Les voies du seigneur sont impénétrables et ceux de la Nahdha le sont encore plus ! Et pour cause, le Cheikh Rached Ghannouchi de plus en plus imprégné des tactiques et des stratégies « bourguibiennes » en attendant, un revirement plus significatif au niveau identitaire, joue la prudence et l'ambigüité et ne veut en aucune manière être du côté des « perdants » ! Quand la Nahdha est en position de force elle joue de « l'artillerie » lourde pour assommer ses adversaires et étouffer ses alliés, à l'ANC... D'ailleurs ils l'ont payé cash et ont frisé le « zéro » fatidique de représentation au nouveau parlement. Quand elle est en position de faiblesse, elle joue le repli et c'est ce qu'elle a fait au nom de « l'intérêt national » en acceptant le gouvernement technocrate de M. Mehdi Jomaâ. Et quand elle est en position intermédiaire, comme c'est le cas aujourd'hui après le scrutin du 26 octobre 2014, assez faible parce qu'elle n'est pas reconduite comme force dominante à la nouvelle assemblée, et suffisamment forte parce qu'elle dispose d'une minorité de blocage respectable au sein de l'hémicycle du Bardo, là elle joue « l'attente » et va s'asseoir sur la colline, comme dit le proverbe arabe pour voir l'issue de la bataille après épuisement des protagonistes et bien situer le « vainqueur » ! Puis une nouvelle étape sera entamée pour composer avec la nouvelle réalité du terrain et les nouveaux rapports de force ! C'est si simple... la politique... n'est ce pas ! Et c'est pratiquement infaillible. Par conséquent dire que la Nahdha va laisser à ses adhérents, ses troupes et ses alliés satellitaires « la liberté » de soutenir le candidat de « leur » choix, c'est l'apparence parfaite de la « neutralité », par laquelle la centrale islamiste veut éviter le fardeau des alliances « perdantes », mais aussi l'animosité du, ou des « gagnants » potentiels en l'occurrence Nidaâ Tounès et son leader charismatique et populaire M. Béji Caïd Essebsi, El Jabha Achaâbiya de M. Hamma Hammami ou l'ULT de M. Slim Riahi. Mais ce n'est qu'une apparence, parce que la Nahdha donne quand même une orientation essentielle et qui peut être le mot de passe secret à savoir l'exigence que le candidat à la présidence de la République doit être « acquis » à la Révolution et ses objectifs ! Et c'est là le fil d'Ariane que les « Nahdhaouis » doivent suivre, et qui mène directement à M. Moncef Marzouki leur allié de la défunte Troïka ! Par conséquent la directive du conseil de la « choura » de la Nahdha, semble mettre à égalité tous les candidats, alors que de fait les bases des islamistes seront mobilisées pour le candidat à sa propre succession Dr Marzouki, qui à leurs yeux répond à l'exigence « révolutionnaire » nahdhaouie bien sûr, car tout un chacun a une perception autre de la « Révolution » et de ses valeurs initiales. De fait, encore une fois, les « objectifs » de la Révolution continuent pour la centrale islamiste à être « Nahdhaouis », ou ils ne sont pas ! Or Dr Marzouki sera à nouveau mandaté non pas pour être « le président de tous les Tunisiens » et de consacrer les vraies valeurs de la Révolution que sont la liberté et la dignité, mais pour être le contre poids à Nidaâ Tounès et Béji Caïd Essebsi à Carthage et se comporter en « allié loyal » de la Nahdha ! C'est de bonne guerre et il n'y a rien à dire. Mais les Tunisiennes et les Tunisiens peuvent voir les choses autrement et donner les moyens à Nidaâ Tounès et son leader, de stabiliser le pays et surtout harmoniser l'exécutif de manière à éviter les conflits et les querelles de compétences à prévoir entre Carthage et la Kasbah, comme nous en avons eu les prémisses avec le gouvernement Mehdi Jomaâ sur des dossiers aussi sensibles que la sécurité, la lutte contre le terrorisme ou la diplomatie. Certains parleront encore des risques « d'hégémonisme» à l'ancienne, si M. Béji Caïd Essebsi était porté le 23 novembre 2014, à la magistrature suprême. Mais ça ne tient pas la route, parce que le système politique tunisien a totalement changé. La constitution nouvelle, oeuvre quand même de l'ANC sous la pression certes des partis démocratiques et la société civile, ne permet en aucune manière un retour au despotisme où à la dictature. Par ailleurs le parlement est suffisamment « prismé » et différencié ce qui fait que la majorité de Nidaâ Tounès en peut pas fonctionner comme l'a été par ailleurs la majorité de Nahdha après le 23 octobre 2011, hégémonique et dominante à l'ANC. Les « garde-fous » sont là et la Nahdha elle-même dispose d'un contrepoids très respectable et très crédible et 69 sièges sur 217 ce n'est pas rien sans compter les alliances possibles. Enfin, un dernier argument de taille. Dans des pays démocratiques comme la France, le Parti socialiste domine les deux chambres parlementaires françaises M. Emanuel Valls (socialiste) est bien premier Ministre de France, et M. Hollande (patron du parti socialiste) est bien Président de la République française. Tout cela a-t-il mené la France à la dictature ou au despotisme ! A vous de juger ! En fait la Tunisie a fait le bon qualitatif, à notre humble avis, irréversible vers un système de démocratie pluraliste et de séparation des pouvoirs réels, parce nous avons une presse dynamique, libre et indépendante en plus de la diversité parlementaire et la représentation plurielle. Notre justice est aussi très performante et digne. Elle prouve chaque jour son indépendance et son retrait par rapport à « la politique », et rien que les décisions tout à fait remarquables du Tribunal Administratif tunisien et des autres juridictions le prouvent, et ce même du temps de la dictature. Alors soyons sérieux et comparons plutôt les programmes et la qualité des Hommes en lice pour Carthage. Carthage doit abriter les meilleurs des Tunisiens et des commis de l'Etat... car elle le vaut bien ! Regardons l'avenir qui doit être celui de la concorde et de la raison apaisée et créatrice. L'ère des bâtisseurs doit sonner à nouveau ! Par