Décidément, les Tunisiens sont de grands précurseurs ! Appelez cela de la subtilité arabe et méditerranéenne. N'empêche que nous vivons chaque jour une « invention » politique qu'aucune rationalité au monde ne peut déchiffrer ! La dernière qui a attiré mon attention, c'est cette nouvelle pratique à faire le procès, non pas des politiques précédentes au vu de leurs bilans dérisoires ou décevants, mais des futurs gouvernements et présidents de la République avant même d'avoir exercé leurs fonctions ! Nous avons tous remarqué que les bilans désastreux des années « Troïka » au niveau sécuritaire, économique, écologique, éducationnel et j'en passe, sont passés sous silence lors de la campagne pour les législatives. Nous y avons vu un signe de maturité et de civisme politiques et une façon élégante de tourner la page tout en visant l'avenir et ses promesses de stabilité et de concorde, tout en préservant un seuil minimal de courtoisie dans la concurrence politique, légitime et souhaitable. Beaucoup de leaders de partis de l'opposition politique ascendante comme Nidaa Tounès ou El Jabha Achaâbiya (Front populaire) ont évité des mots blessants ou même des attaques frontales contre leurs adversaires au pouvoir depuis le 23 octobre 2011. Ceci nous a valu des satisfécits de partout, surtout de la part des pays très ancrés dans la démocratie pluraliste comme la France, les Etats-Unis, l'Angleterre ou l'Allemagne. Nous avons été cité en exemple, pour avoir franchi cette ligne du « rejet » de l'autre, et d'en accepter avec fair-play et même dans la bonne humeur les différences. Tout était bien dans le meilleur du monde et la Tunisie était devant ! Mais... chassez le naturel, il revient au galop ! Certains prétendants au pouvoir « suprême » ne peuvent pas se débarrasser facilement de leurs mauvaises habitudes acquis depuis des années, avec ce tempérament « excessif » qui ne peut aboutir qu'à l'insignifiant. Accuser un futur gouvernement que l'on ne connaît pas encore et dont ils peuvent d'ailleurs, peut être, en faire partie et qui a été élu démocratiquement au suffrage populaire de « Taghaoul » (hégémonie ») c'est mettre la charrue devant les bœufs ! qu'en penserez ceux qui ont dirigé ce pays pendant la « Troïka » et de quelle manière, frisant souvent l'hégémonie véhiculée par le régime d'assemblée à l'ANC où ils étaient majoritaires, si M. Béji Caïd Essebsi et son gouvernement de première transition après la Révolution, avaient fait la même chose et accusé la futur « Troïka » d'hégémonisme au vu des élections du 23 octobre 2011, avant même d'avoir exercé ! On aurait eu une crise institutionnelle et l'alternance pacifique au pouvoir serait tombée à l'eau. Comme c'est beau la politique en Tunisie ! N'est-ce pas ! Ce que je fais et ce que je suis, vous n'avez pas à en faire autant, ni à l'être ! Heureusement que ce ballet infernal va se terminer le 23 novembre prochain ! Le peuple tunisien dira son mot en toute liberté et en toute sérénité et lucidité. Aux uns et aux autres d'accepter les règles du jeu démocratique et de se mettre au travail ! De tout cela, il ne restera qu'un fond de brouhaha des déires de l'excessif et de l'irrationnel ! Oui, la Tunisie a besoin de raison, de calme et de sérénité pour se remettre à niveau et rejoindre le monde qui compte, après tout ce temps perdu sur les débats identitaires et les idéologies d'un autre âge ! Oui... Le matin de la nouvelle Tunisie.... Nous y croyons. Quant à l'hégémonisme c'est une « ghoula » qui ne fait plus peur même aux enfants ! K.G