Est-il normal qu'en cette période où bien des efforts sont consentis dans le cadre de la lutte anti-terroriste, le syndicat de la sûreté républicaine tienne une conférence de presse pour dénoncer des dépassements, des infractions et des infiltrations au sein de services très importants du Ministère de l'Intérieur ? En effet, avant-hier, vendredi 12 Septembre, c'est-à-dire le même jour où le Conseil National de Sécurité s'est réuni pour évaluer la situation sécuritaire avant la campagne électorale et le scrutin du 26 octobre prochain, ce syndicat apprend pour la énième fois aux Tunisiens que le Ministère de l'Intérieur est infiltré par des fonctionnaires et des agents politisés qui entravent de diversesmanières la guerre menée contre les terroristes islamistes et leurs complices dans le pays. Il paraît aussi, selon la même source, que Lotfi Ben Jeddou, le Ministre de l'Intérieur, ne prend pas connaissance de tous les dossiers graves de son département, certains documents de la plus haute importance étant court-circuités par des services qui échapperaient à son contrôle. Les membres du syndicat de la sûreté républicaine ne semblent pas faire des déclarations en l'air, au contraire ils étayent chacune de leurs accusations à l'aide de preuves à première vue accablantes et en citant les personnes et les services dénoncés. Ils rapportent par ailleurs d'autres informations selon lesquelles des terroristes dangereux auraient bénéficié d'un certain traitement de faveur de la part des services impliqués lesquels auraient par la suite facilité la fuite de ces terroristes ou de leurs proches vers la Libye. L'ennemi extérieur et l'ennemi intérieur Cela se passait alors que Lotfi Ben Jeddou déclarait que le climat sécuritaire était relativement bon mais qu'il fallait rester vigilant notamment sur nos frontières avec l'Algérie et plus particulièrement à Kasserine et au Kef. Cela se passait aussi alors que les unités anti-terroristes avaient démantelé à Sidi Bouzid une cellule terroriste qui a en sa possession des explosifs et des matières servant à en fabriquer en vue d'opérations armées contre des personnes et des institutions. En d'autres termes, la guerre menée actuellement et depuis des mois au terrorisme n'est réellement active qu'en dehors du Ministère de l'Intérieur ! Or et d'après plus d'un syndicat de la police, il existerait à l'intérieur même de ce département des services suspects qui viendraient en aide aux différents réseaux et filières rattachés aux activités terroristes en Tunisie, au Maghreb et même au Moyen-Orient ! Si les révélations faites par ces syndicats n'étaient colportées que par une seule source, on aurait donné plus de chances que ce soient des rumeurs malveillantes ; mais il s'agit- là de données vérifiables confirmées par plusieurs organisations syndicales à la fois ! Pourquoi donc tarde-t-on à prendre au sérieux les déclarations gravissimes sur l'infiltration partisane du Ministère par des fonctionnaires déloyaux ? Surtout que maintenant, ce Ministère est dirigé pratiquement par deux « têtes », à savoir le ministre, Ben Jeddou, et son ministre délégué, Ridha Sfar ! Ne peuvent-ils pas se répartir les responsabilités entre eux-deux de manière à contrôler tous les services sans exception ? D'autre part, si l'on veut vraiment rassurer les citoyens sur le climat sécuritaire ambiant, ne faut-il pas les rassurer aussi (et d'abord) sur l'ambiance qui règne au sein du Ministère de l'Intérieur même. Car à force d'entendre les « révélations » sur des services infiltrés au niveau de ce département, on finit par penser que le péril terroriste ne sera jamais vraiment écarté dans la mesure où il est couvé par l'administration censée le combattre et l'anéantir ! Du coup, on ne peut plus parler de « climat sécuritaire favorable à la tenue d'élections libres, démocratiques et transparentes » ! Et la sérénité des Tunisiens en restera toujours troublée ! Elucider l'énigme A quand donc une réaction forte pour en finir avec les « allégations » relatives à l'infiltration politique du Ministère de l'Intérieur ? Quand est-ce qu'on nous dira toute la vérité sur les dessous de cette prétendue complicité entre des fonctionnaires de la sûreté et les réseaux terroristes ? Il ne suffit pas de démentir à chaque fois les déclarations de tel ou de tel autre responsable syndical ! Et qu'on nous dise aussi ce qui s'est passé avec les syndicalistes appelés à la barre suite aux « révélations » qu'ils ont rendues publiques ces deux dernières années. Révélations d'autant plus effrayantes qu'elles sont corroborées par des documents apparemment authentiques ! Jusqu'à présent, les zones d'ombre persistent dans ces affaires ; exactement comme dans les dossiers des deux assassinats politiques de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Et qu'en est-il de ces menaces d'attentat contre la personne de Béji Caïed Essebsi ? Pourquoi lui, en particulier ? A qui son assassinat pourrait-il profiter en ce moment précis où il est encore le favori principal de la course à Carthage ? Pourquoi l'information sur ce danger mortel couru par le président-fondateur de Nida Tounès lui a-t-elle été communiquée par les services de la sécurité présidentielle et pas directement par ceux du Ministère de l'Intérieur ? D'autres questions peuvent encore être posées, mais l'heure estaux réponses, maintenant ! Qu'on nous éclaire d'abord sur ces « énigmes » de l'infiltration ! Après, ce sera une autre paire de manches !