La mise en œuvre du plan de restructuration de Tunisair prévoyant le départ volontaire de quelque 1700 employés se heurte à de nombreuses difficultés. Entamées fin juin dernier, les négociations entre la direction de la compagnie aérienne publique et les syndicats de base relevant aussi bien de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) que de la Confédération Générale du Travail (CGTT) achoppent sur les modalités pratiques de l'exécution de cette cure d'amaigrissement visant à alléger le fardeau des charges salariales de l'entreprise. Au cours de la dernière réunion tenue tout récemment entre les deux parties, la direction générale du transporteur a proposé d'entamer l'application du programme de départ volontaire, avec la mise à la retraite de 1000 employés avant la fin de l'année en cours et le départ de 700 autres en 2015, contre des indemnités d'un montant global de 23 millions de dinars. La direction a également informé les syndicats qu'elle compte s'abstenir de remplacer les employés qui partiront à la retraite durant les prochaines années et éviter de recruter de nouveaux agents, à l'exception des techniciens spécialisés dans la maintenance des avions, lesquels devraient être recrutés dans le cadre de contrats à durée déterminée (CDD). Les syndicats ont, cependant, posé la régularisation de la situation professionnelle d'environ 4000 employés comme préalable à tout accord sur l'exécution du programme du départ volontaire. Il s'agit concrètement de faire bénéficier ces employés des promotions et des reclassements professionnels dont ils n'ont pas bénéficié auparavant, selon des sources bien informées au sein du syndicat de base de Tunisair rattaché à l'UGTT D'après le syndicat de base de Tunisair relevant de la CGTT, «certains employés n'ont bénéficié d'aucune promotion durant 20, voire 30 ans de service tandis que d'autres cadres ont été privés d'occuper des postes de responsabilité en raison d'une gestion défaillante des ressources humaines ou de pratiques clientélistes». Répercussions financières importantes La direction de Tunisair a promis d'examiner ces revendications syndicales, tout en soulignant qu'elles auront des répercussions financières importantes qui risquent de grever les comptes de la compagnie et de réduire les bienfaits escomptés de l'opération de dégraissage. Le plan de départ volontaire de 1700 employés âgés de 50 à 60 ans devrait permettre à la compagnie nationale d'économiser environ 10 millions de dinars par an. Les charges salariales de l'entreprise ont atteint 161 millions de dinars en 2013 , en hausse de 8,3% par rapport aux151,4 millions de 2012. Selon les états financiers de l'exercice 2013 de Tunisair, le transporteur emploie plus de 7000 salariés, soit plus de 200 personnes par avion. A titre de comparaison, British Airways compte 30 employés par avion et la compagnie low-cost Ryanair n'emploie que 7 salariés par avion. Outre la compression des effectifs, le plan de restructuration de Tunisair, dont le déficit a atteint plus de 100 millions de dinars en 2013, comprend notamment la prise en charge de l'Etat de certains engagements financiers de la compagnie, l'acquisition de sept avions qui seront exploités sur de nouvelles lignes à programmer entre 2014 et 2017, dont un Airbus A320 en novembre 2014 et deux Airbus A330 en mai et juin 2015. L'objectif est de réduire le déficit de la compagnie d'environ 30 millions de dinars d'ici 2017 et d'atteindre l'équilibre financier en 2018.