Après plusieurs reports, la réunion périodique des secrétaires généraux des partis politiques constituant l'Union pour la Tunisie (UPT), à savoir, Nida Tounès, Al-Massar, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique (PTPD) et le Parti Socialiste (PS), s'est tenue au siège du PTPD. La situation générale dans le pays et les questions d'organisation interne propres à l'UPT étaient au menu. Certains parlaient d'effritement de l'UPT. D'autres évoquaient une panne. Où en est-on après cette réunion ? Abderrazak Hammami, secrétaire général du PTPD a précisé dans une déclaration au Temps que les retards enregistrés dans la réunion périodique des secrétaires généraux des partis de l'UPT s'expliquent par les tiraillements de la scène politique et l'intérêt porté au Dialogue national et aux élections. La conjoncture générale a influé sur le rythme des réunions. Nombreux sont ceux qui se sont posé des questions et exprimé leur inquiétude quant à l'avenir de l'UPT. Certains étaient même gagnés par le doute. Abderrazak Hammami affirme : « La dernière réunion était positive. Elle a examiné la situation générale dans le pays et des questions internes. A propos de la situation dans le pays, les positions des différents partis étaient très proches sinon identiques. Une grande inquiétude a été exprimée à propos du regain des attentats terroristes. On dirait qu'il y a une nouvelle tentative de prendre en otage le pays. L'UPT demande au gouvernement de dire toute la vérité sur l'attaque qui avait visé le domicile de Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur. Des défaillances ont été enregistrées. Les Tunisiens ont le droit de tout savoir. Des mesures rigoureuses doivent être prises et une stratégie globale doit être arrêtée. Le ministre de l'Intérieur a demandé que l'armée puisse intervenir, sous une direction commune. Ça n'a pas été fait ». Par ailleurs, l'UPT qui avait eu une position positive vis-à-vis du gouvernement, lui reproche sa lenteur. Une certaine amertume est constatée à propos du degré de volonté du gouvernement à appliquer intégralement le contenu de la Feuille de route, surtout au sujet des nominations et la neutralité des espaces publics. Beaucoup de mosquées sont entre les mains d'extrémistes takfiristes et échappent au contrôle de l'Etat. Le chef de cabinet du ministre des Affaires religieuses parle de quelque dizaine de mosquées où l'Etat n'arrive pas à imposer son autorité. « La politique de la main tremblante n'est pas acceptable », dit notre interlocuteur qui appelle à l'application de façon claire et précise de la Feuille de route. La feuille de route stipule la résolution des problèmes économiques urgents. Or le gouvernement prépare un congrès économique, compris par certains comme un espace pour faire passer des mesures déjà préparées. Rien n'a été décidé à propos de la justice sociale. « Il faut impliquer l'économie parallèle pour que ses ténors assument leurs responsabilités fiscales. Au lieu d'agir dans ce sens, le gouvernement parle de ponction de 6 journées de travail des salaires, sans consulter personne, chose qui a incité l'UGTT a critiqué le gouvernement. Globalement la situation actuelle ne permet pas de garantir des élections transparentes, crédibles et irréprochables. Nous nous apprêtons à tenir des élections historiques qui permettront de passer d'une situation provisoire à une situation permanente », rappelle notre interlocuteur. Les relations extérieures du pays ont attiré l'attention de l'UPT. Elle reproche les erreurs commises dans le dossier syrien et considère que l'ouverture d'un bureau administratif en Syrie ne répond pas aux attentes des Tunisiens. Pour le dossier égyptien, les participants ont déploré le fait que la Tunisie ait cessé d'être la voix de la sagesse qui s'oppose à la violence et l'extrémisme et tient à des relations équilibrées sans prendre la défense d'une partie contre une autre. Et même en Libye trois légitimités se disputent le pays. Malheureusement le pouvoir avait pris option pour un camp dont la légitimité est douteuse. Quant à la situation interne au sein de l'UPT, Abderrazak Hammami, estime que le problème concernant l'application des dispositions de la plate-forme qui avait servi d'acte de naissance de l'Union a été résolu. Cette plate-forme stipule que l'Union est une alliance à la fois politique et électorale. La dernière réunion a été une occasion pour exprimer une position claire. Les composantes de l'UPT iront aux prochaines élections sous la bannière de l'Union. Elles auront un seul candidat à la présidence et des listes communes pour les législatives tout en tenant compte des équilibres au sein de l'Union. D'autres partis politiques au nombre de cinq frappent à la porte de l'UPT. Leurs candidatures sont acceptées par principe. Une réunion aura lieu le 25 Juin courant avec ces partis. A propos du rapprochement entre le PTPD et le Parti patriotique de Touhami Abdouli, les membres de l'UP ont appris qu'il s'agit d'une opération de renforcement des forces républicaines et patriotiques. La nouvelle entité aura pour non le Front patriotique et s'intègre dans l'UPT. Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste (PS) a quitté la réunion dépité. Pour lui, rien n'est encore clair. « Tout dépend du Conseil national de Nida Tounès qui se tiendra dimanche prochain. Les choses semblent évoluer dans le flou. Une certaine majorité, tout en s'attachant à l'union, penche pour des listes au nom de Nida Tounès. Dans ce cas des listes au nom de l'UPT n'auront pas une véritable signification. Nous avons exprimé notre attachement à la solution sans laquelle il n y a aucune garantie de sortie démocratique. L'attachement à l'union demeure un simple souhait. Nous sommes dans un tournant difficile. Le danger existe. Au nom de l'efficacité on se soumet à la dictature de la communication. C'était la même chose, pour Al-Qotb, lors des dernières élections. On veut imposer un nom célèbre dans les médias qui gagne une certaine sacralité. C'est une fausse démarche. Le danger qui guette les Tunisiens c'est le fascisme. La dictature à couverture religieuse menace le pays. Même le Front populaire doit comprendre ce danger. Ennahdha prépare son retour au pouvoir et les modernistes et démocrates ne font que s'éparpiller ».