Pays en pleine transition démocratique cherche nouveau chef du gouvernement. Qualités requises: indépendant, compétent expérimenté, capable de tenir le rythme de plus de 12 heures de travail quotidien et disposant d'un rayonnement à l'étranger… Le profil du futur Premier ministre fait consensus auprès des principaux acteurs de la scène politique nationale. Tel n'est pas encore le cas pour le nom de l'oiseau rare même si quelques noms commencent déjà à se détacher du lot. A vrai dire, la tâche de la commission du processus gouvernemental n'est pas de tout repos. Cette commission composée de Ameur Laârayedh (mouvement Ennahdha), Kamel Morjane (Parti l'Initiative), Hichem Hosni (Parti Populaire Progressiste), Mohamed Hamdi (L'Alliance Démocratique) et Maya Jeribi (Al-Joumhouri/ Front du salut) a déjà fait le tri dans la vingtaine de candidats proposés par les vingt – et- un partis participant au dialogue national parrainé par les quatre principales organisations nationales. Cette première sélection a déjà permis de réduire le nombre de candidats à huit. Il s'agit d'Ahmed Mestiri (ancien ministre sous Bourguiba), Jalloul Ayed (banquier et ancien ministre des Finances), Mohamed Ennaceur (ancien ministre des Affaires sociales sous Bourguiba), Mustapha Kamel Ennabli (ancien gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie), Mansour Moalla (ancien ministre de l'Economie sous Bourguiba), Kaïs Saïed (professeur de droit constitutionnel), Radhi Meddeb (économiste) et Chawki Tabib (ancien bâtonnier). Dans cette liste réduite, quelques noms ont fait l'objet de quelques réserves de la part de certains partis alors que d'autres commencent à sortir du lot. Réserves liées à l'âge Ainsi, le Front Populaire aurait émis des réserves sur le nom de Ahmed Mestiri, ancien ministre (Intérieur, justice, finances….) et fondateur du Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS) en raison de son âge avancé. A 88 ans, cet avocat connu pour être un défenseur des valeurs démocratiques et du pluralisme, qui a été exclu en 1972 du Parti Socialiste Destourien (PSD, ancêtre du RCD) et de l'Assemblée constituante en 1973 pour avoir réclamé des réformes démocratiques, ne serait pas capable, selon Hamma Hammami et ses camardes de diriger un gouvernement dans une phase aussi difficile. Kaies Saïed, Chawki Tabib et Radhi Meddeb ne disposent pas, selon certains autres partis participant au dialogue national, des qualités demandées à l'instar de l'expérience et du rayonnement à l'échelle internationale. Mansour Moalla (83 ans) a, quant à lui, refusé d'occuper le poste de Chef du gouvernement. Selon lui, le futur Premier ministre ne doit pas être âgé de plus de 60 ans. Ces réserves et ces retraits réduisent ainsi la liste à trois candidats potentiels seulement. Il s'agit, en premier lieu, de Mustapha Kamel Nabli (65 ans). Docteur en sciences économiques de l'Université de Californie à Los Angeles, diplômé de l'Ecole Nationale d'Administration, professeur agrégé en économie, cet ancien gouverneur de la Banque Centrale a été directeur Moyen-Orient - Afrique du Nord à la Banque mondiale. Les points forts de ce candidat sont sa compétence économique et son rayonnement international. Certains partis, dont notamment le mouvement Ennahdha, estiment, cependant, que M. Ennabli est proche du mouvement Nidâa Tounes de Béji Caïd Essebsi, qui n'a pas encore présenté de candidat. Candidat consensuel Le deuxième candidat qui reste dans la course est Jalloul Ayed, 62 ans. Ce diplômé en économie de la faculté de droit et des sciences économiques de Tunis et de l'Université du Maryland aux Etats-Unis est un banquier de renommée internationale. Le financier qui a notamment dirigé Citicorp International Ltd à Londres avant d'occuper le poste de ministre des Finances en 2011 bénéficie lui aussi de compétences économiques considérables et d'un certain rayonnement international. Des partis de gauche, dont notamment le Front Populaire, manifestent, toutefois, certaines réserves à l'égard de ce candidat considéré comme étant ultra-libéral sur le plan économique. Le candidat qui semble faire le plus de consensus auprès de l'ensemble est Mohamed Ennaceur (79 ans). Ce docteur en droit social, diplômé de la Sorbonne bénéficie de plusieurs qualitée de taille. Il a été ministre des Affaires sociales entre 1974 et 1977 et entre 1979 et 1985. Il a de nouveau été rappelé à ce poste en 2011 suite à la révolution. Mohamed Ennaceur a également dirigé la mission permanente de la Tunisie auprès des Nations unies entre 1991 et 1996, ce qui lui a permis de bénéficier d'un certain rayonnement international. Le nom de Mohamed Ennaceur a été, entre autres, présenté par l'Alliance Démocratique, le courant El Aridha chaâbia (la pétition populaire) ainsi que par le Mouvement du Tunisien pour la liberté et la dignité. Ennahdha, Nidaâ Tounes et le Front Populaire n'ont pas jusqu'ici exprimé des réserves sur sa personne. Défis économiques et sécuritaires Une réunion de la commission du processus gouvernemental s'est, par ailleurs, tenue hier pour affiner davantage la liste des candidats et surtout pour fixer la mission du futur gouvernement. Selon les premières indiscrétions qui ont filtré de cette réunion, la principale mission du futur cabinet apolitique sera de préparer le terrain favorable à l'organisation des prochaines élections dans un cadre de transparence. Le nouvel exécutif sera également appelé à stabiliser la situation sécuritaire marquée par la multiplication des attentas terroristes et à tenter de redresser la machine économique afin de regagner la confiance des bailleurs des fonds internationaux comme le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Africaine de développement (BAD), laquelle a refusé récemment de continuer à prêter à la Tunisie. Dans le même temps, le nouveau gouvernement devrait tenter de limiter l'inflation et de s'attaquer à l'épineux problème du déséquilibre régional. Outre la mise en place d'un nouveau gouvernement apolitique, les vingt- et- un partis participant au dialogue national sont appelés à arriver à des consensus sur la Constitution, la loi électorale et la composition de l'instance indépendante pour les élections. Dans ce cadre, l'Assemblée nationale constituante devrait finaliser la rédaction de la constituante dans un délai de quatre semaines, élire l'instance indépendante pour les élections dans un délai d'une semaine et voter une loi électorale juste après l'adoption de la constitution.