Le parti Afek Tounes a annoncé officiellement, dans un communiqué publié dimanche, son soutien à Béji Caïd Essebsi, candidat de Nidaâ Tounes à la présidentielle du 23 novembre. «Béji Caïd Essebsi est le meilleur candidat à la présidentielle en cette période critique que traverse le pays. La prochaine étape nécessite l'adoption de mesures efficientes permettant de garantir la sécurité et la stabilité dans le pays», a précisé ce jeune parti créé au lendemain de la révolution dans ce communiqué publié à l'issue d'une réunion de son Conseil national. Afek Tounes a également souligné la nécessité d'intensifier les relations diplomatiques avec les pays frères et amis afin de s'assurer de leur soutien à l'expérience démocratique tunisienne. Il a, par ailleurs, réitéré son attachement à poursuivre le processus de transition démocratique et l'édification du projet national moderniste, dans le respect des principes énoncés dans la Constitution. Le soutien d'Afek Tounes à la candidature de Caïd Essebsi était, selon les observateurs avertis, très attendu. Les bons rapports entre ce parti libéral créé le 28 mars 2011 par Yassine Brahim et Nidaâ Tounes étaient, en fait, un secret de polichinelle. Les deux formations partagent, en effet, beaucoup de choses communes. Ils préconisent tous deux un projet sociétal moderniste où il n'y a pas de place pour les extrémismes de tous bords dans le cadre du respect des droits de l'Homme et des libertés individuelles. Sur le plan économique, les deux partis prônent un programme social-libéral basé sur la libre initiative ainsi que sur l'amélioration du climat des affaires pour l'attraction des investissements étrangers même si l'Etat doit continuer à contrôler certains secteurs stratégiques et jouer son rôle de gendarme. Parti proche du monde des affaires Afek Tounes a fusionné, un temps, avec le Parti démocrate progressiste (PDP) de l'avocat Ahmed Néjib Chebbi sous la bannière de «Al Jomhouri », avant de claquer la porte de cette coalition pour «incompatibilité de points de vue» au plus fort de la crise politique déclenchée par l'assassinat du député Mohamed Brahmi. Membre de la prochaine coalition gouvernementale ? Outre les affinités liant les deux partis, le soutien d'Afek Tounes au candidat de Nidâa Tounes cache aussi des visées politiques. D'autant plus que ce parti a raflé à lui seul 8 sièges lors des dernières législatives, arrivant ainsi à la 5ème place, derrière Nidaâ Tounes, le mouvement Ennahdha, l'Union Patriotique Libre et le Front Populaire. Nidaâ Tounes étant chargé de constituer le prochain gouvernement conformément à la Constitution, Afek Tounes pourrait fort probablement faire partie de la prochaine coalition gouvernementale dans deux cas de figure. Le premier cas consiste en une coalition entre Nidaâ Tounes, le Front Populaire et Afek Tounes. La deuxième option est celle d'une alliance entre les trois formations libérales sur le plan économique, en l'occurrence Nidaâ Tounes, Ennahdha et Afek Tounes. Un document confidentiel élaboré par Yassine Brahim et ses compagnons qui a fuité récemment a d'ailleurs présenté les grandes lignes de ce scénario. Baptisé «Entente nationale», ce document précise que le chef du gouvernement ne devrait appartenir ni à Ennahdha, ni à Nidaâ Tounes. L'idéal serait qu'il soit un «technocrate ayant des «connaissances en politique», en allusion au président d'Afek Tounes, Yassine Brahim. Ce jeune politicien de 48 ans diplômé de l'Ecole centrale de Paris en 1992 a occupé le poste de ministre du Transport au sein du gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi en 2011. Auparavant, il a notamment exercé en France pendant huit ans comme ingénieur chef de projet logiciel chez Capgemini, puis comme responsable de l'informatique des salles de marché au sein de la banque française Société générale. En 2000, il a créé sa propre entreprise dans le domaine des nouvelles technologies. Selon le même document, le choix des personnes qui dirigeraient les ministères économiques et sociaux doit être du ressort du Chef du gouvernement. Le président de la République choisirait conformément à la Constitution les ministres des Affaires étrangères et de la Défense. Les ministres de la Justice et de l'Intérieur doivent être désignés par consensus entre les partis alliés. Enfin, la présidence du parlement reviendrait à Ennahdha.