Lors d'un point de presse tenu, hier, au siège de l'UTICA, à Tunis, la chambre professionnelle des bureaux d'études de marché et de sondages d'opinion a demandé la révision des dispositions de la loi électorale portant interdiction des sondages d'opinion politiques publics, en période électorale, c'est-à-dire les sondages destinés à informer l'opinion publique, disant n'être pas convaincue de l'efficacité de la mesure. Nabil Bel Am, président de la chambre, a indiqué que la chambre avait contesté cette interdiction depuis mars 2014 auprès de la HAICA ( Haute Instance régulatrice du secteur de l'audiovisuel), présentant par la même occasion son point de vue sur la base d'études documentées concernant les effets négatifs de telle interdiction. Il a indiqué qu'il n'a pas été établi de façon catégorique que les sondages d'opinion orientent de manière décisive les choix des électeurs et leurs intentions de vote, mais qu'au contraire c'est l'absence d'informations documentées sur la base de sondages d'opinions qui a des effets négatifs sur la bonne marche de l'opération électorale. Respect de la mesure d'interdiction Le président de la chambre professionnelle des bureaux d'études de marché et de sondages d'opinions a déclaré que les gens de la profession n'ont pas été consultés lors de la discussion du projet de loi électorale et son adoption à l'Assemblée constituante, ajoutant que les directeurs des bureaux d'études de marché et de sondages d'opinions ont respecté, cependant, la mesure d'interdiction et n'ont pas effectué de sondages d'opinions politiques publics, c'est-à-dire les sondages destinés à l'information de l'opinion publique, en période électorale, car l'interdiction porte sur ce type de sondages et ne concerne pas les sondages d'opinions politiques confidentiels réalisés sur commande pour ceux qui le demandent comme les partis politiques. De tels sondages d'opinions politiques confidentiels en période électorale sont permis. Il a indiqué que la période d'interdiction est longue et s'étend sur cinq mois, incluant la période précédant la campagne électorale, celle de la campagne électorale, puis la période du silence électoral, et ce pour les élections législatives et il en va de même pour les élections présidentielles. Il a noté que les sondages d'opinions politiques publics en période électorale sont permis dans la grande majorité des pays et à leur tête les pays développés bénéficiant d'une longe expérience démocratique. L'interdiction d'effectuer des sondages d'opinions politiques publics est mentionnée dans l'article 70 de la loi électorale, tandis que l'article 156 prévoit une amende allant de 20 mille à 50 mille dinars pour les contrevenants. «Effets négatifs» Nabil Bel Am a signalé qu'il y a, en ce moment, une forte demande de la part des partis politiques pour les sondages d'opinion politiques confidentiels pour leur propre compte afin de connaitre les tendances des électeurs. Il a estimé que l'interdiction de réaliser des sondages d'opinions politiques publics comporte une injustice pour les petits partis qui n'ont pas de moyens matériels en vue de commanditer des sondages pour leur propre compte, de sorte que l'interdiction foule, à ses yeux, les principes de la justice, analyse partagée par les autres membres du bureau exécutif de la chambre présents à la rencontre dont Maher Salem et Mohamed Iqbal Elloumi. Le président de la chambre a estimé que cette interdiction prive les citoyens et les électeurs de données et d'informations documentées mises à leur disposition par les sondages d'opinions politiques publics de manière à être bien au courant du paysage politique, outre qu'elle s'oppose aux principes de la charte universelle des droits de l'homme en ce qui concerne la liberté d'expression et le droit du citoyen à l'accès à l'information. Il a exprimé sa crainte de voir cette absence d'information fournie par les sondages d'opinions ne contribue à accroitre l'indifférence des citoyens à l'égard des élections et les taux d'abstention. Néanmoins, il a admis l'existence d'une crise de confiance à l'égard des bureaux d'études de marché et de sondages d'opinions, soulignant que la chambre a été justement créée, en 2013, afin de rétablir la confiance dans ces bureaux et dans les instituts de sondages d'opinions. Il a dit que la chambre a présenté des propositions à ce sujet dont l'autorégulation de l'activité à travers l'imposition d'un ensemble de conditions appropriées pour l'exercice de l'activité de manière à ce que les bureaux et instituts de sondages soient compétents en la matière, parallèlement à la création d'une Haute Instance indépendante de régulation qui suit l'activité et les dépassements qui pourraient l'entacher.