Notre système éducatif a été conçu pour abêtir nos élèves, c'est une réalité âcre à digérer ! La politique de l'enseignement a été prônée pour faciliter la réussite et permettre le passage de niveau à quiconque sans tamis, sans exigence et sans critère de sélection. La chance de réussir sans les acquis nécessaires ou le minimum d'intelligence, a généré des répercussions négatives sur le niveau des élèves ; aujourd'hui on en récolte avec déconvenue ses fruits empoisonnés. Les élèves en difficulté dans une classe sont la majorité silencieuse. Seuls deux ou trois, plus ou moins brillants, sont capables de réagir aux consignes et d'animer une classe morte. Les cancres sont bons à semer le trouble et perturber le déroulement des cours. Leurs lacunes s'accumulent au long des années. La réalité de leur niveau ne concorde pas au niveau d'étude qu'ils ont atteint. Il y a un décalage horrible et l'élève en difficulté ne pourrait pas assimiler le contenu des modules programmés surtout en matière de langue. Les enseignants souffrent d'une mauvaise concordance entre le programme à enseigner, les méthodes pédagogiques à appliquer avec le vrai niveau des élèves qui est en deçà du niveau escompté prévu. Par la suite, les élèves en difficulté ne peuvent pas suivre le programme. Les formateurs pédagogiques lors des journées de formation au CREDIF ou lors des leçons modèles appliquent les méthodes pédagogiques théoriquement ou sur des échantillons de classes de bons élèves, ce qui ne correspond pas à la réalité pratique. Nous avons visité l'école préparatoire 20 mars Sijoumi Sidi Hcine. De nombreux élèves inscrits en 7ème année de base ne peuvent pas écrire correctement leurs noms, ne peuvent pas lire en français, ne connaissent pas l'alphabet. C'est malheureux, alors qu'ils sont censés apprendre le français depuis la classe de troisième année primaire. Certains professeurs sont perplexes, ne savent pas comment procéder pour que ces élèves puissent suivre les leçons alors qu'ils sont incapables de prononcer convenablement un mot en français. Ils sont complètement désespérés. Nous avons demandé à une professeure de français Madame M'kademi, de nous expliquer la pédagogie qu'elle devrait suivre dans l'apprentissage de français. Elle a précisé que l'enseignement du français au cycle secondaire s'articule autour de trois objectifs fondamentaux. On vise à développer la compétence de lecture, la capacité d'expression orale et écrite. Plusieurs principes méthodologiques sont pris en compte. Le professeur doit avoir recours à une pédagogie active qui implique les élèves et favorise leur participation tout en tenant compte de leurs pré-requis et de leurs besoins dans le choix des stratégies d'apprentissage. Les différentes activités de la classe de français devaient être décloisonnées sans oublier de mettre en œuvre des projets disciplinaires ou interdisciplinaires afin de développer l'esprit d'initiative et de favoriser l'intégration des différents apprentissages. Autrement dit, il faut privilégier le rôle de l'élève dans la construction progressive des savoirs, savoir-faire et savoir être. Sur ce point, l'enseignant est supposé avoir établi un diagnostic, c'est-à-dire, se donner des outils pour une reconnaissance juste et fiable des capacités et des besoins des élèves. Ce n'est pas évident d'appliquer à la lettre ces instructions méthodologiques, étant donné que la réalité à laquelle les enseignants se sont heurtés, est tout autre. De nombreux élèves de collège sont presque analphabètes surtout en matière de français. L'interaction entre les élèves et l'enseignant lors de la séance d'apprentissage est quasiment impossible, car les élèves qui viennent des établissements primaires sont incapables de lire et de comprendre à part deux ou trois élèves dans chaque classe. Le niveau de français est catastrophique. Les élèves ne travaillent pas, ils n'ont pas des moyens pour suivre des cours particuliers à l'extérieur afin de remédier à leurs lacunes. Ils sont complètement démotivés avec leurs problèmes familiaux, sachant qu'ils sont issus de familles démunies, c'est un quartier populaire et pauvre, il y en a beaucoup de cas sociaux ; et puis la pratique de la langue française n'a pas d'assise dans les milieux populaires, on n'écoute pas la radio en français, on ne regarde pas les chaines françaises, on ne lit des livres ou des journaux en français. Donc enseigner le français est devenu une activité pénible à exercer.