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Les imams et l'Etat sanctifient le sacrifice du citouen
«La fête» du mouton
Publié dans Le Temps le 12 - 10 - 2013

A J-3 de l'Aïd El Kebir, une grande partie des Tunisiens s'activent et se font plumer pour s'offrir le mouton pour le grand bonheur des éleveurs, des bouchers et des profiteurs, «les gacharas» et bien d'autres bien placés mais qui demeurent dans l'ombre.
Si cette fête religieuse est une aubaine pour ces derniers, elle l'est moins pour les familles démunies et celles de la classe moyenne. Avec un pouvoir d'achat dégringolant et une flambée des prix du bétail, ce rituel devient cauchemardesque pour la majorité des familles tunisiennes.
Le mouton, le roi de la devise !
Parce que pour le citoyen moyen ou pauvre, l'Aïd El Kebir est sacré, on le floue et la fête devient depuis quelques années un réel synonyme de « sacrifice » du portefeuille et de la caisse de l'Etat. En effet, depuis deux ans, et pour combler le déficit du marché tunisien par rapport à la demande, le ministère du Commerce a, pour la seconde année consécutive, importé des ovins de l'étranger dont le nombre s'élève, pour cette année, à 3 mille têtes de moutons selon le porte-parole officiel dudit ministère, Mohamed Ali Ferchichi. Si l'an dernier, une partie des Tunisiens ont pu goûter à la viande rouge roumaine, pour cette année, le ministère du Commerce a décidé de mettre le cap sur l'Espagne. Après les ovins de l'Europe de l'Est et la polémique qui a entouré leur importation, place à leurs voisins, les Ibères.
La transaction a été effectuée sous les ordres du ministre du Commerce, Abdelwahab Maâter. La seule explication : modérer la flambée des prix du mouton tunisien et rendre l'achat du mouton plus accessible aux familles les plus démunies. Tout ceci est bien joli et merveilleux, pourtant ! Certaines voix s'élèvent et critiquent acerbement ces transactions qui ont l'effet de foudre sur la caisse de l'Etat, déjà assez fragilisées à cause de cette kyrielle d'aléas politiques. Aujourd'hui, la Tunisie utilise des devises pour célébrer une fête religieuse et contrarie ceux qui apportent des devises sonnantes et trébuchantes pour investir parmi nous faute de stabilité politique. Dans ce pays menacé par une faillite économique imminente, on prône des rites religieux qui ne sont même pas obligatoires, au détriment de l'intérêt national et de l'équité sociale. Ces transactions qui coûtent les yeux de la tête à la caisse de l'Etat, se font aux dépens des priorités et des urgences actuelles et de la Patrie et du citoyen.
Dans cette démarche tiers-mondiste où la crise économique se fait pesante, on préfère gaspiller de l'argent qui manque déjà à l'appel et on remet aux placards nos besoins réels en termes de développement régional et d'équité sociale. Ce n'est nullement grave. Après tout, l'Etat récupérera cet argent et cette devise jetés par la fenêtre en recourant aux éternelles augmentations des impôts et la réduction des salaires en y allant par quatre chemins. C'est à se demander qui est réellement le sacrifié : est-ce l'ovin ou est-ce le citoyen et l'intérêt national ?
Cupidité contre précarité
Les moutons espagnols sont là. Partant à la conquête espagnole, une bonne partie des Tunisiens envahissent les différents points de vente. Des exodes humains s'emparent des lieux, se bousculent, forcent les portes et détruisent les fenêtres afin d'arriver les premiers et se procurer un mouton venu d'ailleurs. On étrangle encore plus sa capacité d'achat, ses revenus et on vend même ses biens (or, électroménagers, etc.…). C'est fou ce que l'on peut faire pour un ovin : on s'endette, on prend des crédits et on ne paye ni loyer, ni factures pour les beaux yeux du joli minois de cet ovin ! Grâce aux efforts louables de l'Etat, on peut assouvir sa soif de viande rouge. On peut, même si on n'a pas les moyens se goinfrer et manger jusqu'à en perdre le souffle et sourire, graisse aux lèvres. Le sourire béat de quelqu'un qui s'est fait avoir et embobiner sans le savoir. Dépouillé mais heureux, ce Tunisien-là ignore totalement l'impact de tels comportements sur son avenir et celui de son pays. Qu'importe ! Du moment où il a vu le sourire espiègle de sa progéniture !
Tout le monde est complice : l'homme d'Etat, les imams, les religieux, les économistes. Au lieu de gaspiller une devise qui se fait rare, d'appauvrir les caisses de l'Etat et de condamner le citoyen à plus d'impôts et à des mois d'endettement, il aurait été plus judicieux de lui ouvrir les yeux. Des campagnes de sensibilisation auraient pu être menées à un ou deux mois de ce rite religieux. Des messages et des débats télévisés ou radiophoniques durant lesquels les imams auraient pu faire comprendre aux Tunisiens que cette fête peut devenir un acte blasphématoire et perdre toute sa valeur sacrée si l'on se dépouille pour. Les économistes auraient pu sonner le tocsin et attirer l'attention du Tunisien avec des mots simples qui touchent son quotidien. L'Homme d'Etat, plus au courant des coulisses de l'économie tunisienne actuelle aurait pu mener une politique d'abstinence et expliquer aux citoyens les retombées fatales d'un tel achat au lieu de précipiter la chute en gaspillant la devise pour des moutons ! Cela aurait pu être d'un grand secours pour la Tunisie sur le long terme ! Rappelons-nous les deux années où nos voisins les Marocains n'ont pas fêté l'Aïd el Kbir. Le roi Hassan II a, en effet, interdit l'achat et l'égorgement des ovins en 1981 et 1996 en raison de la flambée de prix et la pénurie en tête de bétail à cause de la sécheresse. Pour montrer l'exemple, le roi s'était lui-même abstenu. Une abstinence qui a servi l'intérêt de tout le monde : et le citoyen marocain et l'Etat. Or, parmi nous, on préfère gaspiller la devise rare et pousser le Tunisien à plus d'endettement et de la cupidité.
Sacrés Tunisiens...


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