J'ai écouté, hier, sur l'une des Radios locales, l'intervention de M. Tlili, ministre des Affaires religieuses, qui expliquait la nécessité de créer au sein du département, une cellule de « contre-propagande » pour éclairer les jeunes qui se font avoir par les recrutements, terroristes ou extrémistes ! Magnifique... que demande le peuple ! Le ministre revient à une démarche qui consiste à traiter le phénomène terroriste ou de la prédication extrémiste par l'éducation et non pas seulement par l'option sécuritaire. Jusque là rien à signaler, bien que déjà cette même thèse a été avancée par la centrale islamiste et par son idéologue « number one » le cheikh Rached Ghannouchi, mais elle peut être acceptée dans le sens d'une immunisation culturelle et idéologique de nos jeunes candidats aux recrutements terroristes. Cependant, le ministre passe à la vitesse supérieure pour faire sien le discours de la Nahdha et ses structures idéologiques et de propagande, en affirmant tout bonnement que le phénomène extrémiste est né de la « désertification » de l'éducation religieuse depuis que la Zitouna a été marginalisée etc... ! (sous-entendu par Bourguiba et ses anciens ministres en charge de l'éducation). Voilà qu'on tombe directement dans la thèse de l'Islam politique et radical balancée à tous vents aux visages de tous ceux qui n'y croient pas et pour cause ! Premièrement, le système éducatif de l'indépendance a essayé de rationaliser l'enseignement religieux en le maintenant dans toutes les écoles et dans tous les lycées. Rappelons à Mr. le ministre que l'école de la République n'a jamais été laïque ou « désertique », et que les cours d'éducation civique et religieuse ont toujours été obligatoires et enseignés par de très honorables docteurs de l'Islam issus pour la plupart de la Zitouna. Par ailleurs, l'enseignement supérieur islamique a été confié à la branche zeitounienne réformée et modernisée à la faculté de la Chariaâ et des fondements religieux de Montfleury où d'ailleurs, beaucoup de très bons professeurs et chercheurs ont brillé par des mémoires et des thèses plus qu'honorables et citées comme références dans tout le monde musulman. Par conséquent, assimiler la rationalisation de l'enseignement réligieux et la réforme académicienne de la Zitouna après l'indépendance et avec la participation de nos plus éminents cheikhs islamiques, à la « désertification » relève de la plus grosse invention « politique » et de la désinformation pour légitimer et justifier ce qui se passe au niveau des dérives extrémistes que connaît le monde de la religion dans notre pays et ailleurs. La vraie « désertification » c'est celle qui fait de la religion un lubrifiant commode à la pensée unique base même du totalitarisme au nom de l'Islam, alors que notre religion a toujours honoré la raison et le progrès intellectuel. Dieu n'a-t-il pas ordonné à notre Prophète vénéré Mohamed (SAWSL) de « Lire » (Ekraa). Aujourd'hui, nous sommes confrontés à la confiscation de la religion par la politique, au service d'un projet de dictature religieuse qui veut soumettre notre peuple à nouveau à la décadence et à l'obscurantisme primaire. La Tunisie a toujours été une exception grâce à l'ouverture et à l'universalité de la Zitouna, la bonne, celle des Ben Achour, de Mohamed Lahbib Belkhodja, de Chedly Neïfar, de Ahmed Bakir, Mokhtar Sallami et bien d'autres sans oublier les muftis bien-aimés Kamel Eddine Jaïet et Othman Battikh et bien d'autres aussi. La thèse de M. le Ministre, avec tous nos respects, ne tient pas parce que justement la « désertification », dont il parle n'a pas touché une institution comme «El Azhar » en Egypte, mais ça n'a pas empêché les « frères musulmans » et les courants extrémistes de proliférer au pays de Mohamed Abdou. L'extrémisme islamique est une invention « politique » et non «académique » ! Alors vivement la rationalisation de la religion pour la rendre aisée et la faire aimer plutôt que de voir cette barbarie innommable et sanguinaire s'accomplir en Iraq et en Syrie au nom de l'Islam dénaturé et désertique. Le vrai désert c'est l'ignorance, la passion aveugle et la volonté d'imposer une lecture sommaire de la religion par la violence, le crime et la terreur ! Dieu, Protégez notre Islam tunisien et notre manière d'être et de vivre tolérante et fraternelle ! K.G