Le Temps-Agences - Bernard Kouchner invite ses collègues de l'Union européenne à alourdir les sanctions contre l'Iran sans attendre une nouvelle résolution de l'Onu sanctionnant le programme nucléaire de Téhéran, dans une lettre dont Reuters a pris connaissance hier. Ces nouvelles mesures, provenant du premier partenaire commercial de l'Iran, devraient viser à accroître la pression sur l'Iran, en particulier dans le domaine économique et financier, explique le chef de la diplomatie française. "Si nous voulons parvenir avec Téhéran à obtenir une solution négociée, nous ne pouvons pas attendre sans réagir face au fait accompli iranien. Il en va de notre responsabilité et de notre crédibilité", peut-on lire dans ce courrier. "C'est pourquoi, parallèlement aux négociations pour une nouvelle résolution du Conseil de sécurité, qui doivent se poursuivre, je propose que nous commencions dès à présent à explorer ensemble la possibilité de nouvelles mesures européennes. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre l'adoption de cette résolution pour aller de l'avant", dit-il. Pour Bernard Kouchner, la négociation à l'Onu "prendra du temps en raison des positions de certains de nos partenaires." "Le temps joue contre nous, car chaque jour l'Iran se rapproche de la maîtrise de la technologie de l'enrichissement, c'est-à-dire de facto de la capacité nucléaire militaire", souligne le ministre dans sa lettre adressée aux Vingt-Sept. Il faut absolument, a-t-il expliqué, éviter "que la communauté internationale soit un jour confrontée à une alternative désastreuse entre l'acquisition par l'Iran de l'arme nucléaire et une intervention militaire pour l'en empêcher." Kouchner avait suscité l'émoi en évoquant mi-septembre la possibilité d'une "guerre" contre l'Iran avant d'atténuer ses propos devant le tollé qu'ils avaient provoqué. Pour lui, l'UE doit prendre les devants en ajoutant "dans un premier temps (...) de nouvelles entités, en particulier dans le domaine bancaire, et de nouveaux individus aux listes européennes de gel des avoirs et d'interdiction de visa". Il exhorte les ministres des Affaires étrangères de l'UE à débattre de ces mesures lors de leur réunion du 15 octobre. "Il est primordial que l'Union européenne montre aujourd'hui sa détermination et qu'elle donne à nouveau l'exemple, en prenant l'initiative de nouvelles mesures fermes pour accroître la pression sur l'Iran afin qu'il réponde, enfin, aux demandes du Conseil de sécurité des Nations Unies", poursuit-il.