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Nuages sur nos terres
Publié dans Le Temps le 15 - 11 - 2014

Le secteur agricole en Tunisie est un secteur éminemment stratégique, comme l'attestent les statistiques : 13 à 14 % du PIB, 600 000 agriculteurs, deux à 2,5 millions de personnes dont l'activité est directement ou indirectement liée aux activités agricoles, 14,3 %, du taux global des d'exportations, source de revenus unique pour la population active rurale dont 65 à 70 % sont des femmes etc.
L'agriculture tire également son importance de ses enjeux capitaux; enjeux particulièrement économiques, à savoir l'autosuffisance alimentaire et l'autonomie de décision politique, mais aussi enjeux environnementaux et de société, étant donné le rôle qui est normalement le sien dans la stabilisation et la promotion de la population rurale. De quoi la placer face à un certain nombre de défis qu'elle se doit de relever pour assurer son décollage.
Handicaps et entraves
Or, l'objectif de décollage de notre agriculture est entravé par un certain nombre de facteurs dont notamment le morcellement des exploitations, le vieillissement de la population active agricole associée à la quasi absence de relève, l'avancée de l'urbanisation anarchique qui envahit progressivement des terres fertiles, et particulièrement l'absence d'attractivité pour les jeunes. A un degré moindre, il y a lieu de mentionner d'autres handicaps comme l'appauvrissement des sols et la désertification rampante due notamment à la salinisation et à l'érosion.
Tous ces facteurs sont selon les experts et les professionnels la conséquence de l'absence d'une stratégie agricole claire et en même temps, de politiques jugées incohérentes, floues et désarticulées. Des appréciations partagées d'ailleurs partagées par Lassâad Lachâal, ministre de l'Agriculture, auteur de la réflexion suivante : « La Tunisie ne dispose pas d'une stratégie agricole claire et sa politique est basée sur des stratégies sectorielles limitées et non cohérentes.»
En d'autres termes le secteur agricole, tout stratégique qu'il est, a souvent été marginalisé au profit d'autres secteurs comme l'industrie et le tourisme, manquant d'investissements lourds et d'une vision à long terme.
L'impératif de réhabilitation
Cependant, plus que l'état des lieux du secteur, c'est le manque de visibilité et de décisions concrètes qui sont les sources de préoccupations majeures et qui se trouvent au centre des revendications des agriculteurs. Ces derniers réclament la réhabilitation de l'activité et insistent sur la nécessité de l'inscrire dans une démarche globale mais profonde et de mettre en place une stratégie clairvoyante basée sur des réformes judicieuses et bien étudiées.
C'est dans ce cadre, que le syndicat régional des agriculteurs à Sfax tient à faire part de son souhait de voir nos futurs gouvernants œuvrer dans le sens d'une véritable rupture avec la politique ancienne dont le tort et de ne pas avoir mis en valeur l'agriculture en tant que moteur du développement économique et de ne pas avoir misé là-dessus pour en faire un vecteur de développement et un facteur de promotion de l'emploi pour les jeunes en général et pour les jeunes diplômés des filières agricoles en particulier. Le syndicat soumet, ci-après, aux futurs décideurs des propositions clairvoyantes destinées à aider à la promotion du secteur agricole, à travers des réformes qualifiées d'incontournables.
Bilan post-Révolution
lamentable
Mais avant d'aborder ce volet, Faouzi Zayani, président du syndicat, ne cache pas sa déception quant à la superficialité avec laquelle le thème de l'agriculture a été traité par les membres des listes candidates à la dernière campagne des législatives : « Rien que des généralités, des promesses vagues et des réformes sans envergure, alors qu'il s'agit d'une composante essentielle, voire vitale de l'économie nationale ». De plus, notre interlocuteur se montre amer au vu du constat concernant le bilan des années post-Révolution : « Rien de bon n'a été entrepris ces trois dernières années en faveur de l'agriculture en Tunisie, qui souffre d'une plus grande marginalisation : nous sommes devenus des importateurs de viandes rouges et de lait. Et nous continuons à importer illégalement des fruits au détriment de notre production. »
Sempiternel dossier des terres collectives
Pour le syndicat régional des agriculteurs à Sfax, la réforme du secteur agricole doit nécessairement donner la priorité à la régularisation massive des questions d'ordre foncier,» Sachant que la majorité des terres exploitables sont la propriété de l'Etat comme en attestent leurs titres fonciers, comme les terres sialines ou les terres collectives, sachant aussi que cette dernière catégorie de terre représente 80 % des terres exploitables dans certains gouvernorats, nous recommandons la régularisation de la situation de ces terres pour permettre à leurs exploitants de les hypothéquer auprès des banques et d'obtenir des crédits pour lancer des projets. », propose Zayani.
Lumières sur les handicaps juridiques des terres
collectives
A ce propos, on sait que dans le cadre de la politique de décentralisation appliquée par l'Etat, il a été promulgué un décret numéro 327 en date du 10 mars 1981 portant révision du décret publié en 1965. Or, le problème c'est que certains de ses articles ont constitué en réalité, une entrave à la gestion correcte des terres collectives en ce qui concerne les droits résultant de la propriété privée, à savoir l'usage, l'exploitation et la cession qui constituent les fondements et les attributs de la propriété privée. Dans les faits, est-il besoin de le rappeler, l'attributaire de terres à caractère collectif, n'en est pas le gestionnaire effectif dans la mesure où il ne dispose pas du droit d'hypothèque ni encore moins de celui de cession ni même celui de donner la parcelle de terre à bail à complant (Mougharassa) ou de l'exploiter dans le cadre d'une association. Il résulte de ce caractère contraignant de la législation régissant ces terres collectives, caractère auquel s'ajoute l'absence de volonté politique et juridique sérieuse pour remédier à toutes les lacunes juridiques, une exclusion de ces terres des circuits économiques.
Par conséquent, le syndicat régional des les agriculteurs à Sfax préconise une réforme audacieuse à même de rompre avec la lenteur enregistrée dans la régularisation massive de la situation de ces terres dans le cadre de la mise en place d'un système foncier judicieux géré par une législation pratique et dynamisante.
Rationalisation de l'octroi
des subventions agricoles
La troisième recommandation du président du syndicat régional des agriculteurs à Sfax porte sur les conditions d'investissement agricole et préconise la révision partielle de certains articles datant de 21 ans qui sont devenus obsolètes. Les exonérations fiscales ne doivent profiter aux investisseurs étrangers au domaine agricole et qui exercent à l'origine ou en parallèle d'autres métiers ou professions. Donc les subventions financières accordées par l'Etat doivent bénéficier exclusivement aux les agriculteurs qui vivent uniquement de l'exercice de l'activité agricole.
Projets valorisants
Partant d'une évidence quasiment absolue selon laquelle le meilleur moyen de fixer la main-d'œuvre rurale locale est d'impulser un développement rural audacieux, le syndicat régional des les agriculteurs à Sfax recommande la création projets identifiables dans les régions marginalisées, tout en veillant au préalable à assurer une formation adéquate génératrice d'une plus-value pour le métier d'agriculteur de plus en plus déserté par les jeunes fautes d'initiatives valorisantes. De pareils projets auront le double avantage d'avoir constamment des réserves de main-d'œuvre pour l'agriculture et d'éviter l'exode rural aux effets pervers des points de vue économique, moral et social.
Maintien des ressources humaines
Sur le plan des ressources humaines, les vides résultant des nombreux départs à la retraite dans les différents commissariats régionaux au développement agricole (CRDA), constituent un facteur handicapant supplémentaire pour le développement du secteur, tout comme d'ailleurs le cas des cellules de vulgarisation qui sont vouées à l'inertie faute de personnel. Ces dites cellules doivent remplir un double rôle, celui d'une meilleure sensibilisation et vulgarisation et celui d'un contrôle plus rapproché et plus efficace des agriculteurs bénéficiaires de l'aide de l'Etat. Par conséquent le maintien des ressources humaines s'avère d'une grande nécessité pour le bien du secteur.
Taïeb LAJILI
- Fonds de promotion des exportations de l'huile d'olive : gestion opaque
Les agriculteurs de Sfax font également par d'une autre attente, celle de la mise au point d'une stratégie visionnaire, offensive et audacieuse en matière d'exportation. À ce propos le président du syndicat régional et d'agriculteurs à Sfax cite le cas du fonds de promotion des exportations de l'huile d'olive qui récupère 0,5 % du chiffre d'affaires de l'exportation de l'huile d'olive en vrac sous la tutelle du ministère de l'Industrie, précisant à ce propos : « Nous ne sommes pas convaincus du bon usage de ce fonds vu l'absence de résultats tangibles qui ont des répercussions positives sur l'agriculture en matière d'exportation et de valorisation des prix qui sont en train de stagner. Nous proposons par conséquent que ce fonds soit géré dorénavant par une commission multipartite avec la participation des ministères de l'Industrie, de l'Agriculture, et du Commerce, en collaboration avec les différentes organisations syndicales. Seule la mise en place d'un tel dispositif est capable de nous rassurer quant à une gestion plus transparente et plus efficace de ce fonds. »
Distribution des terres domaniales : à revoir !
Parmi les attentes du Synagri Sfax, figure la révision de la politique de distribution des terres domaniales, dans un souci de transparence et de promotion de l'embauche. Le président du syndicat appelle à ce propos à une consultation nationale sur la question avec la participation d'universitaires, de chercheurs, d'organismes étatiques et des organisations syndicales.


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