Les journalistes ayant assisté à la conférence de presse tenue hier dans la matinée par le parti Ennahdha sont restés à leur faim. Rien de nouveau en vue sinon la confirmation de quelques indiscrétions ayant glissé dans les colonnes des journaux. Eh puis, cette fois, pas de couacs de communication de quoi servir les pitreries ou les quolibets de quelques chroniques médiatiques de pacotille. C'est la pause a priori. Ali Larayedh, Abdelhamid Jelassi et Ajmi Lourimi membres du bureau exécutif du parti ont assuré l'essentiel d'une rencontre médiatique dont le but était de montrer les choix politiques et... euh tactiques et stratégiques du parti de Rached Ghannouchi. Ennahdha a appelé hier, comme prévu, à une concertation entre les acteurs politiques en vue de parvenir à un consensus le plus large possible autour de la personne du prochain chef de l'Etat. « Cela n'annulera pas l'opération démocratique puisque le président de la République sera élu mais il est question d'entourer ce haut dirigeant de l'approbation d'un large éventail de partis politiques. Surtout que plusieurs personnalités postuleront à ce poste et que la personne à choisir doit faire le plus possible l'unanimité de la classe politique » fait remarquer Ali Larayedh qui ajoute que son parti travaillera sur la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Le consensus. Voilà un mot qui marche à tous les coups et qui sert bien évidemment les choix du parti de Rached Ghannouchi pour qui la majorité parlementaire est garantie et donc pour qui la personnalité du prochain président ne doit pas aller à contre - courant de sa politique. C'est paraît-il la démarche la moins risquée puisque le prochain candidat au palais de Carthage sortira des dessous des tables de dialogue ...consensuel. Le parti Ennahdha, rappelons-le, a pu imposer ses choix lors des dialogues qui ont fini par choisir le chef du gouvernement Jomâa et de dicter ses choix pour l'ordre chronologique des scrutins ( les législatives devanceront la présidentielle). « Nous ne sommes pas en mal de candidats pour la présidentielle » lance Abdelhamid Jélassi qui s'indigne du fait que l'assistance se montre sceptique quant à la crédibilité du choix consensuel etsa fidélité aux exigences démocratiques. Ali Larayedh rappelle dans la foulée « Quand on était au pouvoir les partis politiques ont appelé au consensus. Aujourd'hui on nous critique pour avoir opté pour un chef de l'Etat qui soit consensuel. » Et qu'en est-il du possible choix de la personnalité de Hamadi Jébali en retrait stratégique ou de celle de Béji Caïed Essebssi pour lequel des sondages d'opinion font l'essentiel d'une campagne électorale avant l'heure ? Silence radio. Les intervenants préfèrent garder le silence sur cette question et préfèrent faire du prochain chef de l'Etat consensuel, une personnalité de dernière minute qui ne dévoilera pas son jeu dès le début, à l'instar de Mehdi Jomâa à qui on a confié le portefeuille ministériel de la Kasbah. Mais il faut tout de même dépouiller les choses de leur semblant. Il y a lieu de remarquer que les dés sont déjà jetés et que le parti de Rached Ghannouchi qui a choisi dès le début le réalisme politique n'aura pas d'autre choix que de se faire à des méthodes machiavéliques qui piétinent s'il le faut les règles de la morale en vue de préserver le pouvoir ou de le reconquérir. Le mariage de raison non encore annoncé, avec le parti de Béji Caïed Essebsi en est une preuve tangible. Les deux partis ont compris la règle du jeu qui tient compte des rapports de forces internationales. Et s'ils sont propulsés au devant de la scène politique c'est qu'ils ont laissé traîner derrière eux les suiveurs et les partis fantoches qui doivent encore une fois mélangerleurs cartes après s'être longtemps cachés derrière la carte gagnante. Et si dans la politique on a à choisir entre le pire et le moindre mal dans ce cas de figure les électeurs auront à choisir entre la peste ou le choléra. Alors blanc bonnet ou bonnet blanc ? C'est ça la démocratie ! Enjoy.