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Emna Menif (Présidente de l'Association Kolna Tounes).. «La culture sociale n'est pas favorable à la participation de la femme tunisienne à la vie politique»
Publié dans Le Temps le 10 - 07 - 2014

Emna Menif fait partie de la nouvelle génération des femmes tunisiennes , qui milite dans un espace politique tunisien difficile Activiste dans l'âme, Emna figure de proue du syndicat des médecins hospitalo-universitaires, et présidente de l'Association Kolna Tounes, incarne bien les valeurs de cette nouvelle génération affranchie par la révolution. Pour cette militante, la réussite n'est jamais acquise. C'est un combat perpétuel. Chaque matin, il faut apporter sa contribution et refaire la preuve de ses capacités. Ce que l'on a mis des années à bâtir, peut s'effondrer du jour au lendemain. Elle s'active quotidiennement. Elle est dans la rue et dans les meetings, scandant de toutes ses forces les appels à la dignité, à la liberté et à la démocratie. Elle se bat en faveur de la reconnaissance des femmes dans un milieu qui n'est pas favorable à leur participation à la vie politique comme le témoigne dans cet entretien.
52% des Tunisiens encouragent les femmes de leur entourage à s'engager en politique. Mais la participation de la femme à la vie politique reste en deçà des attentes. Quelles en sont les raisons ?
Il y a une différence majeure entre répondre à un sondage et prétendre encourager les femmes de son entourage à s'engager en politique, et entre la réalité du quotidien des femmes. La « culture » sociale n'est pas favorable à la participation de la femme à la vie politique, l'environnement social et professionnel, les responsabilités domestiques, loin d'être partagées, la pression des mentalités ne lui offre pas les conditions propices à mener une vie publique, surtout à un haut niveau de responsabilité.
Le Centre des Femmes arabes de formation et de Recherches (CAWTAR) évoque les causes de leur non participation des femmes à la vie politique : à la difficulté de se déplacer d'un endroit à un autre en milieu rural, la marginalisation géographique, l'impact de l'information, l'impact de l'image, et l'impact de la religion. Partagez-vous cette opinion ?
Certainement, dans une large mesure. Mais plutôt que l'impact de la religion, je dirai l'instrumentalisation de la religion pour maintenir la femme dans une situation d'infériorité sociale, et le poids de traditions conservatrices hautement misogynes. La société tunisienne entretient une mentalité misogyne où la femme est un citoyen de seconde zone. Quant à l'image, il n'y a qu'à voir l'image de la femme véhiculée à travers les médias, les feuilletons et séries télévisées, les sitcoms et autres. Combien les femmes sont-elles invitées à participer aux débats politiques, économiques, sécuritaires ; tout débat ayant trait aux sujets dits « sérieux » de la vie publique ? Qu'est ce qui est fait pour faciliter la vie quotidienne et domestique pour une femme, surtout quand elle a de jeunes enfants ? Qu'est ce qui a changé dans l'approche genre en Tunisie depuis l'éducation et l'enseignement jusqu'à la vie professionnelle et publique ? Encore une fois, l'ensemble de l'environnement social, familial, professionnel et médiatique continue à véhiculer et à entretenir une sorte de sectarisme machiste ; il faut avoir une très forte personnalité et consentir de grands sacrifices pour qu'une femme participe à la vie publique.
On constate la faible participation des femmes dans les instances officielles de prise de décision. Aujourd'hui le paysage politique tunisien compte 59 femmes députées sur une assemblée de 217 membres, mais seulement 2 femmes ministres sur la vingtaine de portefeuilles existants. Qu'en pensez-vous ?
J'en pense que quel que soit le degré d'éducation des « décideurs », ils ne sont pas capables d'assumer une totale égalité des genres. Ils ne sont pas capables de laisser s'exprimer les compétences féminines, ils ne sont même pas capables de les détecter et les reconnaître. L'ANC est un autre sujet, mais pour former un gouvernement, quel argument peuvent avancer les chefs de gouvernements successifs pour justifier la faible représentation des femmes ? L'inexpérience ? Que je sache, l'écrasante majorité de ceux qui ont gouverné le pays depuis le 14 janvier 2011 et surtout après le 23 octobre 2011 n'ont aucune expérience du pouvoir et de la gestion des affaires de l'Etat... Cela me semble très édifiant. Lors des élections de 2011, les femmes n'ont représenté que 7% des candidats en tête de liste. Sur 217 députés à l'Assemblée Nationale Constituante, seulement 59 sont des femmes. C'est dire la faible représentativité de la femme dans la vie publique, et notamment dans l'exercice de la politique. Comment peut-on impliquer plus de femmes dans la sphère politique à la veille des élections 2014? Quel est le rôle de l'ISIE ?
Il me semble qu'on demande à l'ISIE de faire tout ce que les responsables politiques n'ont pas été capables de faire. C'est une tradition de porter la faute sur l'autre dans notre pays. En amont des élections, quelle place ont réservé les grands et petits partis, ceux de la famille démocratique en particulier, aux femmes, pour qu'elles accèdent aux responsabilités dans les instances de décision des partis ? Ensuite, il y a eu une loi électorale votée à l'ANC. Il convient de rappeler que la parité a été rejetée par la majorité, au nom du consensus. La balle est aujourd'hui, d'abord et avant tout, dans le camp des partis politiques. Ils vont former leurs listes électorales et désigner les têtes de listes, ils ont la responsabilité de traduire leurs orientations démocratiques, progressistes, modernistes, en actes. C'est à eux de « donner envie » aux citoyens, en général, et aux femmes, en particulier, de s'engager dans le processus électoral et d'exprimer leurs voix le jour du scrutin, en déclinant leurs visions et leurs missions. Quelles sont leurs mesures concrètes pour apporter des solutions concrètes à tous les secteurs en souffrance dans le pays ? Quelles sont lespolitiques d'intégration sociale des femmes ? Car malheureusement, il s'agit de cela, intégrer les femmes à la vie sociale. Malheureusement, elles sont, encore, plus nombreuses à être en situation d'échecs, depuis l'interruption forcée de la scolarité, jusqu'au chômage, au travail précaire et informel, à la violence domestique et dans l'espace public... La société civile travaille beaucoup sur l'approche genre dans les prochaines élections. Mais ce n'est pas la société civile qui prétend avoir l'ambition de gouverner le pays...
La femme tunisienne se trouve surclassée par les africaines depuis de nombreuses années dans le domaine politique. On ne voit pas des femmes tunisiennes occuper des postes clés dans les instances internationales. Qu'en pensez-vous ?
L'accès à des postes clé dans les instances internationales vient consacrer une carrière nationale et un soutien par les plus hautes instances politiques nationales. Vous avez la réponse...
Cette participation réduite des femmes tunisiennes permet –elle la consécration d'une démocratie égalitaire ?
Bien sur que non. Mais la question est de savoir si nous avons acquis, en si peu de temps, la culture de la Démocratie déjà, et d'une démocratie égalitaire, au-delà de la question « genre ». Il faut déjà qu'on soit profondément imprégné de la valeur « Citoyenneté », je ne suis pas sûre que ce combat soit encore gagné.
L'éclosion d'organisations féminines, est-ce un espoir pour l'entrée des femmes tunisiennes en politique ?
Elle garantit la poursuite du combat en faveur des droits des femmes, le premier d'entre eux est qu'elle soit reconnue en tant que citoyenne, pas seulement dans les textes juridiques, mais dans leur application et dans la conscience collective des Tunisiens, gouvernants et gouvernés.


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