaison avec le mouvement Ennahdha. Et Ansar Achariaa ? Toujours dans le même ordre d'idées, le membre d'IRVA a donné des preuves qui démontrent que des membres d'Ansar Achariaa dont, Abou Iadh et Ahmed Rouissi, sont très proches du responsable du groupe armé islamiste libyen et ce, pour assurer l'introduction des armes dans notre pays afin de commettre des actes de terrorisme. « Le ministère de l'Intérieur était informé des plans de Abdelhakim Bel Haj réalisés par Ansar Achariaa. Son silence n'a fait que propager le terrorisme, la violence politique dans note pays et le trafic des armes ce qui a coûté la vie à Chokri Belaïd, à Mohamed Brahmi ainsi qu'aux soldats tunisiens », critique fermement Tayeb Laâguili. Le suspect Marouen Haj Salah Revenant sur la conférence de presse organisée le 28 août dernier par le ministère de l'Intérieur et censée faire le point des investigations sur ces assassinats politiques, Laâguili a fait état «d'omissions délibérées » destinées, selon ses dires, à « travestir la vérité » et passer sous silence des mouvements suspects au cours de la période qui avait précédé le premier assassinat. Il est allé jusqu'à accuser de hauts responsables sécuritaires d'avoir laissé faire ou de n'en avoir pas fait suffisamment pour empêcher les deux assassinats d'hommes politiques. A cet égard, Taïeb Laâguili a annoncé que la Direction de la Sureté de l'Ariana a reçu le 23 janvier des informations sur le principal suspect du meurtre de Chokri Belaïd, à savoir Marouen Haj Salah, connu pour être un salafiste originaire de la banlieue nord (le Kram) et qui fréquentait le quartier où a été assassiné Belaïd. Sauf que les directions concernées par la question : le District de Sureté de Carthage, la Direction Générale de la Sûreté Publique, la Direction Générale des Services Spéciaux, la Direction Centrale des Opérations, la Direction de la Police Judiciaire n'ont pris aucune mesure pour interroger le suspect à temps. Ils ont réagi très en retard, voire des mois après, laissant ainsi le terrain libre à Marouen Haj Salah pour commettre le crime et quitter le pays deux jours après l'assassinat de Belaïd pour se diriger vers l'Arabie Saoudite, selon Laâguili. Le membre d'IRVA accuse directement le ministère de l'Intérieur qui avait suffisamment d'informations sur Marouen Haj Salah, d'autant plus qu'une unité de police avait réussi à encercler le suspect dans sa bijouterie sise au Kram le 6 février 2013 au soir. Mais des instructions ont été données pour arrêter l'opération lui donnant ainsi la possibilité de quitter le territoire le 8 février. Conscient du risque qu'il encourt Taïeb Laâguili n'a pas hésité à citer les noms de tous les responsables des différentes directions du ministère de l'Intérieur impliqués dans cette affaire « lesquels ont été promus à cause de leur nonchalance voire négligence des informations qui auraient pu sauver la vie de Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi ainsi que les autres martyrs », toujours d'après Taïeb Laâguili.