La question du célibat en Tunisie devient avec le temps un fait-divers. Depuis les années 2000, de multiples études sociologiques l'ont traité et ont abouti au fait que la volonté des jeunes à construire une famille régresse notablement. Les dernières statistiques obtenues indiquent que 42% des jeunes en âge de se marier sont des célibataires. Est-ce une phobie du l'institution du mariage ? Ou est-ce la tendance à préserver une vie libre et sans responsabilités ? La question financière constitue-t-elle un facteur de base ? Des célibataires qui s'expriment M. Jawhar, 33 ans, chef d'entreprise, affirme ne pas avoir trouvé celle à qui il pourrait s'adapter. Il dit que le problème pour lui n'est pas d'ordre financier, c'est plutôt la mentalité des filles qu'il rencontre qui se compliquent la vie, alors que lui, il voudrait mener la vie la plus simple possible. Il rajoute que ce n'est pas évident de trouver le partenaire qui convient à ses attentes et qu'il ne veut pas entrer dans cette expérience avant de s'en assurer de peur que cela finisse par le divorce, comme la grande part des couples Tunisiens. Mlle.Rafrafi Ines, 35 ans, responsable dans une entreprise, refuse également l'idée du mariage et donne ses arguments. Elle voit qu'elle n'est pas du tout prête à assumer la responsabilité d'un homme, car elle arrive à peine à assumer la sienne. De plus, elle n'est pas amatrice de cuisine ni de ménage et trouve qu'elle a peu de patience pour supporter les exigences d'un homme. Ines assure qu'elle mène très bien sa vie et que le sentiment d'être libre et sans charges ne se vend à aucun prix. M.Ghalleb Hassan, 38 ans, professeur d'anglais, souligne quant à lui le problème financier qui l'empêche d'entamer la vie de couple. Il dit qu'avec des revenus qui ne dépassent pas les 1000 dt par mois entre salaire et cours particuliers, il n'arriverait pas à assumer toutes les charges d'une famille, y compris le loyer, la nourriture et dans une autre étape, d'éduquer 1 ou 2 enfants. Il préfère donc dépenser son argent sur son propre bien-être que de ne plus trouver de quoi manger comme il faut ou bien s'habiller. Ces témoignages constituent dans une part, une réponse à notre problématique. C'est le sentiment de vouloir préserver son bien-être et ne pas risquer sa liberté personnelle en étant soumis à l'ensemble des contraintes et responsabilités exigées par la vie conjugale. C'est donc Psychologique ? Mme. Nasri Mouna, psychologue, a expliqué que le problème psychologique n'est pas indépendant des autres phénomènes vécus par les jeunes Tunisiens, mais en dérive. Elle affirme que pour la plupart des jeunes, il ne s'agit pas du refus mais de l'enfui. De plus, certaines gens voient de près des expériences, de proches ou d'amis, échouées, cela ne les motive plus à vivre l'expérience. Le mariage constitue ainsi une source de phobie. Mme. Nasri a indiqué que les arguments que les jeunes célibataires présentent disent qu'ils ne veulent pas assumer un tel fardeau, pour les hommes, et qu'elles ne sont pas prêtes à supporter les ennuis et les charges d'un homme, en ce qui concerne les femmes. Du coup, on tombe ici dans la seule description possible de cette attitude, selon la psychologue, c'est de l'égoïsme. Chacun veut vivre pour soi, pour son propre être et réaliser sa propre satisfaction. La psychologue attire l'attention sur le fait que les problèmes du chômage et des revenus faibles des jeunes, renforcent davantage cet égoïsme chez eux, aucun ne veut désormais sacrifier rien à personne ni partager rien avec personne. Cela paraît grave, certes, mais on ne peut pas généraliser car il y a certains qui se trouvent paralysés par leur carrière professionnelle ou leurs études universitaires qu'ils veulent achever jusqu'au bout. Il y a également, d'après Mme. Nasri, l'extrême contraire, les jeunes qui se marient au-dessous de 25 ans et même des filles qui se marient à l'âge de 16 et 17 ans alors qu'on est censé être dans une époque où on lutte pour que la femme soit mature et instruite avant qu'elle ne se marie. Plusieurs points sont à soulever à travers ce sujet, chose que la psychologue a tentée de faire dans son intervention. Peut-on ainsi dire que la société Tunisienne se bat contre un ensemble de phénomènes antagonistes ? Est-il possible que pour remédier à la croissance du taux du célibat on revient à se marier à un âge précoce ?