Le bilan s'est élevé hier à 819 morts parmi les Palestiniens après deux semaines et demie d'offensive israélienne dans la bande de Gaza, où les hostilités se sont poursuivies en dépit des appels de la communauté internationale à un cessez-le-feu. Les opérations terrestres ont également coûté la vie à 33 soldats israéliens, dont un réserviste tué hier. Le chef de la diplomatie américaine John Kerry s'efforce depuis Le Caire, où il multiplie les appels téléphoniques, de trouver un arrangement acceptable par tout le monde mais, disent ses collaborateurs, sa patience a des limites. «Il y a toujours de fortes divergences entre les parties», a déclaré jeudi un diplomate américain de haut rang qui a précisé que le secrétaire d'Etat pourrait ne pas s'éterniser dans la région. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, devait réunir hier son cabinet de sécurité afin de discuter d'une trêve humanitaire limitée destinée à permettre l'entrée d'une aide dans l'enclave palestinienne. Le Hamas conditionne toute trêve durable à la levée du blocus contre Gaza et demande la libération de centaines de Palestiniens arrêtés le mois dernier après l'enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens. De telles revendications paraissent difficiles à accepter pour l'Etat hébreu et l'Egypte, qui voient le Hamas comme une menace pour la sécurité. Le bombardement d'une école gérée par l'Onu, qui a coûté la vie à 15 personnes jeudi, a conduit la communauté internationale à renouveler ses appels à la cessation des hostilités. Mais les discussions par pays interposés piétinent. «Il n'y a toujours rien de nouveau concernant les initiatives destinées à rétablir le calme», a déclaré hier le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. Selon un responsable palestinien proche des tractations, la Turquie et le Qatar ont proposé une pause de sept jours dans les affrontements, une offre que le Hamas étudie et qu'Israël a reçue via John Kerry. Même en cas de cessez-le-feu, l'Etat hébreu a fait savoir qu'il continuerait à chercher les tunnels du Hamas, ce qui, dit-on en Israël, pourrait durer encore une ou deux semaines. Hier, 27 Palestiniens ont été tués, dont le principal porte-parole du Djihad islamique -un groupe allié au Hamas- et son fils, selon des responsables gazaouis, un bilan qui porte à 819 le nombre de Palestiniens tués depuis déclenchement de l'opération «Bordure protectrice», le 8 juillet. Du côté israéliens, trois civils israéliens ont été tués par des roquettes palestiniennes, en plus des 33 militaires. Face à la dégradation de la situation, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé à l'ouverture d'un corridor humanitaire dans l'enclave, afin de permettre l'évacuation de blessés et l'entrée de médicaments. Les combattants de la bande de Gaza ont continué à tirer des roquettes longue portée, qui ont déclenché les sirènes d'alerte dans les environs de Tel Aviv, le poumon économique d'Israël. Des témoins disent avoir vu le système de défense antiaérien «Dôme de fer» intercepter des projectiles. Un bâtiment a en revanche été touché à Ashkelon, une ville portuaire située à quelques encablures de la frontière avec Gaza, sans faire de victimes. Le Hamas dit avoir tiré trois roquettes en direction de l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. Les sirènes ont retenti et le hall de l'aéroport s'est brusquement vidé mais Israël n'a pas fait état d'impacts. La Federal Aviation Administration (FAA), l'agence fédérale américaine de l'aviation civile, avait ordonné mardi la suspension des vols opérés par des compagnies américaines vers Ben Gourion, avant de lever cette suspension mercredi soir. La tension monte également en Cisjordanie. Hier, trois Palestiniens y ont été tués par balles lors d'accrochages distincts avec l'armée et, semble-t-il, un colon israélien, a-t-on appris auprès de témoins et de responsables médicaux. D'après des témoins, les deux premiers ont été tués près de la ville de Nabouls, l'un par un homme qui pourrait être un colon, l'autre par l'armée. Le troisième a été tué à Beit Ummar, près de la ville d'Al Khalil, dit-on de source médicale. Dans la nuit, déjà, environ 10.000 Palestiniens avaient défilé en signe de soutien aux Gazaouis et lancé des pierres et des cocktails Molotov, ce qui a entraîné une riposte de l'armée israélienne. Un manifestant avait alors été tué et 200 autres blessés.