• La présidente de la délégation s'en défend et se lamente… Depuis plus de deux ans, l'on regarde médusé le spectacle ahurissant d'une régression effrénée en termes de propreté de l'environnement. Les milieux urbains, qu'il s'agisse de quartiers huppés ou de cités pauvres, représentent un paysage affligeant qui ne fait que refléter les conflits et l'anarchie qui règnent depuis de très longs mois au sein de nos municipalités. Remblais, déchets domestiques ou chimiques, constructions anarchiques et odeurs nauséabondes font, désormais, partie de notre quotidien. L'ampleur est telle que la question qui revient en leitmotiv est la suivante : «Mais où est la municipalité?» Sauf qu'il parait qu'au sein de l'administration tunisienne et plus exactement municipale, les choses n'ont pas vraiment évolué ou changé depuis le temps de Ben Ali. Clientélisme, abus de pouvoir, désordre au sein de l'administration, dépassements de loi sont là des pratiques qui ne rappellent que trop celles du régime déchu. Des manœuvres que l'on croyait finies avec l'arrivée du soulèvement politique. Aujourd'hui, pourtant, une crise sérieuse ébranle depuis des mois la municipalité du Kram où quelques élus entraveraient le bon fonctionnement de l'administration selon la sous-directrice du service technique de ladite municipalité, Mme Thouraya Bouâassida, architecte de son état. Une grande embrouille divise le personnel de l'administration. En conflit avec l'administration, certains élus ont proféré des accusations de falsification à l'encontre de la présidente de la municipalité et ont même été médiatisées, d'autres élus et des fonctionnaires défendent la cause de la présidente de la commune et assurent son impartialité, son honnêteté et son professionnalisme. Thouraya Bouaâssida, (sous-directrice du service technique) «Des proches du pouvoir freinent le bon fonctionnement administratif et font leur loi.» «Nous sommes restés sans conseil municipal jusqu'au 26 février 2013, date où le gouverneur de Tunis a nommé les élus et la présidente de la commune. Cette dernière s'est toujours montrée neutre et correcte, cherchant uniquement le bien et les intérêts de la commune. Une grande confiance règne entre nos services et elle. Quant aux élus, nous ne les connaissons presque pas, hormis, quelques uns qui sont toujours là… Un peu trop, d'ailleurs, puisqu'on les retrouve dans des services où la loi ne leur permet pas d'être. Je cite, le président de l'arrondissement d'Aïn Zaghouan, Mouaia Ben Mostpha, qui n'habite même pas l'arrondissement qu'il préside comme il devrait le faire, puisqu'il habite le Kram Ouest, mais il a été quand même nommé. Il est, par ailleurs, membre du parti au pouvoir Ennahdha. Depuis son arrivée, il avait affiché un mépris total de la hiérarchie, exigeant même de la présidente de la commune de demander son autorisation si elle voulait visiter son arrondissement. Ayant élaboré son réseau de contacts, il passe outre la hiérarchie et tient ses réunions informelles et improvisées avec le délégué. M. Maouia, grand ami d'Imed Dghij, par ailleurs, exige d'être informé des permis de démolition et de bâtiment et d'accompagner les agents du service technique, entravant ainsi leur travail. Il a permis des constructions illégales sur des espaces verts et avait même loué une pépinière à une valeur inférieure à sa valeur à un particulier. Ainsi, il rend des services au gré de ses volontés passant outre les lois. Un autre élu, membre également du parti au pouvoir, a grandement freiné le fonctionnement de l'administration : Nabil Mokhtar, président de la Commission des travaux. Il doit ainsi présider les réunions mensuelles auxquelles il s'absente fréquemment. Quand il y assiste, il ne prend pas note ni ne rédige les procès verbaux, ce qui relève de ces fonctions. Or, on est tenu par la loi de rédiger des PV sinon, on est dans l'illégal. Ses absences pour les réunions des permis de constructions ou de démolition retardent les travaux. Le président des entrepreneurs maghrébins s'est même plaint nous transmettant le mécontentement des promoteurs à cause des retards.» Ras-le-bol général Mme. Thouraya Bouaâssida continue de se lamenter : «Nous avons essayé de gérer comme on le pouvait ces comportements. Seulement, aujourd'hui, un blocage total s'est installé à cause d'un dossier qu'on a entamé juste après la Révolution. L'Agence foncière d'habitation, AFH a décidé de changer la nature de certains lots d'habitats collectifs en individuels suite à la plainte de particuliers voulant récupérer des lots de terrain qui leur ont été spoliés avant le 14 janvier. Dans des conditions normales, le service technique de la municipalité étudie le dossier et y apporte les modifications essentielles, ensuite, la municipalité accepte le projet qui passe devant les élus pour le vote pour finir par la validation du gouverneur. Là, vu que tout est bloqué, on ne peut plus avancer sur les dossiers en attente.» La réponse de Alya El May (Présidente de la Délégation spéciale du Kram) «Certains élus qui sont membres du parti Ennahdha m'accusent d'avoir signé un PV après avoir modifié son contenu et d'y avoir inséré des décisions qui vont à l'encontre de celles prises par le Conseil municipal dont je fais partie. Ces élus oublient que ledit procès verbal a été signé, conformément à l'Article 41, aussi par le Secrétaire général de la Commune, un membre du Conseil et moi en tant que présidente de la délégation spéciale de la commune du Kram. Le PV concerne la modification du plan d'aménagement d'Ain Zaghouan appartenant à l'Agence foncière d'habitation, (AFH). Toutes les décisions incluses dans ce PV sont le fruit de mures réflexions de tous les membres du Conseil et elles ont fait l'objet de l'approbation de tout le monde. Je réfute toutes ces accusations et je poursuivrai devant la justice tous ceux qui les ont proférées pour diffamation. Je suis enseignante universitaire et mère de famille. Mon poste de présidente de délégation spéciale d'une commune comme le Kram n'est pas une tache aisée. De par sa richesse et complexité, c'est une région où les problèmes sociaux, la délinquance, la pauvreté et le chômage sont de véritables soucis quotidiens. Arriver à gérer les maux d'une classe qui souffre et devoir faire face aux magouilles administratives à portée partisane et qui ternissent ton image et ta réputation, n'est pas évident. Néanmoins, je continue à travailler avec mon administration en toute neutralité malgré la tension régnante. Je n'ai pas dit mon dernier mot et je porterai plainte contre ces accusations diffamatoires.»