Suite à cet agréable réveil, nous avons décidé de déjeûner un peu plus loin sur la plage de Matapouri. Splendides, ses deux baies comme deux seins dessinés au kalam dans le sable blanc, offrant un calme parfait aux promeneurs matinaux. Au creux d'elles un petit îlot flotte. Il est 8h du matin et l'intensité du soleil dévoile l'harmonie parfaite des couleurs et des formes. La mer est si belle qu'on ose à peine y rentrer. Elle est à 6° mais je ne résiste pas à l'envie d'un baptême dans les eaux pacifiques. C'est revigorés par ce bain matinal que nous prenons la route, en direction de Bay of Islands, où le destin du Pays du Long Nuage Blanc (Aoteraora en maori) s'est scellé pour devenir celui de la Nouvelle Zélande. C'est à cet endroit et plus précisément dans la ville de Waitangi qu'a été signé en 1840 le traité cédant les terres aux Anglais arrivés plus de 800 ans après les autochtones Maoris. Il paraît que notre visite n'aurait pas pu mieux tomber puisque l'on est à la veille d'une grande célébration militaire : l'ANZAC Day, qui commémore l'engagement des soldats néo-zélandais et australiens dans la Seconde Guerre Mondiale. Nous arrivons donc plein d'espérances à Paihia, petite ville balnéaire un peu surfaite à mon goût. Finalement de l'ANZAC Day, nous ne retiendrons que le chant triste d'une lointaine cornemuse au lever du soleil. Pas de parades, pas de démonstrations, pas de fanfares... Découragés, nous avons simplement décidé de reprendre la route du nord tranquillement. Nous savions que la beauté, elle, serait là où on l'attendait. Nous voici donc à Doubtless Bay qui est sans conteste une des plus belles agglomérations qu'on ait traversées. La petite ville porte bien son nom puisqu'en y passant, l'évidence de pouvoir y rester toujours nous traverse. Calme, belle, un tantinet bourgeoise, elle est perchée sur un rocher qui regarde une baie cristalline. Et pour la première fois depuis le début du voyage je retrouve vaguement dans ce paysage, le pittoresque des îles grecques familiales. C'est beau mais ce n'est qu'un point sur une carte et la route n'est pas terminée. Sitôt assis au bord de l'eau pour se reposer et rêver un peu, il faut repartir. Leyla Katarina CHERIF