• La guérilla gagne les universités La stratégie de la terreur gagne de plus en plus de terrain. Les deuils s'amoncèlent et la terre tunisienne accueille tous les jours en nombre ses intrépides enfants qui sont quotidiennement attirés sur la ligne du feu. Morts pour la patrie, ces jeunes martyrs ont été enterrés hier dans une Tunisie encore sous le choc et qui fait quotidiennement ses adieux à ses plus vaillants soldats. La rue a bougé. En cette journée noire de l'Histoire tunisienne marquée par les multiples funérailles nationales, les jeunes étudiants et lycéens sont sortis par milliers dans plusieurs régions clamer la démission du gouvernement provisoire actuel. Mouvance et insurrection estudiantines La haine populaire a gagné les milieux éducatifs. Un très grand nombre de lycées, de collèges et d'universités à l'échelle régionale ont été le théâtre de manifestations. L'exaspération et la colère ont envahi les établissements de l'enseignement. Une paralysie générale a touché plusieurs d'entre eux. Les lycées et les étudiants ont quitté les bancs de l'école et les amphis pour effectuer des marches de protestation contre le terrorisme. Ils ont décidé de se joindre spontanément à la mouvance populaire qui était sortie la veille réclamer la démission du gouvernement provisoire de la Troïka. Hissant sur leurs épaules le drapeau de la patrie, ils ont chanté l'hymne national et ont extériorisé leur colère contre l'état d'insécurité qui règne depuis des semaines et les attaques terroristes qui ont couté la vie à neuf de nos plus jeunes soldats. Une kyrielle de slogans hostiles au pouvoir ont été scandés. Ces jeunes ont exprimé, également, leur ras-le-bol de cette situation de crise qui a mis le pays en feu et qui annonce une guérilla civile sans merci. Appréhendant l'avenir de leur patrie, ces élèves et étudiants ont tenu à faire comprendre aux hauts responsables leur colère. Une tentative notoire pour rappeler aux politiques que la jeunesse ne compte pas en rester là. Cette même jeunesse qui a crié sa haine et qui a chamboulé l'ordre du monde arabo-musulman et à laquelle on a spolié de nouveau le rêve. La guérilla gagne les universités Récupérée par une classe politique avide de pouvoir, la mouvance de la jeunesse tunisienne a pris un virage critique et sanglant. Le soulèvement populaire guidé par les jeunes tunisiens a été aspiré et englouti dans une tour infernale. Il s'est dégradé en faits divers : meurtres politiques, égorgement de l'armée et assassinats de nos forces de l'ordre. Une moisissure affligeante atteint la Révolution tunisienne en cours et viole la mémoire collective. Le désespoir prolifère mais la haine se propage telle l'épidémie. Aux timides barricades et barbouillages en peinture rouge sang des murailles et des murs des établissements officiels représentants l'Etat, les escarmouches corporelles ont pris le relais. Entre les étudiants de l'UGET et l'UGTE la guerre a été déclarée, hier matin, à la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba. Jets de pierres, matraques et affrontements musclés ont eu lieu le jeudi 24 octobre 2013. Les étudiants pro-Ennahdha et ceux affiliés à l'UGET se sont confrontés au cœur de l'université. La panique a gagné les étudiants qui, pris au dépourvu, ont du quitter leurs salles d'études et les cours magistraux. Les accrochages ont été provoqués suite aux manifestations anti-gouvernementales auxquelles ont appelé les étudiants de l'UGET. Alors que ces derniers étaient en train de préparer leur Assemblée générale extraordinaire pour dénoncer le terrorisme, ils ont été attaqués par des jeunes salafistes mixtes nantis de matraques, de barres de fer et d'armes blanches. Ils étaient, parait-il guidés par le fils du Chef du gouvernement provisoire, Hichem Laarayedh, selon une des membres de l'UGET, Rajaa Amri. Le groupe de salafistes, comme le rapportent plusieurs étudiants, ont escaladé les murs de l'université et ont violé un lieu éducatif. Criant des «Allahou Akbar», ces jeunes pro-gouvernementaux ont attaqué les lieux et agressé ceux qui étaient sur place. Les confrontations étaient violentes. Les cours étaient paralysés. Des échauffourées musclées ont eu lieu entre les deux parties à coups de poings, de jets de pierres et de bouteilles. La bagarre s'est soldée par quelques étudiants blessés. Suite à ces actes de violence et de tentative de terreur, l'UGET a décidé d'une grève générale ouverte jusqu'à ce que le gouvernement démissionne. Dans cette démarche de protestation, plusieurs professeurs ont rejoint l'appel à la grève. Dans les gouvernorats de Sousse et de Bizerte, les étudiants et les élèves sont, aussi, sortis par milliers dénonçant le terrorisme et réclamant la démission du gouvernement. Le parent d'une étudiante de Première année Lettres Arabes s'est confié au Temps : «Ma fille m'a appelé en pleine panique. Elle était dans l'amphithéâtre quand ils ont entendu des cris stridents et des «Allahou Akbar». Elle avait même cru que c'était l'appel à la prière. Mais il était 10h du matin ! Elle avait l'impression d'assister à une des invasions historiques d'antan et ne comprenait rien à ce qui se passait. Prise de panique, elle a couru vers la sortie avec le reste des étudiants tentant de se frayer son chemin et de sauver sa peau ! Dans la cour, la situation était plus de tendue ! Aujourd'hui, elle s'en est sortie indemne mais qu'en sera-t-il de demain ? Maintenant, on craint pour la sécurité de son enfant qui va étudier. Si on a la chance d'habiter pas loin de la faculté, il faudra penser à ces plusieurs centaines d'étudiantes dont les parents se sur-endettent pour leur payer le loyer et les études, qui viennent de loin et craignent pour leurs progénitures ! Va-t-on empêcher de nouveau nos enfants de suivre leurs cours et de poursuivre leurs études à cause de ce laxisme gouvernemental et des tiraillements politiques ? Pourquoi n'impose-t-on pas, d'une main de fer, la discipline au sein des établissements universitaires ! Les forces de l'ordre doivent être fermes avec ces fauteurs de troubles qui menacent la sécurité de nos enfants et qui s'avèrent barbares !»