Durant le mois saint de Ramadan, le nombre de téléspectateurs augmente tout comme le produit audiovisuel tunisien. Celui-ci plus varié (feuilletons, séries, sketchs, variétés,....) et plus sollicité par le téléspectateur tunisien demeure cependant très limité. L'Etablissement de la Radio et de la Télévision tunisienne (ERTT), l'Agence Nationale de Promotion du Produit Audiovisuel (ANPA) et quelques « boîtes » de production oeuvrent toute une année pour ne présenter qu'un seul produit durant le Ramadan. C'est pourquoi, les chaînes de télévision tunisiennes et même certaines radios font recours à l'importation de produits audiovisuels étrangers, notamment égyptien et syrien. Cette situation revient -elle au manque de financement, de scénarios, de stratégies ? Et le produit audiovisuel tunisien diffusé est-il exportable ?
Cette question a été débattue récemment par plusieurs journalistes, communicateurs, cinéastes et responsables d'entreprises de production audiovisuelle, lors d'un rendez-vous sur les perspectives de promotion du produit audiovisuel tunisien et de ses chances de commercialisation à l'étranger, organisé par le Conseil supérieur de la communication.
Plusieurs entraves Au nombre des entraves à la commercialisation du produit audiovisuel tunisien sur les marchés extérieurs, décelées au cours de cette rencontre, figurent : son absence, par rapport au produit oriental, sur les chaînes télévisées et les radios arabes et internationales et le déséquilibre entre les produits vendus et ceux importés. Il s'agit également de difficultés relatives à l'accent, à la valeur du produit lui-même ou encore à sa viabilité à l'exportation. Quant à la prédominance de la production cinématographique et de dramaturgie égyptienne et syrienne sur les chaînes de télévision arabes, plusieurs experts du domaine l'ont expliquée par l'abondance de la production et la transformation de cette production en une véritable industrie. En effet, cette industrie a permis d'attirer des capitaux et de créer de nombreuses sociétés de production privée alors que dans des pays comme la Tunisie, la tâche s'est limitée à l'importation et à la gestion des programmes des Chaînes étatiques.
Suggestions et solutions Au rayon des solutions pour la promotion de l'audiovisuel tunisien, certains professionnels proposent la concentration sur les contenus et les œuvres parlant la langue arabe littéraire ou la langue parlée simplifiée, la sensibilisation des promoteurs économiques privés à investir dans le domaine, l'institution d'avantages fiscaux au profit des producteurs du secteur et le développement du partenariat public- privé. Par ailleurs, et en vue de réussir le produit audiovisuel tunisien à l'exportation, celui-ci est appelé, selon des professionnels du domaines, à être régulier et continu et non saisonnier, soit limité au mois de Ramadan, accessible au niveau de l'accent (le langage parlé n'est pas intelligible par tous), un peu moins local (restreint aux sujets locaux (tunisiens) et moins coûteux au niveau du doublage. A cet égard, les entreprises tunisiennes de l'audiovisuel sont invitées à créer de nouvelles méthodes pour communiquer entre elles, l'objectif étant de produire des contenus plus rentables et les promouvoir à l'étranger dans le cadre de programmes ciblés basés sur les nouvelles technologies. Il s'agit, entre autres, de renforcer la présence des produits tunisiens aux manifestations internationales, la participation aux festivals et aux concours et conférences internationales et la participation du secteur aux salons spécialisés à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
Chiffres significatifs Selon les données du ministère du commerce, la Tunisie compte actuellement 500 entreprises opérant dans le domaine audiovisuel employant 100 producteurs de films et 400 producteurs d'autres contenus audiovisuels y compris les agences de publicité. Le volume des exportations du secteur demeure modeste. Ce volume est estimé à une valeur de 74 000 dollars en 2004, 26 000 dollars en 2005 et 30 000 dollars en 2006 contre des importations d'environ 4 millions de dinars au cours de la période de 2004- 2006.
Lors de la première réunion des conseils d'administration des établissements de la Télévision et de la Radio tunisiennes , tenue début septembre 2007, M . Rafaâ Dkhil, ministre chargé de la Communication et des Relations avec la Chambre des Députés et la Chambre des Conseillers, a mis en relief l'ampleur des paris et des défis auxquels font face ces deux établissements, aussi bien aux plans structurel et administratif qu'au niveau du contenu médiatique, exhortant le personnel de ces institutions à oeuvrer à les relever, d'autant plus qu'ils disposent de tous les moyens matériels et humains nécessaires et qui sont de nature à contribuer à la modernisation des méthodes de travail dans le secteur audiovisuel public et à faire en sorte qu'il soit au diapason des derniers développements technologiques intervenus à l'échelle internationale dans ce domaine. A rappeler que la stratégie de développement du secteur des communications adoptée par l'Etat, porte notamment sur le renforcement de l'infrastructure, la révision du cadre juridique, son adaptation aux exigences de la prochaine étape et la diffusion de la culture de la communication et de l'informatique. L'audiovisuel constitue un secteur promoteur et offre des opportunités en matière de développement de toutes ces activités (production télévisée, documentaires, cinéma, publicité...), de partenariat et d'exportation de ces produits sur les marchés maghrébins, arabes et européens. L'espace audiovisuel tunisien est ouvert aux radios et télévisions du secteur privé depuis 2003.